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Rencontre avec Michel Plante, président

Par Pascal Tran • Photos : Michel Dallaire et Franco Moggia

J’ai rencontré M. Michel Plante, président et propriétaire du Salon Canadien de l’Électronique (FSI), quelques semaines après sa conclusion pour dresser un bilan de l’événement qui se tenait du 3 au 6 avril au Centre Sheraton du centre-ville de Montréal. J’avais interviewé M. Plante il y a un an presque jour pour jour. Nous avions alors parlé de sa vision pour le Salon Canadien de l’Électronique FSI 2008 en tant que nouveau propriétaire. Un an après, nous sommes en mesure de constater le résultat des différentes initiatives que l’équipe d’organisation du Festival a entreprises pour le faire évoluer. Nous avons également discuté de l’avenir du Festival, compte tenu des résultats de l’édition 2008.

QA&V : Pouvez-vous résumer le Festival selon votre perspective ?

MP: Si vous me permettez, j’aimerais commencer par saluer et remercier tous nos visiteurs et exposants qui partagent la même passion que nous. L’édition 2008 constituait la première que je dirigeais complètement avec Sarah Tremblay, notre directrice, et je dois avouer que c’est une entreprise très complexe. Pour l’édition 2007, ayant acquis le Festival en cours d’année, je partageais les responsabilités avec la très expérimentée administration précédente.

Globalement, je dirais que le FSI 2008 a été un grand succès et que nous avons rencontré plusieurs de nos objectifs. La participation des exposants était en hausse par rapport à 2007 alors que l’affluence totale des visiteurs s’est maintenue. La journée réservée à l’industrie a été très réussie. Cette année, tous les exposants se devaient d’être prêts à recevoir les visiteurs professionnels le jeudi, ce qui fait qu’ils ont pu pleinement profiter de la journée. Plusieurs nouveaux fabricants ont pu ainsi se faire connaître des distributeurs, détaillants et des médias. Le volet formation dédiée a connu beaucoup de succès et je crois que l’industrie saisit bien son importance. Par exemple, le président de Monster Cable, Noel Lee, s’est personnellement déplacé pour effectuer la formation des détaillants et représentants de cette entreprise. À long terme, nous maintenons toujours l’objectif de réserver deux jours pour l’industrie sur les quatre journées du Festival ».

Ci haut, quelques images du Festival de 2006

QA&V : Quelle facette du FSI qualifieriez-vous de plus grand succès ?

MP : Nous sommes très heureux que la journée des professionnels ait été un succès et d’avoir accueilli plusieurs grandes marques encore inconnues du public québécois ; je dirais que notre association avec le magazine Stereophile a beaucoup profité au Festival au niveau de sa visibilité internationale. Le FSI devient donc une tribune importante pour le lancement de nouveaux produits, surtout depuis la disparition du Home Entertainment Show de New York, qui se déroulait traditionnellement environ d’un mois après le Festival. Les manufacturiers exposants ont donc pu bénéficier de la visibilité accrue dans les médias spécialisés pour l’annonce de plusieurs nouveaux produits lors du Festival.

QA&V : Et si nous parlions du Festival en termes de chiffres comparativement à l’édition précédente.

MP : En 2008, il y a eu une augmentation de 22 % d’exposants dans les chambres situées aux étages 7 à 12, que nous avons accommodés par l’ajout d’un étage d’exposition ; nous avons eu 18 % plus d’exposants pour les foyers et salons, pour un total de 105 exposants versus les 87 présents en 2007. Cette tendance à la hausse des exposants se poursuit depuis 2006. Par contre, il y a eu une baisse d’environ 10 % de visiteurs grand public alors que le nombre de visiteurs professionnels a augmenté de 200 %. Nous attribuons la baisse du grand public à la météo car malheureusement, le FSI s’est tenu lors du premier beau week-end du printemps.

QA&V : Lors de notre entretien après le FSI 2007, vous aviez mis beaucoup d’emphase sur l’aspect jeu vidéo comme une avenue possible pour une expansion du Festival. Pourriez-vous partager votre impression de ce marché et son avenir comme partie intégrante du FSI ?

MP : Le FSI a investi 50 000 $ l’an dernier dans le démarrage d’un volet jeux vidéo afin d’attirer une nouvelle clientèle et de les initier aux appareils haut de gamme, et nous avons eu beaucoup de succès. Malheureusement, malgré tous nos efforts, l’industrie du jeu n’a démontré aucun intérêt pour notre clientèle. Nous avons dû abandonner nos idées reliées à ce volet car ce n’est pas à nous de financer le développement de cette industrie. Je crois que l’audio-vidéo est encore perçu comme un milieu très exclusif, probablement pas assez un marché de masse pour le jeu.

QA&V : Parmi les différentes activités du FSI, je crois que l’encan silencieux en est un qui vous tient beaucoup à cœur. Quelles sont vos impressions sur celui de cette année?

MP : L’encan silencieux a obtenu d’excellents résultats grâce à la générosité de l’industrie au niveau des équipements offerts. Comme pour l’année précédente, près de 8 000 $ furent versés à la Fondation des étoiles, qui est le nouveau nom pour une organisation sans but lucratif finançant la recherche sur les maladies infantiles. L’encan silencieux est une activité que nous aimerions poursuivre dans les prochaines éditions du FSI mais nous étudions d’autres alternatives pour appuyer la Fondation.

QA&V : Quelle est votre plus grande déception concernant l’événement ?

MP : Compte tenu des efforts que nous avons déployés pour mobiliser les grands manufacturiers de la vidéo, je dois dire que c’est leur manque d’implication. Ma déception est telle que nous songeons à changer le nom de l’événement pour le Festival du Son tout court si nous ne pouvons obtenir plus de support des grands fabricants de la vidéo. La participation des intervenants dans la domotique et l’installation sur mesure m’a aussi déçu. Je crois que le Festival représente une occasion en or pour démontrer au public toutes les possibilités qu’offrent les nouvelles technologies dans ce domaine, et que les différents joueurs ne perçoivent pas encore ce fait. Nous avons la chance au Québec d’avoir un public friand d’innovations et très connaisseur dans le domaine grâce aux outils comme le FSI et les revues QA&V et MS&I.

Je pressens que le Festival est présentement à la croisée des chemins : pour l’année prochaine, nous devrons déterminer si la meilleure avenue pour l’événement est de se concentrer sur notre clientèle traditionnelle, soit celle intéressée par l’audio haute performance, ou si nous devons nous diversifier pour croître dans des domaines connexes. Je pense qu’il serait bon pour les exposants de faire la démonstration de systèmes audio plus abordables et de présenter plus de cinémas maison, ce qui rendrait le salon plus attrayant pour les nouveaux visiteurs.

QA&V : Quelles sont les nouveautés dont vous êtes satisfaits ?

MP : Nous avons apporté beaucoup d’améliorations à la signalétique et à la présentation visuelle de l’événement, plus l’ajout d’événements musicaux quotidiens avec différents artistes et la rencontre Ask the Editors tenue le samedi avec les journalistes de Stereophile. Nous avons plein d’autres projets pour améliorer le salon mais nous devons y aller doucement, car on ne doit pas aller plus vite que ce que l’industrie et la clientèle de visiteurs sont prêtes à accepter.
Je pense bien saisir ce que l’industrie désire, mais je crois que je vais encore la sonder durant la prochaine année pour mieux comprendre ses besoins car je considère que c’est son événement, pas seulement le mien. Il est certain que le FSI évoluera dans le sens de ces changements et aussi pour continuer de servir l’industrie.

QA&V : Monsieur Plante, je vous remercie pour vos propos francs et informatifs. De plus, je vous souhaite le plus grand des succès pour le FSI, un événement incontournable dans la région pour l’industrie qui nous intéresse.