You are currently viewing Rencontre avec Ariane Racicot

Comme l’écrivait si bien le passionné de jazz/écrivain Boris Vian : l’art futur bouillonne dans la marmite. Lors du dernier Festival international de jazz de Montréal, quelle surprise avons-nous eue en première partie du géant/trompettiste Wynton Marsalis. En ouverture, la toute branchée pianiste Ariane Racicot (25 ans) nous présentait ses compositions tirées de son disque Envolée. Révélation de la Société Radio-Canada 2022-2023, cette jeune interprète qui se fit connaître en 2017 avec une reprise de Bohemian Rhaposody (plus de 18 millions de vues sur YouTube) tomba immédiatement dans notre collimateur.

Pour entrer dans le vif du sujet, nous avons inauguré cet entretien avec son Bohemian Rhapsopdy
et bien entendu, son passage remarqué au FIJM.

J’avais tout juste 16 ans lorsque je me suis commise (rires) avec cette reprise. C’est grâce à mon père qui est aussi un grand amateur de jazz. Il m’a suggéré une pièce et j’ai dit pourquoi pas ? Par la suite, j’ai réalisé un vidéo sur le belvédère du Mont-Royal. En somme, une vraie carte postale. Si vous voulez. L’effet fut presque immédiat. Je n’en revenais pas tellement le compteur de vues s’accumulait.

Nous sommes loin du jazz et pourtant. Aurait-elle
pu imaginer que cinq après, elle se retrouverait
à ouvrir le concert du trompettiste Wynton Marsalis.
Jamais de la vie, et ce fut une occasion inespérée. Certes j’étais nerveuse, mais aussi bien consciente que les spectateurs n’étaient pas venus pour moi. J’ai choisi quatre pièces de mon répertoire et nous avons donné le meilleur de nous-même. Un gros début pour une première fois. Je me suis même permis d’aller lui serrer la main après le concert.

Et le jazz dans tout cela ?
J’imagine que dans votre jeunesse, la note bleue
ne faisait pas partie des premières écoutes.
Disons que j’entendais de tout. Encore une fois et grâce à mon père, amateur de jazz, Quand le jazz est là animé Stanley Péan était bien présent. Donc, je me suis fait une oreille à tous les genres. Il y a eu d’abord le cursus classique avec Bach, Mozart, essentiel pour la compréhension du piano ainsi que de toutes les structures musicales. Vers 16 ans, le pianiste Oscar Peterson est entré dans ma vie avec Night Train, puis Chick Corea ; bref, j’ai senti que l’improvisation m’appelait. Sans trop le croire, je savais que je voulais explorer ce monde ; donc, j’ai changé pour ainsi dire mon fusil d’épaule. Deux rencontres furent marquantes. Celle avec le pianiste Simon Denizart, mon premier maître puis l’immense Lorraine Desmarais au Cégep St-Laurent. Un grand professeur qui me faisait travailler la technique patiemment ainsi que l’improvisation. Attentive impeccable, bref, la professeure que je souhaite à tous et à toutes.
Comme je suis quelqu’un de têtu et d’acharné, je focusais sur la musique. Elle donnait un sens à ma vie. Certes, ce ne fut pas facile, mais la voie était tracée. Tout convergeait vers le jazz, j’ai fait un Bac en piano à l’Université sous la direction de Min Rager et en maîtrise, ce sera Jean-Michel Pilc.

Et si nous parlions de la création de votre disque ?
L’envolée est née en 2020 pendant que je faisais mon Bac. En cette période de pandémie, où tout allait au ralenti, nous avions le temps de penser. Ayant des compositions dans mon tiroir : Coffee and Cigarettes, Bicycle Ride et Vertige que j’ai pu tester lors de mon récital de fin d’année, l’idée d’un disque était en gestation. Ce fut court, mais bien. Je travaillais un peu dans l’urgence parce que je savais qu’il y avait matière à réaliser quelque chose d’honnête. J’ai trouvé des complices tel le contrebassiste Antoine Rochefort que je connais depuis des années, puis est venu s’ajouter le batteur Guillaume Picard que j’ai rencontré à l’université.
Sans cultiver l’art trio, j’aime l’unité et les échanges. Tout fonctionne à merveille. Toutes les compositions sont personnelles et le fait de ne pas voir inclus des standards permet de sortir du lot.
L’album a été bien reçu et la saison d’automne s’annonce superbe. Je serais au Dièse Onze (4115 A Saint-Denis) le 1er septembre, au Festijazz de Rimouski le 4 septembre, à la Quinzaine de jazz de Chambly, puis au Upstairs (1254, rue Mackay), le 30 septembre.

Un beau mois de septembre en perspective et bonne route à cette jeune pianiste aux multiples talents.

https://www.arianeracicot.com/