Merason: DAC Frerot et alimentation externe Pow1

Retenez bien ce noms ! Il gagne à être connu

Ce n’est certainement pas un hasard si j’ai évalué plusieurs composants provenant de la Suisse ces derniers mois. J’ai écrit un banc d’essai sur le Tube DAC de Nagra il y a quelques mois et j’ai pu entendre les produits de Wattson et de Merging Technologies. Me voici maintenant devant deux produits de la firme Merason, lesquels forment un ensemble, soit le convertisseur numérique-analogique frerot (DAC) et son alimentation optionnelle pow1 (LPSU). Est-ce que le frerot est une réduction plus terne de son grand frère, le DAC1 ? Découvrons ensemble comment il se comporte dans le monde des grands.
Le fondateur de Merason (plus précisément la société Niedal Audio Lab AG), Daniel Frauchiger a complété ses études en mécanique en 1986 alors que son intérêt pour l’audio date de son enfance. Il était fasciné par la reproduction sonore et a construit une paire d’enceintes acoustiques dans ses moments libres. Ce n’est qu’à l’âge de 45 ans que Daniel Frauchiger s’est intéressé de plus près à l’ingénierie du son en tentant de comprendre pourquoi le numérique ne pouvait rivaliser avec l’analogique. Sa quête visait la musicalité et l’émotion. Il s’est associé avec quelqu’un qui a développé un circuit de convertisseur numérique-analogique. Le développement s’est poursuivi jusqu’à ce que Daniel puisse être aussi satisfait du son qu’il l’était avec des appareils analogiques. Le DAC1 était né et pouvait poursuivre son développement.

Plus tard, le frerot et son alimentation pow1 ont fait leur apparition sur le marché afin d’offrir un produit plus abordable. L’ensemble frerot et pow1 se vend en ce moment à moins que la moitié du prix du DAC1. Les produits de Merason sont créés dans le but de reproduire la musique de la manière la plus pure possible. Sa devise est Moins en donne plus (en anglais, Less is more). Pas de menus complexes, pas de jargon technique, uniquement de la musique pure.

Description technique
Le frerot de Merason est un convertisseur numérique-analogique gris neutre de 2,2 lb avec moins de 23 cm de façade. Il a une entrée USB, deux S / PDIF (RCA) et deux Toslink. Il offre des sorties balancées en XLR et non balancées en RCA. L’avant est très simple, soit un bouton pour choisir l’entrée, un voyant pour indiquer que l’appareil est sous tension et un voyant pour indiquer que la source est active. Très élégant, très compact et bien construit, on reconnaît ici la facture suisse.

Le frerot de Merason supporte les formats numériques PCM uniquement dans les résolutions 24 bits de multiples de 44.1 kHz et 48 kHz jusqu’à 192 kHz. Son cœur est muni d’un seul processeur numérique BurrBrown 1794A, discrete I / V-stage pour les deux canaux droit et gauche.

Déballage et installation
Le convertisseur numérique-analogique frerot de Merason offre plusieurs choix d’entrées, et j’ai choisi l’entrée USB reliée avec un câble Diamond d’Audioquest de haute qualité branché directement à un Mac mini M1 et configuré comme serveur Roon. Le frerot a été branché à l’alimentation pow1 avec le câble fourni par Merason. Lors de sa livraison à mon studio, l’appareil avait déjà été utilisé, et j’ai donc pu faire les connexions facilement et m’installer immédiatement dans mon fauteuil pour profiter de la musique. Je n’ai pas évalué le frérot et le pow1 de Merason séparément. Tout le banc d’essai a été fait avec les deux appareils connectés ensemble.

Impressions d’écoute
L’ensemble vocal Voces8 est l’un des groupes a cappella les plus réputés au monde grâce, principalement, à la qualité de ses interprétations. Comme son nom l’indique, il est composé de huit voix, trois de femmes et cinq d’hommes. Ils présentent principalement de la musique classique, mais il arrive à l’occasion qu’ils interprètent du répertoire de musique populaire.

L’album Lux présente des œuvres fortement en demande pour ce genre de répertoire. La première pièce, Ubi Caritas du compositeur Ola Giello, met la table avec une entrée des sopranos bien nuancée. Aucune confusion dans les voix de femmes. L’acoustique est aérée, et on entend très bien la réverbération de la salle. L’écho ne vient pas miner la musique ni la prononciation des chanteurs. Le frerot livre la marchandise, dès le départ, sur le plan de la musicalité et des émotions. La pièce à 8 voix Lux Aeterna du compositeur Edward Elgar est l’une de mes préférées. Vous pouvez l’entendre sur YouTube si vous avez envie de découvrir cet ensemble. Les voix sont clairement positionnées dans l’image stéréophonique. Le frerot présente un équilibre naturel des voix. Les timbres sont très bien restitués, les sopranos ne sont jamais irritantes. La finale est tout à fait magique avec un atterrissage piano-pianissimo tout en douceur. Dans le Miserere Mei Deus d’Allegri, on remarque clairement que les deux chœurs sont bien éloignés l’un de l’autre. Le fameux contre-ut de la soprano livré par le frerot de Merason ne procure que de l’émotion. Les DAC moins musicaux ont de la difficulté dans cette portion de la partition.

L’album Sacred System de Bill Larswell date de quelques années déjà, mais c’est toujours un plaisir de réentendre ce premier album qui m’a permis de découvrir cet artiste non seulement en concert, mais aussi au fil des différents albums qui ont suivi. Ma première impression du frerot et de son alimentation pow1 de Merason, conclut à une reproduction impressionnante des basses. J’ai même dû réajuster le volume de mon subwoofer pour retrouver l’équilibre dans ma salle d’écoute.

L’autre élément à noter est que le volume est plus élevé que les autres DAC. Je n’ai pas eu à monter le volume aussi haut qu’avec mon DAC habituel pour obtenir le niveau désiré. Donc, très généreux en basses et volume, mais aussi en ce qui a trait à l’image stéréophonique.

Quoi de mieux que d’écouter Bill Laswell pour démontrer ces belles capacités ! Dans la pièce d’introduction, Babylon Ghost, les effets spéciaux, le bruit de verres, les percussions sont fidèlement reproduits sans aucune confusion. Ce qui est intéressant dans la musique drum and bass, c’est que la musique est très rythmée. La basse donne la cadence avec la batterie et les percussions. Bill Laswell et ses musiciens ajoutent des effets électroniques pour compléter la structure des pièces présentées. Encore ici, la musique électronique présente des défis importants à la plupart des DAC, et le frerot tient bien la route et sait offrir le tout avec toute sa musicalité.

La pièce Dread Iternal débute avec la basse bien présente. Le frerot est capable de reproduire les basses fréquences bien précisément et bien généreusement sans créer de confusion quant à l’équilibre des fréquences. La dernière pièce de l’album Sub Terrain est celle qui présente le plus large spectre de dynamique. Le mélange des basses et des aigus n’est jamais embrouillé avec le frerot. Même les distorsions restent musicales. Le frerot et le pow1 reproduisent tous les détails avec une facilité et un équilibre déconcertants.

La 3Symphonie de Camille Saint-Saëns est une pièce bien connue des amateurs d’orgues à tuyaux. On peut aussi l’entendre assez souvent au cinéma, particulièrement le 4e mouvement Maestoso – Allegro. J’ai eu l’occasion d’entendre cette pièce dans la salle de concert de la Maison Symphonique à Montréal. Quel plaisir ! L’album de Reference Recording débute avec la pièce Capriccioso pour violon et orchestre. Cette pièce présente le violon solo bien au centre, juste devant l’orchestre dont l’image dépasse largement les enceintes.

Dans la pièce suivante La muse et le poète, le compositeur ajoute un violoncelle à l’ensemble violon et orchestre. Le son du violoncelle est naturel, tout comme avec les voix de l’album de Voces8. Les timbres sont formidables. Il y a un équilibre sonore entre les instruments. On n’a qu’à fermer les yeux et écouter la musique qui est restituée par le frerot et son alimentation Pow1 de Merason. L’orchestre s’invite dans votre salle d’écoute.

La 3e Symphonie en do mineur Organ débute avec son premier mouvement familier qui met la table pour une partie de plaisir en matière d’écoute musicale. L’orgue fait son apparition plus marquée au 2e mouvement et on est transporté par la musique et l’émotion. La finale avec les cuivres, la grosse caisse et l’orgue qui accompagnent l’orchestre est très réussie. Le frerot et le pow1 de Merason jonglent avec tous ces instruments, dans une allégresse qui nous fait apprécier la qualité de cette composition et de la prise de son par Reference Recording.

Conclusion
Sur le site Internet de la société Merason, vous pouvez voir en ce moment seulement trois produits. Le convertisseur numérique-analogique DAC1, le produit phare de la compagnie, le DAC frerot et l’alimentation (LPSU) pow1. Ces deux derniers sont à l’affiche de ce banc d’essai. Merason préfère offrir des produits de qualité plutôt que de présenter une liste de produits dont la musicalité n’est pas toujours à la hauteur des attentes de son fondateur et des nôtres. Est-ce que le frerot est un sous-produit du fameux DAC1 ? Je n’ai pas entendu le DAC1, mais je peux affirmer que le frerot et son alimentation pow1 sont des produits qui peuvent se comparer à des produits dont le prix de vente est supérieur et dont la notoriété est déjà établie. Le petit frerot est un convertisseur numérique-analogique qui offre des performances très musicales, et l’alimentation pow1 lui permet d’améliorer la musique qui lui est présentée. L’ensemble offre plein d’émotions. Si vous êtes à la recherche d’un DAC en ce moment, vous devez absolument entendre ce que Merason propose. J’ai bien hâte de découvrir ce que cette compagnie mijote pour sa prochaine cuvée.

RENSEIGNEMENTS GÉNÉRAUX
Prix : 2 900 $
Garantie : 3 ans, pièces et main-d’œuvre
Distributeur : Tri-Cell Enterprises,
T. : 905.265.7870,
https://tricellenterprises.com/

Médiagraphie
Lux, Voces8, Universal, B00QHPSRSO,AIFF 24-96
Sacred System, Chapter One: Book of Entrance, Bill Laswell, ROIR, RUSCD 8225, AIFF 16-48
Saint-Saëns: Symphony No. 3 – Organ ; Introduction and Rondo capriccioso; La muse et le poète, Stern-Kansas City Symphony, Reference Recording, RR 136, AIFF 24 / 176