<!--:fr-->En guise d’éditorial… Le SSI 2015 <!--:-->

Un retour sur l’évènement et son pronostic d’avenir

opinion_michelPar Michel Dallaire

Les temps sont durs pour le marché de la consommation. Techniquement l’Amérique du Nord n’est plus en récession mais les consommateurs de la classe moyenne semblent être demeurés frileux et prudents dans leurs achats. Il faut dire que c’est cette classe de la société qui est la plus affectée par les différentes hausses de taxes et les coupures gouvernementales. Les déboires des grandes surfaces au Canada comme Target, Future Shop ou même certaines grandes chaînes dans le domaine du vêtement sont probablement la résultante de cette frilosité du consommateur. Au moment d’écrire ces lignes nous apprenons que le Cirque du Soleil, notre fierté nationale, est à vendre. Est-ce un signe des temps et va-t-il passer à des mains étrangères comme ce fut le cas pour l’Alcan qui est devenue la possession du groupe Rio Tinto?

Du côté de la haute fidélité les choses sont différentes mais il y a eu là aussi des acquisitions et des relocalisations de production à l’étranger. Il y a également des signes qui nous inquiètent comme par exemple le fait que depuis quelques années les salons de la haute fidélité de partout dans le monde éprouvent certaines difficultés. Le Salon du Son et de l’Image de Montréal n’échappe pas à cette réalité et sans vouloir jeter le blâme sur qui que ce soit, depuis que le SSI est passé à des intérêts étrangers comme le Groupe Chester, les choses ne se sont pas forcément améliorées. Ce salon voit graduellement sa taille diminuer d’année en année. Est-ce dû aux coûts de location des espaces qui sont devenus trop élevés par rapport aux chiffres d’affaires des fabricants et des commerçants qui ne sont pas au rendez-vous? Ajoutez à cela l’augmentation du magasinage et des achats par internet, ce qui met plus particulièrement en péril les propriétaires de boutiques spécialisées qui ont pignon sur rue.

Quoi qu’il en soit, force nous est de reconnaître que l’édition 2015 du SSI était encore plus réduite cette année en raison de certains exposants d’importance qui ont décidé pour des raisons qui leur appartiennent, de ne pas y participer. Mais même si au moment d’écrire ces lignes les chiffres d’achalandage n’étaient pas encore disponibles, il nous a semblé que l’assistance était bonne ou du moins équivalente à l’année dernière si ce n’est pas légèrement supérieure. Mais le signe le plus encourageant était de voir des jeunes femmes et jeunes hommes dans la vingtaine ou la trentaine, côtoyer les têtes grises des « baby boomers« . Ces audiophiles en devenir semblent être attirés par deux tendances, le retour du vinyle comme support musical et la recrudescence de l’écoute aux casque mais avec du matériel capable de lire la musique dématérialisée en haute résolution. On note également une certaine relève du côté des distributeurs et revendeurs de matériel haute fidélité. Voilà un signe des temps qui nous semble prometteur pour l’avenir de notre industrie. Mais de façon générale, pour que la haute fidélité regagne ses lettres de noblesse auprès de la population, il faudra que cette industrie se repositionne par rapport à de nouvelles générations de clientèle. Pour ce faire il nous apparaît nécessaire que les intervenants du domaine de l’audio réévaluent leurs pratiques commerciales et leurs canaux de communication afin de pouvoir atteindre et accueillir ces nouveaux arrivants dans le monde de la vraie haute fidélité. Il en va de l’avenir de notre l’industrie.

Pour ce qui est du SSI de Montréal, nous croyons qu’il demeure et de loin, un des meilleurs moyens pour remplir cette mission mais encore faudra-t-il repenser sa structure afin de l’adapter à une clientèle émergeante ainsi qu’à de nouveaux impératifs économiques. Ce type d’évènement n’est peut-être pas rentable en terme de profits immédiats mais il ne peut qu’être bénéfique pour toute l’industrie de la haute fidélité. Pour atteindre les objectifs d’un tel salon et assurer sa pérennité, il faut bien sûr que tous les intervenants du milieu s’y impliquent et le voient comme un investissement à long terme plutôt qu’une dépense en pure perte. Malgré certains volets du salon qui lui donnent quelque peu un aspect « vendeurs du temple », nous croyons que le SSI a aussi une vocation d’éducation à faire auprès du public. Seule l’exposition à du matériel de qualité peut garantir l’initiation du public à la bonne sonorité. Au fil des années nous avons pu constater que certains exposants prenaient cette vocation à cœur et s’y acquittaient avec passion et tout le professionnalisme qu’on leur reconnait. Nous tenons à les en remercier ainsi que tous les organisateurs locaux qui ont travaillé corps et âmes pour la tenue de cet évènement annuel tant attendu. Notre vœu est que le SSI poursuive sa carrière avec assiduité et il est de notre responsabilité à tous de se le réapproprier et de faire en sorte qu’il demeure un de nos fleurons commercial et culturel dans une certaine mesure.