Le nouvel abum en magasin le 22 novembre

[singlepic id=78 w=270 h=271 float=left]Montréal, novembre 2011 – Meshell a changé. Sa musique aussi. Plus apaisée, plus libérée. En cet automne, Weather, son nouvel album, emprunte les lumières de cette saison où les demi-teintes prédominent. L’artiste a décidé de se laisser porter par ses sentiments. Meshell n’a jamais craint de délivrer des impressions intimes, avec des termes explicites ou imagés. En cela, elle est restée fidèle à elle-même. Mais le climat folk et les mélodies acoustiques en suspension de Weather la rendent plus abordable.

«J’ai longtemps été en bataille avec les autres. Je me braquais, je me battais. Aujourd’hui, c’est fini. J’ai mes opinions, mais je ne suis plus en conflit avec le reste de la Terre», dit-elle. Sur Weather, Meshell pose sa voix habituellement grave dans un registre proche du murmure et de la confidence, sur des thèmes limpides, presque légers. Son écriture, quasi pop, s’est épurée. «J’ai commencé à aborder cet album à la guitare. Cela se ressent. Le résultat final est plus doux.»

La chanteuse a également accepté de mettre son sort entre les mains d’un producteur, Joe Henry (Ani DiFranco, Bettye Lavette, Allen Toussaint), qui lui a révélé une autre facette d’elle-même… et Meshell s’est laissée faire. «Je le connais depuis l’album Bitter. Craig Street me l’avait présenté. Je n’avais plus fait appel à un regard extérieur depuis longtemps mais, contrairement à ce que l’on croit, j’adore avoir un autre avis et me laisser guider par une forte personnalité. Ce genre d’expérience me motive.» On l’imaginait arc-boutée sur ses écrits et sur son monde. Elle dit au contraire qu’elle désire poursuivre avec de futures collaborations. Elle évoque Brian Eno, Lee Scratch Perry…

Avec Joe Henry, elle a travaillé comme elle aime, en deux ou trois prises, pour garder la spontanéité de l’instant. Elle est entourée de Chris Bruce (guitare), Deantoni Parks (batterie), Keefus Ciancia (claviers), Gabe Noel (violoncelle), avec Jay Bellerose (batterie) et Benji Hughes (choeur) en invités. Récemment, Meshell a elle-même occupé le poste de productrice: pour la chanteuse jazz Laïka Fatien et pour la révélation Selah Sue. Le jazz, malgré la couleur pop-folk de Weather, reste une source d’inspiration majeure. «Dans la pop, il y a des cloisons, des retenues. Il faut respecter les formats. Les jazzmen, même dans leur vie quotidienne, acceptent l’incertitude et l’aventure.»

Sur Weather, Meshell aborde les méandres de la relation amoureuse. L’un de ses thèmes de prédilection. Ses héroïnes sont marquées par le vide laissé par l’être aimé (Objects) ou au contraire, comme dans un jeu de miroirs, s’épanchent sur le mal fait aux autres. Elle reprend Chelsea Hotel de Leonard Cohen et Don’t Take My Kindness For Weakness des Soul Children, un groupe soul des années soixante-dix dont elle s’est totalement réapproprié le message. Ses textes à elle sont courts. Précis et poétiques «Ce sont comme des mantras. Je jette quelques phrases, puis j’ajoute la musique.» Le monde, il en est question aussi. Oysters, par exemple, évoque «le changement dont tout le monde parle, mais qui ne vient pas». Meshell explique: «On ne vit que pour une nouvelle voiture, pour un nouvel ordinateur… À quoi bon?»

La politique, elle s’en méfie. Elle a cru en Barack Obama. Elle se rend compte «qu’il n’est pas si enclin au progrès qu’elle l’aurait souhaité, qu’il n’a pas tant de pouvoir qu’elle l’imaginait.» Elle n’est pas désabusée pour autant; ses enfants sont sa source de joie. Elle en parle avec douceur, comme de sa compagne, qui a «fait beaucoup pour son équilibre».

Meshell a connu le succès, avec des débuts électriques, entre hip hop, funk et rock (Plantation Lullabies en 1993, Peace Beyond Passion en 1996) pour ensuite bifurquer vers des projets plus imprévisibles. Pour autant, cette excitation initiale ne lui manque pas. «La musique est mon seul guide. Je ne me soucie pas des étiquettes. Miles Davis est mon héros. Il reprenait Cindy Lauper ou Michael Jackson et se moquait de ce que pouvaient dire les puristes.» Sur Chance, elle chante d’ailleurs son envie de suivre toujours la même ligne de conduite: incertaine et risquée. «Je sais très bien que certaines de mes chansons plairont, d’autres moins. Raison de plus pour être en harmonie avec mes idées…»

http://www.meshell.com/