Si on avait besoin d’une cinquième saison

Si le mot « Harmonium » représente un instrument inventé en France au tournant de 1840, il évoque surtout un groupe légendaire qui a profondément marqué l’histoire de la musique au Québec. Quelle brillante idée de Classic Reissues que celle de faire renaître, sous la forme d’un vinyle 180 grammes, le formidable Si on avait besoin d’une cinquième saison. Ce disque, inoubliable, sorti au printemps 1975, comportait entre autres la chanson Dixie, qui sera rapidement adoptée par les stations de radio. Le succès foudroyant de cette pièce aura un impact considérable sur la destinée du groupe Harmonium.

Le hic est que Dixie, malgré son lien de parenté avec le premier album du groupe, ne reflète pas vraiment le contenu musical de ce LP. En effet, dans ce deuxième opus, Fiori et sa bande nous entraînent carrément dans un son plus progressif. À l’origine, le disque lancé sous l’étiquette Célébration dure 42 minutes et comprend cinq morceaux, tous excellents. Les cinq titres de ce classique, un hommage à Montréal et ses saisons, s’accompagnent de paroles superbes et d’arrangements de toute beauté, issus du travail impeccable de Serge Locat aux claviers, Louis Valois à la basse et au piano électrique, Michel Normandeau à l’accordéon et au Dulcimer, Pierre Daigneault à la flûte et clarinette, Marie Bernard aux ondes Martenot, Serge Fiori aux guitares et à la voix, sans oublier la voix magnifique de Judy Richards. Si les chansons Vert, Depuis l’automne et En pleine face sont des moments mémorables, que dire d’Histoires sans paroles, un monument de la musique progressive québécoise. L’utilisation du Mellotron et de la voix de Richards pour cette pièce épique, nous fait basculer dans le grandiose. À elle seule, cette chanson vaut le prix du disque. Le plus étonnant dans tout ça, est l’absence de batterie, la seule chanson avec un semblant de percussions étant Dixie.

Et que dire de la pochette, reflet d’une époque pleine de changements. Parler de ce petit chef-d’œuvre dans ma première critique d’un vinyle de chez nous est un honneur pour moi. Grâce à son contenu qui ne vieillit pas d’un iota, ce disque fera encore jaser en 2011. Merci Harmonium pour ces quarante-deux minutes d’extase et de notes surprenantes. Achetez-le et répandez la bonne nouvelle. Un gros 10 pour cette œuvre majeure et un 9 pour le son.