Thick as a Brick 2

Quarante ans après la sortie de l’album culte thick as a Brick, Ian Anderson a eu l’étrange idée de donner suite à ce qui est considéré par plusieurs comme le meilleur album de rock pro- gressif de tous les temps ; celui-là même qui hanta notre lointaine jeunesse. thick as a Brick 2, c’est le titre choisi, repose sur un concept assis sur la question suivante : « Qu’est devenu Gerald Bostock ? », ce jeune écrivain lauréat qui servit de thème au fameux chef-d’œuvre que bon nombre de gens de ma génération ont pratiquement appris par cœur. Par ailleurs, si cette entreprise improbable génère autant d’attention, c’est d’avantage pour la curiosité suscitée par le contenu musical de l’œuvre que par la destinée de Gerald Bostock, qui ne semble préoccuper personne, dont Martin Barre le mythique guitariste du groupe, à un point tel qu’il a refusé de participer au projet, même s’il est officiellement encore membre de Jethro Tull.

C’est donc dans le cadre d’un album solo et avec ses musiciens de tournée que Ian Anderson devra poursuivre cette saga. Notre ingénieux flutiste compositeur et homme d’affaires averti ne renoncera toutefois pas au nom de la formation en utilisant habilement l’appellation « Jethro Tull’s Ian Anderson », afin d’un côté affirmer son autorité, et surtout pouvoir inscrire le nom béni sur la pochette du disque. Au-delà des considérations d’ordre marketing, il y a bien sûr la musique que l’on scrute avec deux paires d’oreilles ; celles d’il y a quarante ans : « comment se compare cet opus à l’original ? », et celles d’aujourd’hui : « comment se compare cette musique de ‘old timers’ avec celle des jeunes groupes actuels ? »

D’entrée de jeu, di- sons que thick as a Brick 2 est un album intéressant qui risque de rappeler plein de bons souvenirs. On comprendra qu’il serait naïf d’espérer un monument semblable à celui qui servit de modèle, toutefois, le produit est d’une honnêteté exemplaire même si les « prétentions progressives annoncées » ne sont pas toujours au rendez-vous. Le concept est divisé en 17 courtes scénettes qui possèdent toutes un thème faisant intervenir les nombreux styles musicaux dont s’est servi l’artiste pendant toutes ces années (folk, rock, ballades, médiéval, etc.).

Le tout est relié par une base progressive traditionnelle qui propose son lot de passages rythmés, de mélodies accrocheuses, d’envolées à la flûte traversière et d’harmonies audacieuses. L’équipe de musiciens réussit assez bien à reproduire le son d’antan, bien que personne ne soit dupe ; on constate rapidement l’absence de Martin Barre et de John Evans. Seule ombre au ta- bleau ; le recours à des éléments de l’œuvre originale qui, après 40 ans, semblent plutôt hors contexte. thick as a Brick 2 est une plaisante et intéressante curiosité, mais dont la musique d’une autre époque et la pochette reproduisant encore une fois le « Journal de St-Cleve » ne s’adressent qu’à une génération bien précise d’inconditionnels du groupe, qui pourront le temps d’un soupir se remémorer des plaisirs hélas trop lointains !

http://www.jtull.com/