[singlepic id=66 w=288 h=288 float=left]Montréal, octobre 2011 — Cinq ans après Da questa parte del mare, le grand Gianmaria Testa est de retour avec Vitamia, son tout nouvel album studio comprenant 11 chansons, fruit d’une réflexion personnelle et sociale de 50 ans. 18,000 jours (titre d’une des chansons les plus évocatrices du disque), une fresque humaine et sentimentale aux nuances et couleurs musicales variées… comme la vie.
Enregistré en studio en une semaine avec tout le groupe, ce disque doit sa force à la présence d’un noyau dur de musiciens qui travaillent depuis longtemps avec Gianmaria : Claudio Dadone (guitares), Giancarlo Bianchetti (guitares), Nicola Negrini (contrebasse et basse),le français Philippe Garcia (batterie) et Roberto Cipelli au piano. À ce groupe de base, vient s’ajouter un petit nombre d’invités, tous d‘exception comme Mario Brunello (violoncelle), Gianluca Petrella (trombone) Luciano Biondini (accordéon) et Carlo De Martini (violon et violon alto) . Les guitares électriques, qui cherchent souvent la distorsion, créent la surprise, ainsi que l’absence d’instruments à vent – exception faite du trombone presqu’électrique de Petrella.
Un jour, un ami m’a dit : «Essaie de compter la vie en jours et pas en années, tu verras le changement de perspective». Il avait raison, tout se raccourcit et se rapetisse. Lejour est une dimension plus petite qu’on peut presque mesurer en respirations. A côté, les années sont un temps métaphysique, même si elles passent aussi pour moi à la vitesse de la lumière. Ainsi, ce disque devait s’appeler 18000 jours car c’était l’âge que j’avais quand j’ai commencé à y penser. Puis, les jours sont devenus 19000 et plus, le matériel n’était pas prêt et j’ai renoncé à ce titre. Il s’appelle Mavie, tout attaché pour plusieurs raisons, entre autres le fait qu’il ne faut y voir aucune prétention à tout résumer, aucun bilan d’une œuvre en cours. Ce sont des notes sur le passé, sur le présent et même une invocation à voix basse et laïque au futur, notamment celle qui s’intitule «18 mille jours», dédiée à Erri De Luca en signe de fraternelle amitié et parcequ’à un certain moment, il a essayé avec d’autres d’imaginer un avenir différent.
La gestation a donc été longue, ce qui bien sûr n’est pas une garantie de réussite, mais elle a permis une sorte de sédimentation consciente et surtout partagée.
Car, s’il est vrai qu’un disque est toujours une aventure collective, elle ne devient pas nécessairement quelque chose de partagé. Dans ce cas-ci, en revanche, soit dans le travail de pré-production avec Paola Farinetti et Claudio Dadone, soit ensuite pendant les répétitions et l’enregistrement, chaque musicien a donné un apport créatif important et bien supérieur au simple fait de jouer.
Sept des onze chansons de Vitamia ont étéécrites pour le spectacle théâtral «18 mille jours – le python» dans lequel Giuseppe Battiston et moi-même avons porté à la scène un monologue d’Andrea Bajani sur le thème du travail. Ce disque est redevable aussi dans une certaine mesure à Giuseppe et Andrea, comme au metteur en scène Alfonso Santagata. La chanson «Cordiali saluti» de ce CD est d’ailleurs inspirée du livre homonyme d’Andrea Bajani..
Cinq années se sont écoulées depuis mon dernier disque «Da questa parte del mare», un temps bien long me disentceux qui comptent les échéances. Je reste persuadé pour ma part qu’un disque se fait quand on pense avoir quelque chose à raconter, surtout à soi-même. Au cours de ces années compliquées, il m’a aussi été difficile d’écrire, hanté comme je l’étais par une unique et assourdissante question : POURQUOI ? – Gianmaria Testa