CHEF-D’OOEUVRE ET PIÈCE MAÎTRESSES
Bien avant l’ère de l’industrialisation et de la robotique, les humains se sont partagé des connaissances professionnelles grâce au bouche-à-oreille et au déplacement physique. Dans quelques pays d’Europe, il était coutume d’aller de village en village pour promouvoir une réalisation et devenir un Compagnon du devoir. Si l’on trouve des traces du compagnonnage à partir des bâtisseurs de cathédrales, c’est au XVIIIe siècle qu’il prend un essor très structuré. À cette époque, le seul moyen de communiquer son savoir-faire est de parcourir son pays, en tant qu’Aspirant, durant plusieurs années, afin de présenter ce qu’on appelle son chef-d’œuvre qui deviendra la pièce maîtresse permettant d’accéder au rang de Compagnon du devoir. Ce chef-d’œuvre proposé est souvent la miniature d’une réalisation d’envergure, soit un escalier, un meuble ou l’utilisation de techniques nouvelles en charpenterie, et tiendra lieu d’une sorte de mémoire visant l’obtention de sa Maîtrise. L’Aspirant deviendra alors Maître-ouvrier, Compagnon du Devoir et obtiendra le privilège de statuer sur les réalisations des Aspirants.
Pour cet article, nous sommes bien en présence de deux chefs-d’œuvre proposés par le même distributeur, Kevro Internationnal. Il s’agit de deux pièces maîtresses que je vais vous faire découvrir soit pour la partie électronique, le préamplificateur Michi P5 et son complément, l’amplificateur Michi S5 de Rotel, et pour la partie acoustique, les enceintes Platinium 200 de Monitor Audio.
Les appareils proposés se situent au haut de la gamme de chaque constructeur. Je dirais même qu’ils sont dans une classe à part, une classe qui porte la signature de tout le savoir-faire de ces deux sociétés. Paroxysme de réalisation, paroxysme de construction, paroxysme de confort d’utilisation, et comme vous le lirez, rien ne semble habituel avec ces trois pièces maîtresses.
Le préamplificateur Michi P5
Ce cœur de tout système audio, le préamplificateur, nous est livré dans une mallette en métal, lui assurant un maximum de protection. Le Michi P5 est encastré dans une mousse, alors qu’une enveloppe en tissu noir l’habille. Deux boîtes complètent l’ensemble avec, à l’intérieur, dans l’une, une télécommande aussi élégante que raffinée, une clé USB, des batteries et deux clés étoiles (Torks) permettant d’accéder aux fusibles à l’intérieur du coffret, et dans l’autre, les principaux câbles, secteur, USB, Ethernet, une paire de gants, etc. Le préampli P5 est d’une sobriété exemplaire et, fait à souligner, aucune vis de capot ou de côté ne révèle le montage du coffret. Dessin fluide de cette boîte métallique aux bords savamment arrondis, de couleur anthracite, magnifique, qui ne laisse absolument rien transparaître de ses possibilités multiples. Pour terminer la description extérieure du P5, je remarque que les côtés, qui reprennent la partie refroidissement du Michi S5, ne ressemblent pas aux refroidisseurs habituels souvent constitués d’ailettes, alors que dans ce cas-ci, on a affaire plutôt à un tube plat qui forme une sorte de cheminée de part et d’autre de chaque coffret. La face avant du P5 est en verre ce qui donne indéniablement un aspect élégant à cette grande réalisation. Deux boutons rotatifs, assez gros, mais tout de même discrets, assument les rôles de contrôle de volume et de sélection des entrées. Une large fenêtre de visualisation permet de lire les différents réglages et les programmations très nombreuses. La luminosité de cet écran peut être réglée pouvant aller jusqu’à disparaître au moment que vous choisirez.
Quant aux possibilités de connexions, elles sont complètes et généreuses, tant sur le plan analogique que numérique. Entrées et sorties asymétriques RCA, entrées et sorties symétriques XLR, circuit phono intégré accommodant des cartouches à aimant mobile (MM) ou à bobine mobile (MC), double-convertisseur analogique-numérique AKM Premium 32 bits / 768 kHz, le très haut de gamme des puces de conversion actuelles (AKM pour Asahi Kasei Microdevices), Bluetooth avec Apt-X et AAC, compatibilité avec le format MQA – Master Quality Authenticated, permettant de profiter des fichiers avec le son de l’enregistrement maître. Tout est prévu pour aujourd’hui et pour demain. Le P5 possède donc son propre amplificateur de casque, une prise à cet effet étant disponible. En ce qui a trait aux réglages moins conventionnels, certains diront inattendus, Rotel propose les possibilités de réglages graves, aigus et de balance. Dans certains cas, ces réglages peuvent s’avérer judicieux, car lorsqu’on a tout essayé, placement rigoureux des enceintes, amortissement et configuration des meubles et autres objets se trouvant dans la salle d’écoute, il reste ce petit plus que permettent ces réglages qui peuvent être complémentaires, surtout si une forte puissance est utilisée et si la pièce est de grande dimension.
La technologie mise en œuvre dans le P5 est celle de type classe A, ne comportant pas moins de 17 étages de régulations autonomes alimentés par deux transfos toroïdaux. L’alimentation double mono de ce préampli P5 est digne d’un amplificateur de puissance tant ses possibilités sont surdimensionnées. Un appareil conçu en double mono, cela signifie que les seules pièces communes seront la prise d’arrivée du secteur (notre 120 V) et l’interrupteur principal (situé à l’arrière de l’appareil) et, donc, que ce préampli sera véritablement un double mono, avec le canal droit totalement indépendant du gauche. Une fois le capot supérieur retiré, j’admire les pièces électroniques alignées comme à la parade. Rigueur et logique, choix exceptionnel des composants, travail d’orfèvre, limpidité de disposition, tout va concourir à un résultat qui inspire une totale confiance. Nous sommes en présence d’une réalisation remarquable, d’une œuvre de Maître.