Par Alain Jardel
FLEET FOXES
Fleet Foxes  Sub Pop (SP777)
Ce nom ne vous dit probablement rien, mais attention, car le premier album des Fleet Foxes risque d’en surprendre plus d’un, et ce, avec d’excellentes compositions aux harmonies surprenantes.

Signé sur l’étiquette qui nous a permis de découvrir un certain Nirvana, Sub Pop, Fleet Foxes s’est formé en 2006 grâce au guitariste-chanteur Rubin Pecknold et quatre autres musiciens. Après plusieurs mois de répétition, le groupe part en tournée, faisant bonne impression partout où il joue. Devenu le favori des critiques de la scène indépendante, Fleet Foxes sort son premier album en 2008, produit par le réalisateur Phil Ek, qui a aussi travaillé avec The Shins.

Passons maintenant au style du groupe. Pas évident à première écoute… Un mélange de folk britannique à la Fairport Convention, de musique baroque et de rock des années 1970, genre Crosby, Stills, Nash and Young et des influences on ne peut plus Led Zep. Cela fait aussi très Laiback sur les deux faces, avec ce petit côté terre-à-terre.

Une grande découverte, quoi ! Magique et chaleureux à souhait, avec une pochette splendide. Un nom à retenir, compris ? !

MILES DAVIS
Kind of Blue
Il était temps que je parle de ce disque, non ! Mais, par où commencer ? Cet album, que je considère comme le plus grand disque de jazz de tous les temps, et je ne suis pas le seul à le penser, est un indispensable et un incontournable pour tout mélomane. Pourquoi ? Parce que lorsque vous l’écoutez la première fois, vous en devenez accroc pour la vie.

Voyons maintenant pourquoi il est toujours aussi populaire depuis 50 ans. Paru le 17 août 1959, il a fallu environ deux mois pour enregistrer Kind of Blue. Miles avait commencé à concocter ce disque au début de 1958, étant un peu fatigué du son be-bop de l’époque qu’il trouvait redondant et compliqué pour rien. Il va alors à la recherche de musiciens prêts à le suivre dans son projet. Il s’entoure donc de John Coltrane, au saxophone ténor, de Paul Chambers, à la contre-basse, de Wynton Kelly et de Bill Evans, au piano, de Cannonball Adderly, au saxophone alto et de Jimmy Cobb à la batterie. En passant, Cobb est le seul survivant de la session.

Au sortir de l’album, les critiques sont unanimes et crient au génie. Faut dire que Miles, alors âgé de 33 ans, a été très influencé par George Russell et Gunther Schuller, les pionniers de ce qu’on a appelé le jazz modal, qui laisse beaucoup de place à l’improvisation ; d’ailleurs, la pièce So What en est un bon exemple avec son intro aux influences classiques, le piano en particulier. Ce morceau d’anthologie de 9 min et 22 s hantera vos oreilles pour le reste de vos jours. Miles soufflait dans sa trompette d’une façon sublime, dont lui seul avait le secret. Que dire de So What, sinon qu’il s’agit de la porte d’entrée du jazz, rien de moins ? ! Les autres pièces sont toutes devenues des classiques, telles que All Blues et Flamenco Sketches, le seul morceau enregistré en deux prises, le tout, sous la direction du génial Teo Macero (décédé en 2008) à la console, le même qui a travaillé avec Mingus, Getz, Ellington et Brubeck (Take Five).

Ce disque demeure le plus grand vendeur de l’histoire du jazz. Il n’est donc pas surprenant que Columbia célèbre de façon spéciale le cinquantième anniversaire de la parution de cet album. On a donc mis sur le marché un superbe coffret souvenir incluant le disque vinyle, avec la pochette originale, un livre magnifique, deux disques compacts avec plein de pièces en extra, un documentaire très bien réalisé, et j’en passe. Le seul hic, c’est le prix, qui avoisine les 100 $ et plus. Je vous conseille donc de magasiner un peu avant de l’acheter. Bonne écoute ! Et merci, Miles, pour cet opus éternel.

Les anecdotes, vous aimez ? Eh bien en voilà quelques-unes : Red Garland était supposé jouer du piano. Gil Evans aurait composé l’intro de So What, ce qui serait faux d’après Miles. Philly Joe Jones devait y jouer de la batterie. Impressions de Coltrane a été composée sur la même grille que So What. À propos du jazz modal, Miles disait que si Charlie Parker était encore en vie, ce truc le tuerait. Pendant la première tournée de Pink Floyd, les membres du groupe n’écoutaient que ce disque. À cette époque, Miles est tombé en amour avec le folklore espagnol et Ravel. L’album a été enregistré dans une ancienne église à New York. L’écoutant tous les matins en se levant, Quincy Jones disait que c’était son jus d’orange.

THE DOORS
The Doors  Vinyl Box (RHII 74881) 180 g
Comment parler des Doors sans tomber dans la redite et les clichés ? Ne semble-t-il pas qu’on ait tout entendu à leur sujet ? Eh bien, il semble que non, puisqu’on n’a pas entendu ces rééditions de luxe des six premiers albums du groupe, ceux avec Morrison (les autres par la suite, oubliez ça), avec les bandes stéréo d’origine et sur vinyle haut de gamme avec ça !

Quel plaisir de réentendre Light My Fire, When The Music’s Over, Riders On The Storm ou, ma préférée, Peace Frog. C’est qu’avec RhinoVinyl, nous sommes assurés d’avoir toujours la plus grande qualité, et pas seulement en ce qui concerne le son, mais aussi avec les pochettes des albums et la présentation générale du coffret.

Bruce Botnick, le producteur du groupe, a mis presque un an à nettoyer les bandes originales avec l’aide du réputé ingénieur de son Bernie Grundman, qui utilise ici une console à lampes.

Évidemment, ce majestueux coffret coûte un peu cher. Il vaut peut-être la peine de magasiner un peu pour le trouver au meilleur prix. Mais quel résultat fabuleux, et ce, à tous les niveaux ! Alors, faites vite car il est offert en édition très limitée. D’ailleurs, le boîtier est couvert de tissu imitation lézard (tiens, tiens…) et contient aussi le premier album en version mono. Félicitations donc, pour ce travail remarquable ! Et This Is The End.

Voilà, c’est tout pour cette année. Un merci spécial à Franco, Lucie, Guy, Mario et Geneviève pour leur collaboration, et surtout à ceux qui prennent le temps de me lire. Revenez en santé en 2010 et passez de belles fêtes ! À l’année prochaine.