Le fabricant de câbles Bis Audio est très connu des audiophiles québécois puisque ses activités remontent au début des années 90, alors que l’entreprise était spécialisée dans la réparation et la remise à neuf d’appareils Hi-Fi. Comme le propriétaire Bernard Brien s’était déjà fait connaître dans le domaine des câbles spécialisés qu’il fabriquait pour la marque Quad, c’est autour de 2004 qu’il décida de se consacrer uniquement dans la fabrication de câbles audio. Depuis, il bénéficie d’une bonne visibilité en participant à différents évènements, expositions et présentations en haute fidélité au Québec. Ses produits ont obtenu de bonnes critiques de la part de la presse spécialisée autant canadienne qu’américaine. Pour ce banc d’essai, on m’a fourni un ensemble complet de câbles allant des interconnexions jusqu’aux câbles d’enceintes, en passant par les câbles pour le secteur 115 volts et une barre d’alimentation à six prises.
Câbler ou ne pas câbler, voilà la question
S’il y a un sujet qui divise les avis, c’est bien celui des câbles spécialisés pour la haute fidélité. Certains trouvent qu’il ne vaut pas la peine d’investir dans ce type d’équipement alors que d’autres vont à l’opposé y engloutir des sommes faramineuses. Où se trouve la vérité ? Difficile d’y répondre car bon nombre de facteurs peuvent influencer notre jugement lors de l’évaluation de tels équipements. Plusieurs fabricants de câbles recommandent des dizaines, voire des centaines d’heures de rodage pour leurs produits avant de se faire une idée précise de leur sonorité. Encore un sujet qui sème la controverse, mais ces derniers doivent sûrement avoir leurs raisons de recommander une telle pratique.
Un fabricant réputé comme Cardas affirme même que de brancher et débrancher à tour de rôle des câbles pour fin de comparaison peut affecter leur sonorité. Cette affirmation repose sur le fait que des matériaux synthétiques, comme le silicone, sont souvent utilisés comme isolant diélectrique pour couvrir les fils de cuivre et / ou d’argent. Toujours selon Cardas, ces matériaux accumuleraient une charge électrique un peu à la manière du statique qui s’accumule par frottement dans un tapis de fibre synthétique. Cette charge infime va notamment varier, selon que l’on manipule plus ou moins les câbles, et prendre un certain temps avant de se stabiliser. Ce faisant, cette charge permettrait aux câbles de donner leur plein rendement et l’on préconise alors de les laisser branchés et sans manipulation pendant une bonne période de temps avant de les évaluer. On est libre de croire ou non à cette théorie mais, quoiqu’il en soit, mes expériences m’amènent à penser qu’il y a un certain fondement dans cette avancée de Georges Cardas. Il m’est souvent arrivé de faire la commutation rapide entre deux ou trois modèles de câbles d’interconnexions pour les comparer, pour ensuite éprouver de la difficulté à percevoir les différences. Pour moi, la meilleure façon d’évaluer des câbles c’est de vivre une bonne période de temps avec, puis de remettre les anciens pour vraiment bien discerner les différences entre les marques ou les modèles. Heureusement dans le cas des produits Bis Audio, j’ai pu bénéficier d’une période de plusieurs semaines pour les écouter et m’acclimater à leur sonorité, si sonorité il y a.
La philosophie derrière les produits Bis Audio
Les éléments qui m’ont été fournis par Bis Audio font tous partie de la série Maestro qui représente le haut de gamme de ce fabricant. Des versions plus abordables de ces produits sont disponibles, mais avec le même souci de qualité de fabrication. On peut même les commander sur mesure ou avec des connecteurs qui s’adaptent à vos besoins particuliers. Comme la fabrication de tous ces produits est effectuée minutieusement par Bernard Brien lui-même dans son atelier à Laval, certains éléments ont même été fabriqués spécialement pour ce banc d’essai. Selon monsieur Brien, ces câbles nécessitent quelques centaines d’heures de rodage sans les débrancher avant qu’ils ne donnent leur maximum de performance. Malgré cela, quelques dizaines d’heures peuvent suffire à donner une bonne idée de leur potentiel.
Tous les produits Bis Audio sont fabriqués avec des matériaux et des pièces de qualité, tels que du fil de cuivre pur recouvert d’argent. Selon les dires de Bernard Brien, ces derniers seraient de grade militaire et utilisés dans l’aéronautique. Lors de la fabrication de ces câbles, l’assemblage des fils respecte le sens dans lequel ils ont été extrudés en usine, lesquels sont orientés par rapport aux sens au sein desquels le signal audio va transiter. Les prises RCA et bananes proviennent du fabricant Eichmann reconnu pour son concept de prises Bullet Plug. L’idée derrière ce concept est d’avoir un trajet du signal le plus pur possible avec des masses optimales et semblables pour les connecteurs négatifs et positifs. Selon le fabricant Eichmann, cette technique de construction, qui n’utilise que très peu de métal, permet de s’affranchir des pertes de signal produites par ce qu’on appelle l’effet eddy current ou si vous préférez en français, le courant de Foucault.
Dans le cas de la barre d’alimentation Maestro, aucun élément perturbateur, tel que des diodes lumineuses ou des éléments de protection de surcharge, n’est utilisé. Il y a bien quelques éléments de filtration qui y sont insérés, mais de façon parallèle et non directement sur le circuit d’alimentation des prises duplex. Ces prises duplex ainsi que les fiches de connexions sur les câbles d’alimentation sont de marque Wattgate, un fabricant américain reconnu pour la qualité de ses contacts électriques. Le tout est contenu dans un solide boîtier d’aluminium et, bien entendu, figé à l’aide d’un matériau amortissant. Donc le montage et la finition des produits Bis Audio n’appellent aucune critique tout en étant d’une sobriété bienvenue dans un salon. Que du travail bien fait par l’un de nos meilleurs artisans. Vous trouverez la liste du matériel envoyé et les prix de détail pour chacun des éléments à la fin de cet article.
Méthode d’évaluation
Pour ce banc d’essai, j’ai décidé de brancher l’ensemble au complet, puis de vivre avec pendant quelques jours pour me familiariser avec sa sonorité. J’estime qu’en procédant ainsi, je m’évite un méli-mélo d’écoutes successives qui, plus souvent qu’autrement, provoquent davantage de confusion qu’autre chose. Les composantes haute-fidélité utilisées pour ce banc d’essai sont l’amplificateur intégré Masterclass IA4 de Sugden et son compagnon tout désigné, le nouveau lecteur CD/DAC Masterclass PDT-4F de Sugden. Entre ces deux composantes, j’ai priorisé la connectique symétrique sur prises XLR qui m’a semblée supérieure avec les câbles Maestro. Des câbles numériques coaxiaux Maestro m’ont été fournis pour être utilisés sur des appareils comme un lecteur CD 3010s d’Exposure, un DAC/USB Chordette QuteHD et un DAC / récepteur Bluetooth de Mass Fidelity. Bien entendu, mes fidèles enceintes Super HL5 d’Harbeth sont celles dont je me suis servi, reliées à l’amplificateur par de nouveaux câbles Vivat. Après une bonne période de vie commune avec les câbles Bis Audio, j’ai introduis la barre d’alimentation Maestro avec son câble dédié AC20 WG. La dernière étape fut de réécouter les câbles d’alimentation Maestro sans la barre d’alimentation. Cette procédure m’a permis de confirmer en bonne partie mes observations.
Au «fil» de mes écoutes
Mon premier constat est que par rapport à mes câbles habituels, l’ensemble Maestro projette un peu moins vers l’avant le médium et le bas médium. Ceci se traduit par un très léger retrait de l’image stéréophonique qui, tout en gardant une bonne aération en largeur, nous fait gagner en perception sur le plan de la profondeur. Je remarque aussi un certain dégraissement du bas du spectre qui rend les notes basses plus précises et mieux détourées. Dans les hautes fréquences et le médium, les câbles Bis Audio sont tout, sauf agressifs. N’espérez pas d’eux qu’ils vous ajoutent de la brillance ou une fausse présence car ils sont calibrés pour la transparence, mais pas au détriment d’une hyper définition qui vous assène le message au visage. En conséquence, ils rendent les mauvais enregistrements un peu plus supportables.
Mon second constat fut de percevoir une amélioration graduelle de la sonorité au fur et à mesure que les heures d’écoute s’accumulaient. Est-ce dû à une acclimatation de mes oreilles à la sonorité Bis Audio ou ai-je bien été témoin d’un réel bénéfice pendant la période de rodage ? Quoiqu’il en soit, je peux vous confirmer que les basses fréquences sont devenues plus déliées avec le temps et que l’image stéréophonique s’est subtilement élargie. Pour ce qui est du respect des timbres des instruments, rien à redire puisque j’ai pu écouter ma chaîne haute-fidélité dans toute sa prestance et sa musicalité. Tous les menus détails des enregistrements sont présents et parfaitement positionnés dans une image stéréophonique qui se forme un peu plus vers l’arrière des enceintes que vers l’avant. Les extrémités du spectre ne semblent pas souffrir d’aucune limitation apparente avec des basses bien tendues et des hautes chatoyantes. Les câbles Bis Audio sont-ils neutres ou transparents ou les deux à la fois ? Pour ma part, j’estime que ces derniers vous permettent d’écouter vos composantes sans les dénaturer, ce qui constitue selon moi un très beau compliment à leur égard. Dans ce sens, il me semble inutile de vous décrire toute la musique que j’ai utilisée pour ce banc d’essai car je me trouverais à refaire l’analyse de l’ensemble Masterclass de Sugden déjà testé dans ce magazine. À bien y penser, la fonction d’un bon câble d’interconnexion n’est-elle pas justement de ne rien vous cacher en vous laissant percevoir la vraie personnalité de votre chaîne Hi-Fi ou des éléments qui la composent ?
Mon dernier constat s’est effectué en branchant tous les appareils dans la barre d’alimentation Maestro. Je m’attendais à une légère perte de dynamique, étant donné que tout le courant demandé par l’amplificateur et le lecteur CD passe par un seul cordon d’alimentation et des prises duplex additionnelles mais, à ma grande stupéfaction, ce ne fut pas le cas. Un fait pour le moins surprenant, si l’on considère que l’intégré Masterclass IA4 consomme à lui seul plus de 300 watts au travail comme au repos. Au contraire, la dynamique ne change pratiquement pas et on gagne subtilement en douceur, en naturel des instruments et en ouverture de l’image stéréophonique. Est-ce grâce au système de filtration en parallèle, à la qualité de contacts électriques des prises Wattgate, au blindage des câbles d’alimentation ou à tous ces éléments à la fois ? Je ne saurais véritablement le dire car le secret est bien gardé quant aux ingrédients utilisés dans cette barre Maestro. J’ai donc choisi d’effectuer la majeure partie de mes écoutes avec tous les appareils branchés à la barre d’alimentation Maestro étant donné qu’aucune dégradation n’a été constatée, bien au contraire. Toujours selon le manufacturier, les nouveaux câbles Vivat pour relier les enceintes sont supposément supérieurs aux Maestro. N’ayant pas de câbles de ce modèle sous la main pendant ce banc d’essai, je n’ai pas pu vérifier cette information mais je peux vous assurer que même en les utilisant seuls sur ma chaîne stéréophonique, je constate une amélioration en clarté et en précision du message. Ce qui, à mon avis, donne une bonne indication des améliorations que pourrait apporter chaque élément Bis Audio ajouté à votre chaîne haute-fidélité.
Conclusion
Dans le milieu spécialisé de la haute fidélité, on entend souvent dire que chaque marque de câble «audiophile» possède sa propre signature sonore. Si bien, qu’on les utilise souvent pour corriger subtilement la balance tonale d’une électronique plus ou moins typée. Selon mes expériences, la neutralité absolue en audio n’existe pas. Par contre, j’estime que les produits Bis Audio possèdent un niveau de transparence qui leur permet de s’effacer pour laisser s’exprimer en toute liberté vos appareils haute-fidélité. Par rapport à mon ensemble de câbles habituel, l’ensemble Bis Audio me fait gagner en précision, en définition et en naturel des timbres. Ces changements sont certes subtils, mais tout de même bien présents et facilement perceptibles.
Dans un marché de câbles spécialisés où les prix vont de quelques dollars à des sommes stratosphériques, la série Maestro n’est pas la plus chère ni la plus économique, mais sa fabrication soignée par un de nos meilleurs artisans de l’audio justifie amplement l’investissement. Ayant pour ma part déjà été exposé à des câbles dans toutes les gammes de prix, je considère que les produits Bis Audio se positionnent avantageusement autant sur le plan de leur compétence que de leurs prix de détail. Leur balance tonale relativement neutre devrait en principe les rendre compatibles avec la plupart des marques d’électronique sur le marché. Personnellement, je n’ai aucune hésitation à recommander les produits Bis Audio et je dirais même plus, si vous aimez leurs câbles de liaison, pourquoi ne pas utiliser toute la gamme de leurs produits ? De cette façon, vous faciliterez votre processus d’achat en vous constituant un ensemble à un coût raisonnable et avec une signature sonore homogène.
Renseignements généraux:
Les câbles de liaison
Câble RCA-RCA de 1,5 mètre Digital Maestro 400$
Câble RCA-BNC de 1,5 mètre Digital Maestro 400$
Une paire de câbles symétriques sur prises XLR de 1 mètre Maestro 750$
Une paire de câbles asymétriques sur prises RCA de 1 mètre Maestro750$
Les câbles et accessoires d’alimentation
Deux câbles d’alimentation AC20 WG de 1,8 mètre: 750$ chacun
Câble d’alimentation pour l’amplificateur de 1,8 mètre Maestro : 1200$:
Une barre d’alimentation à six sorties Power Bis Maestro : 900$
Câbles enceintes
Une paire de câbles d’enceintes de 8 pieds à terminaisons doubles modèle Vivat : 1 552$ la paire
Fabricant et distributeur :
Bis Audio
Tél. : 450.663.6137,
www.bisaudio.com