Filtre de bruits de fond et interférences JitterBug d’AudioQuest

Le purificateur de signal USB

Dans une précédente édition de mag@zine TED, nous avons eu le plaisir de tester le casque d’écoute NightHawk du fabricant AudioQuest. Ce produit est le résultat d’une démarche pour créer une série d’accessoires dédiés à l’écoute de la musique sur des ordinateurs portables. Cette série de produits a débuté il ya plus de deux ans avec un convertisseur numérique-analogique très compact nommé DragonFly. Ce dernier se présente sous la forme d’une clé USB que l’on branche directement à l’ordinateur et malgré sa compacité, il est également doté d’un amplificateur de casque. Son succès réside dans le fait qu’il est performant pour un prix très abordable. Depuis la fondation d’AudioQuest en 1980, ce fabricant n’a cessé d’améliorer ses produits notamment en matière de câbles spécialisés pour l’audio. Dans ce banc d’essai, nous allons tester un autre accessoire destiné aux utilisateurs d’ordinateurs en tant que source musicale et il s’agit du JitterBug. Je vous rassure tout de suite, il ne s’agit pas d’un puissant insecticide ni d’un antivirus informatique, alors suivez le guide.

Qu’est-ce que je JitterBug ?
Le JitterBug se présente sous la forme d’une clé USB comprenant un circuit discret qui vise à éliminer les bruits de fond et les interférences présents lors du transfert des données entre un émetteur et un récepteur USB. Le câble de la connectique USB est constituée de quatre fils, dont deux pour la ligne d’alimentation 5 volts et sa mise à la terre, de même que deux fils (+) et (-) pour la transmission des données. La ligne d’alimentation 5 volts permet de fournir en courant DC les périphériques qui sont branchés à un ordinateur hôte. Comme les ordinateurs sont en général des milieux bruyants et polluant électriquement, le circuit du JitterBug purifie la tension 5 volts en éliminant les résonnances parasitaires et les interférences qui sont souvent induites par le fil de la mise à la terre (ground). Ce faisant, le JitterBug protège la ligne de transmission contre les champs électromagnétiques et autres formes de bruits qui peuvent perturber le transit et l’adressage des paquets de données. Lorsque cette transmission est perturbée, une forme de distorsion appelée gigue (en anglais jitter) s’installe et dégrade la qualité du son à la sortie analogique du convertisseur numérique-analogique. Cette dégradation se traduit par un son plat, une dureté dans les hautes fréquences et une image stéréophonique plus ou moins étriquée.

À chaque extrémité du JitterBug, on retrouve une prise du type A comme sur les ports USB des ordinateurs dont une femelle à l’arrière de la clé. Ce qui fait que l’on peut l’intercaler facilement en série entre l’ordinateur et tout autre appareil numérique pouvant y être branché. Comme son circuit est purement passif, le JitterBug n’empêche aucunement la recharge des téléphones intelligents ou lecteurs nomades qui y sont branchés. L’alimentation des appareils tels que les souris, les claviers ou les disques durs externes qui utilisent la tension 5 volts du port USB ne sont pas non plus affectés. Nous savons aussi que les appareils tels que les imprimantes, les lecteurs et les serveurs musicaux sont tous des générateurs de bruits de fond et de parasites. Ces derniers peuvent également introduire de la gigue dans la transmission des données. En réduisant toute cette pollution électronique, le JitterBug aide grandement les circuits émetteurs / récepteurs USB à éliminer la gigue au maximum.

AudioQuest_JitterBug_2

Mais au fond qu’est-ce que le jitter ?
Ce terme anglais est couramment utilisé dans le domaine du numérique pour désigner une désynchronisation dans la transmission des données. En français, on la nomme la gigue et elle est causée par un glissement de phase ou une dispersion temporelle des paquets de données numériques en transit entre un émetteur et un récepteur informatique. Les ordinateurs sont particulièrement des milieux polluants qui émettent des radio fréquences (RFI) et des champs électromagnétiques (EMI). Ces interférences peuvent affecter aussi le travail des horloges qui ont pour tâche de synchroniser la transmission des données entre les différents appareils par l’entremise des ports et des fils USB. Les récentes entrées USB des convertisseurs numériques-analogiques externes travaillent de façon asynchrone et adressent en partie ce problème. Elles permettant à l’horloge du convertisseur N-A de contrôler par elle-même la cadence du flux des paquets de données en provenance de l’ordinateur. Ce faisant, on élimine le plus possible les erreurs de synchronisation (jitter), mais la pollution électromagnétique provenant des ordinateurs est toujours présente dans la ligne de transmission, c’est-à-dire le câble USB.

Les conditions d’écoute
Dans un premier temps, j’ai testé deux JitterBug dans ma chaîne stéréophonique, qui je le rappelle, est constituée d’un serveur musical CeolBOX, de deux convertisseurs N-A (Chordette Qute HD et Moon Neo 230 HAD), d’un lecteur CD Sugden Masterclass PDT-4F, d’un amplificateur Sugden Masterclass IA4 et des enceintes Proac D20R. J’ai donc installé les JitterBug directement sur deux sorties USB de mon serveur musical et ces sorties sont reliées à mes deux convertisseurs externes. Le fabricant recommande même d’en utiliser deux en parallèle sur des appareils qui ont plusieurs ports USB comme un concentrateur USB, un ordinateur ou un serveur musical. Même si l’un des deux JitterBug n’est relié à aucun appareil, il aura pour effet d’augmenter la purification du courant.

Dans un deuxième temps, j’ai effectué des écoutes au casque avec le DAC/amplificateur de casque Moon Neo 2030 HAD. Le but de cet exercice est de voir si la proximité des transducteurs et l’intimité du casque allait me permettre de percevoir encore mieux les améliorations apportées par le JitterBug. Les casques utilisés sont mon casque Grado RS2 de même que le nouveau et superbe HiFiMan HE1000 prêté gracieusement par Richard Kholruss de VMax Services. Les fils USB utilisés furent ceux de la série Blue Heaven de Nordost et un câble standard sans marque, toujours dans le but de vérifier l’efficacité du JitterBug dans des conditions moins optimales.

Il lave plus blanc que blanc ?
En raison de l’espace qui m’est alloué pour cet article je n’épiloguerai pas longuement sur la musique utilisée pour ce test, mais vous connaissez ma prédilection pour les chanteuses de jazz ou de musique du monde. Alors, je débute mes écoutes avec l’album intitulé Arrebol de la somptueuse et charmante brésilienne Aline de Lima. Cette auteure-compositrice-interprète s’accompagne elle-même à la guitare et sa voix suave nous berce avec des compositions qui se promènent entre le jazz et la samba. Son dernier album, produit de façon indépendante, s’intitule Maritima et il est aussi un pur délice de suavité. Dans la première pièce de son album Arrebol, elle est accompagnée de plusieurs excellents musiciens dont Gustavo Saiani à la guitare acoustique, Paul Socolow à la basse électrique, Paulo Braga à la batterie, Marivaldo Dos Santos aux différentes percussions et Vinicus Cantuaria à la guitare électrique. Même si la pièce est douce, elle regorge de multiples petits bruits de percussions répartis dans l’image stéréophonique, ce qui constitue un excellent enregistrement pour tester la transparence, l’aération ou si vous préférez l’espace entre les instrumentistes et la chanteuse.

Une fois le JitterBug inséré dans la ligne USB et avec des écoutes aux enceintes, je peux déjà vous confirmer que les améliorations sont plus subtiles sur une chaîne stéréophonique de haut niveau que sur une installation d’entrée de gamme. Mais elles sont présentes et bien réelles, car tout dans l’enregistrement m’apparaît comme plus clair et mieux défini. Pour vous faire mieux comprendre ma perception, j’exagère un peu mes propos en vous disant que c’est comme si l’on passait d’une sonorité légèrement opaque et rondouillarde vers quelque chose de plus dégraissé et lumineux, mais sans que les timbres des instruments ne soient altérés ou dénaturés. L’image stéréophonique est mieux définie, plus aérienne et il y a plus d’espace autour des musiciens.

Audio_dragon_JitterBug

J’entend déjà les technocrates et ingénieurs incrédules se dirent que c’est de la pure invention dans un processus où l’on ne transfert que des 0 et des 1. Mais effectivement, de purifier les interférences RFI/EMI améliore le transfert des données et par conséquent la qualité du son aussi. Avec le JitterBug en écoute au casque et plus particulièrement avec le HiFiMan HE1000, laissez-moi vous dire que les améliorations, si subtiles soient-elles, sont magnifiées à la loupe. La frappe sur les peaux de tambour gagnent en punch et le frottement des balais sur les cymbales devient encore plus véridique. Les guitares sont fluides et bien timbrées alors que le jeu de la basse électrique est puissant et parfaitement décrypté. L’extinction des fins de notes est mieux sentie et la présence de la chanteuse est « bluffante » pour reprendre une expression utilisée par les français. En bref, on entend plus de musique mais sans la dureté souvent associée aux enregistrements numériques.

Conclusion
Si votre chaîne stéréophonique utilise comme source principale un ordinateur portable et un convertisseur N-A externe, le JitterBug est définitivement un accessoire à essayer. Pour ma part, j’ai constaté une amélioration subtile de la sonorité dans ma chaîne haute-fidélité et je peux facilement imaginer des bienfaits encore plus évidents sur une source comme un ordinateur portable d’entrée de gamme et un câble USB standard. D’ailleurs, le fabricant le recommande particulièrement avec son DAC-amplificateur de casque DragonFly. Le JitterBug est efficace et à un prix de détail de 59 $ avant taxes, il constitue une façon très abordable d’améliorer la sonorité de votre chaîne stéréophonique. Les deux unités que l’on m’a fait parvenir vont définitivement demeurer dans mon arsenal d’accessoires pour le traitement des fichiers numériques.

RENSEIGNEMENTS GÉNÉRAUX
Prix :
59 $ (à venir confirmer sous peu)
Garantie : à venir sous peu
Fabricant-distributeur :
AudioQuest, Tél. : 1.800.747.2770,
www.audioquest.com

Médiagraphie
Aline de Lima
, Arrebol, Naïve, WN 145089
Camille, Music Hole, EMI, 5099952025624
Emilie & Ogden, 10 000, SCR045CD
Michel Jonasz, Où vont les rêves, MJM, CD 015
Jennifer Warnes, Famous Blue Raincoat, (20th Anniversary Edition), Universal Music

La rédaction remercie le fabricant AudioQuest pour le prêt des appareils.