Ce mois-ci, on m’a offert des convertisseurs numérique-analogique mur à mur ! Pas un, mais deux textes de votre humble serviteur seront ainsi dédiés aux convertisseurs. Permettez-moi de faire un accro à la langue et d’utiliser le terme bien connu de tous ; un DAC, en vue de simplifier ces deux articles. Comme en fait mention le titre, ce banc d’essai est dédié au nouveau DacMagic Plus de Cambridge Audio. Quand la compagnie a mis sur le marché la première version de ce DAC, nul n’aurait pensé à quel point il serait populaire. Évidemment le savoir-faire et le rapport qualité- prix chez Cambridge Audio ne sont plus à démontrer, mais l’acceptation du public audiophile doit aussi suivre. C’est exactement ce qui s’est passé, et c’est pourquoi les concepteurs sont revenus à la charge avec une version améliorée et bonifiée de nouvelles fonctionnalités.

Quoi de neuf ?
Vous êtes sûrement curieux de connaître les principales améliorations, et bien je peux vous confirmer qu’il y en a plusieurs. Il y a d’abord l’ajout d’un bouton de contrôle de l’intensité sonore permettant de se servir soit de la connexion pour casque d’écoute à l’avant, soit de l’utilisation du DAC en mode préamplificateur numérique. Il est donc possible d’alimenter directement un amplificateur de puissance ou bien des enceintes actives. Dans un système minimaliste, cet avantage est pour le moins indéniable ! Le DacMagicPlus suréchantillonne maintenant toutes les entrées à 24 bits / 384 kHz et le port USB prend en charge nativement le 24 bits / 192 kHz, ce qui est très rare dans l’industrie car, habituellement, nous sommes limités à 96 kHz. Les ordinateurs sous Windows nécessiteront l’installation d’un pilote, tandis que ceux étant sous MAC OS X offrent déjà nativement cette résolution de leur côté. De plus, un adaptateur en option ; le BT100, permet de recevoir un signal sonore via un lien Bluetooth de n’importe quel appareil compatible. Si ce dernier utilise l’encodeur de haute qualité apt-X de la compagnie CSR, le rendu sera encore meilleur. Dans le cas contraire, le codec standard SBC sera utilisé !


Petit tour d’horizon
Parlons tout d’abord de la connectique. Nous avons droit à trois types de sorties analogiques, soit les sorties standard de type RCA, les sorties balancées de type XLR ainsi qu’une sortie pour casque d’écoute à l’avant. Une sortie numérique est aussi disponible pour brancher des appareils en boucle. Ces sorties n’étant pas affectées par aucun traitement de signal interne, celles-ci offrent à la fois le format S/PDIF coaxial ainsi que celui du TOSLINK optique. Du côté des entrées numériques, on a encore une fois droit à une paire S/PDIF et TOSLINK pour chacune des deux entrées séparées, une connexion standard USB 2.0 ainsi que la prise pour accessoire externe (ici utilisée par le BT100).

L’avant de l’appareil comporte évidemment les boutons nécessaires pour sélectionner les bonnes sources arrière, mettre l’appareil hors tension ou contrôler l’intensité sonore. Le DAC peut d’ailleurs être configuré afin que le bouton de volume contrôle à la fois la prise écouteur et les sorties analogiques externes. Dans le cas où l’usager veut que les sorties analogiques à l’arrière ne soit pas affectées par ce bouton, il est possible de tout simplement le désactiver. Le DacMagic offre aussi la possibilité de configurer le type de filtre utilisé par l’appareil ainsi que la phase du signal. La filtration peut se faire de façon linéaire, minimale ou abrupte. Enfin, selon le contenu de la source, le témoin de la bonne fréquence d’échantillonnage s’illuminera pour 44.1, 48, 88.2, 96, 192 kHz ou entièrement éteint pour 32 kHz.

La technologie interne
Cambridge Audio utilise encore une fois les produits Wolfson au cœur de son appareil. Deux convertisseurs numérique-analogique WM8740 de 24 bits de précision sont configurés en mode différentiel, procédure essentielle si nous voulons de vraies sorties balancées de type XLR. Ces mêmes convertisseurs sont jumelés avec la puce de suréchantillonnage ATF2 24 bits /384 kHz d’Anagram Technologies. Il est donc évident que tout le traitement interne des signaux numériques soit effectué dans la plus grande résolution. Mais qui s’en plaindra ! La filtration est quant à elle confiée aux produits d’Analog Devices, soit une puce DSPADSP21261, toujours supportant la résolution maximale.

La documentation du DacMagic Plus est un exemple en soit et un pur délice : précise et rédigée dans un très bon français. Cambridge Audio n’essaie pas de se cacher derrière des termes technologiques pompeux, mais prend plutôt le temps d’expliquer la technologie  derrière ses produits. On apprend d’ailleurs que le système ATF2 applique une interpolation polynomiale sophistiquée d’adaptation à la courbe et incorpore un modèle temporel qui génère progressivement les nouvelles données, réduisant ainsi considérablement les erreurs de synchronisation temporelles (jitter).

Une attention particulière a également été portée à la filtration. Le DacMagic Plus utilise une technologie brevetée appelée Dual Differential Virtual EarthBalanced. Je n’ai évidemment pas lu la documentation du brevet en entier, mais je peux tout de même vous dire que c’est en fait un filtre de type Bessel à phase linéaire avec deux pôles d’ordre faible. En mode linéaire, le filtre conserve la meme cohérence temporelle à la sortie du filtre. Toutes les fréquences du signal sont affectées également par le filtre. Par contre, la théorie démontre que la réponse impulsionnelle donne quelques oscillations en sortie, ce qui peut s’apparenter à une distorsion du signal audible.

Le filtre à phase minimale a de meilleures figures d’oscillation dans la bande passante et d’arrêt, de même qu’une meilleure réponse à l’impulsion. Nous éprouvons par contre une perte dans la cohérence temporelle. Finalement, le filtre fort est une version plus rapide du filtre linéaire discuté précédemment. Celui-ci permet une filtration plus précise des images spectrales ainsi que de diminuer drastiquement la distorsion reliée au recouvrement spectral. Loin de moi l’idée de vouloir démarrer ici une discussion sur les filtres, mais sachez qu’à la sortie d’un DAC, on a plusieurs copies du même signal audio. C’est l’action du filtre qui permet de garder une seule copie, celle que l’on veut écouter, les autres étant perçues par l’auditeur comme de la distorsion. Pour les visuels, il y a dans les manuels de l’utilisateur des graphiques intéressants, lesquels illustrent l’action des différents filtres. Notez qu’aucun filtre n’est vraiment meilleur que les autres, c’est une question de compromis au niveau théorique et au niveau des goûts musicaux, si bien sûr vous percevez la différence. Une flexibilité supplémentaire que Cambridge Audio offre à ses clients.

Place à la musique
La plupart du temps, je rédige mes textes en même temps que je fais l’audition des appareils. Cette fois-ci, le travail est d’autant plus facile puisque j’ai d’abord configuré le DAC en mode USB 24 bits /192 Khz pour le brancher directement à mon MacBookPro. Dans les préférences système, le nouveau dispositif audio Cambridge Audio USB 2.0 Audio Out a immédiatement été reconnu, et j’ai donc tout simplement redirigé la sortie audio vers celui-ci. Je me suis aussi assuré qu’au sein de la configuration audio et midi, la bonne fréquence d’échantillonnage ait été sélectionnée. Avec mon casque d’écoute Grado, j’ai procédé à l’audition de quelques albums en format numérique non compressé. Dire que le DacMagic Plus est le parfait compagnon de mon MacBookPro serait un euphémisme. Néanmoins, son petit format sur le bureau, sa résolution supportée via USB ainsi que sa qualité sonore en général, en font un accessoire dont on devient rapidement dépendant. Pour les utilisateurs Windows, il est possible d’avoir la même qualité sonore : il suffit de consulter la documentation en ligne afin d’installer les bons pilotes et de correctement configurer son système. Comme la technologie évolue rapidement, vous ne voulez surtout pas être aux prises avec une configuration où il y a du traitement de signal dans l’ordinateur. En pareil cas, vous vous retrouveriez avec une qualité dégradée.

L’écoute
Un album qui a été particulièrement révélateur dans cette configuration a été celui des plus belles voix des Grands Classiques d’Edgar Fruitier. Inutile de dire que notre DAC donnait toute la place aux belles voix, bien placées en avant-plan. Les enregistrements préconisent évidemment cette perception, mais le DacMagic n’a pas atténué ce fait mais plutôt continué dans la même veine en projetant littéralement la voix aux premières loges. Sur Quando m’en vo, l’alternance entre la voix masculine et féminine est stupéfiante. La solidité masculine rendue avec beaucoup de prestance et d’intensité est recoupée par celle de Gianna D’Angelo, qui s’avère davantage en subtilité sans pour autant être dénudée de puissance. Après l’audition de quelques plages, j’ai vite fait de changer la configuration du filtre numérique. Un premier constat lors du O sole mio en introduction du second album m’a en effet mis la puce à l’oreille lors de la finale de la pièce. Il y avait plus de surbrillance dans les hautes fréquences de la voix de Richard Verreau, comme s’il avait saturé les micros lors de l’enregistrement. Le fait de passer du filtre linéaire au filtre minimum a ainsi livré des résultats subjectivement plus agréables pour mon ouïe. En fait, et c’est mon avis personnel, j’ai constaté une différence plus notable entre le filtre minimum et abrupte, le minimum nous donnant une musique un peu plus chaleureuse tandis que le filtre abrupte (fort) me semblait plus pur, plus neutre. Concernant celui par défaut ; le linéaire, celui-ci m’a semblé de facture plus « passe-partout », tel un couteau suisse, mais pas nécessairement le meilleur pour des pièces d’opéra. Peut-être était-ce aussi une combinaison entre le DAC, la sortie préamplificateur et le couplage avec mes écouteurs ? Il faut néanmoins féliciter une fois de plus Cambridge Audio pour avoir pensé à nous offrir ce choix, lequel rend l’appareil encore plus attrayant.

La compagnie clame sur son site Internet que ce DAC saura améliorer n’importe quelle source qui y est connectée, et il va sans dire que l’on assume ici que la source elle-même n’est pas pourvue d’une section de décodage numérique-analogique plus performante que le DacMagic lui-même. Mais qu’en est-il par contre pour les vieux enregistrements ? La possibilité de donner une nouvelle vie à vos vieux disques audionumériques ? J’ai donc branché au DacMagic Plus mon lecteur CD via la connexion numérique coaxiale et fait l’audition d’un classique du jazz, soit No Jive de Buddy Rich. Avec Ya Gotta Try, ce virtuose et autodidacte de la batterie nous fait rapidement plonger dans l’ambiance rythmée et endiablée de l’album. Les notes défilent à la vitesse de l’éclair et notre convertisseur numérique-analogique suit la cadence aisément, les rend avec délicatesse et surtout bien définies et aérées. Sur Tales of Rhonda Rat, la trompette se fait plus vintage avec son agressivité toute particulière, typique du swing des années 70. Le solo de batterie à la toute fin sonne l’apothéose de la pièce et laisse transparaître les techniques plus modestes d’enregistrement. J’ai plutôt l’impression que le manque dans la résolution de ce passage était plus au niveau de l’enregistrement que de la restitution, ce qui pourrait quelque peu expliquer le manque de transparence. Ce phénomène était beaucoup plus discret dans le solo introduisant la pièce Love Me Now ce qui me permet de dire que oui, notre DAC peut effectivement améliorer la performance générale d’un album, mais il ne peut tout de même pas recréer ce qui n’a pas été capturé à l’origine, même si dans ce produit les techniques d’interpolation se sont raffinées avec le temps.

« Sur Quando m’en vo, l’alternance entre la voix masculine et féminine est stupéfiante. La solidité masculine rendue avec beaucoup de prestance et d’intensité est recoupée par celle de Gianna D’Angelo, qui s’avère davantage en subtilité sans pour autant être dénudée de puissance.»

Par la suite, j’ai auditionné quelques disques dits de haute résolution, parfois appelés K2 HD Mastering (24 bits, 100 Khz), XTractHD (24 bits, 176 kHz), SACD, HDCD, etc., avec l’aide de mon lecteur universel Oppo qui supporte tous ces formats ainsi que les Blu-ray. J’écoute rarement de la musique avec celui-ci qui est davantage dédié aux films, mais étant donné qu’il permet de nativement acheminer le contenu des disques vers sa sortie numérique, voilà une occasion de tester du matériel de qualité. Le DAC n’a pas été pris au dépourvu par ce contenu musical et l’a rendu avec brio. Le SACD The 52nd Street Blues Project m’a donné des moments extrêmement agréables. La prestation était vraiment chaleureuse, fluide et détaillée. Sur QueenEsthers Blues, Queen Esther semble tellement proche de nous par la transparence de sa voix, qu’on croirait être dans la même salle qu’elle. Les instruments sont clairement positionnés de part et d’autre, le violon à gauche et la guitare à droite. Le clappement des mains du public qui se fait entendre au milieu de la prestation, à la manière d’un coup de fouet, est sec et convaincant. De fait, il faut vraiment écouter cet album en SACD pour vraiment comprendre ce qu’est un bon enregistrement.

Du côté des disques audionumériques standards qui utilisent des techniques haute-résolution, comme celui intitulé This is K2 HD Sound, la qualité était aussi au rendez-vous, et le style particulier de Zapateado Excerpt avec ses pas de claquettes, donnait encore une fois l’impression d’un très grand réalisme. Même chose pour Touch avec ses cloches, dont la finesse dans la résonnance jusqu’à l’extinction totale était parfaite. Entrecoupée avec les percussions, cette pièce éclectique nous donne une bonne référence pour juger de la très bonne transparence du DacMagic Plus.

Lessayer, c’est ladopter
Si vous n’êtes pas convaincu après avoir lu ce banc d’essai, je peux quant à moi vous assurer que je le suis, après avoir essayé et utilisé ce DAC. Je n’ai malheureusement jamais eu la chance de pouvoir tester la version précédente, mais je suis convaincu que cette nouvelle version est une amélioration considérable compte tenu des nouvelles fonctionnalités ajoutées. Pas de poudre au yeux, pas de boîtier de style bunker, seulement un petit appareil simple, mais rempli de fonctionnalités conçues avec attention. Comme vous le savez sans doute, Cambridge Audio et son DacMagic Plus obéissent à trois principes fondamentaux : des performances remarquables, une facilité d’emploi et un rapport qualité-prix imbattable. Ces principes sont clairement exprimés par ce DAC, lequel offre en outre un rendement sonore qui saura augmenter la qualité de votre système existant. Une très bonne résolution qui restitue chaque détails en les assemblant pour former un tout très musical, tout en nous faisant redécouvrir chacun de nos albums.

RENSEIGNEMENTS GÉNÉRAUX
Prix : 679 $
Garantie : 3 ans, pièces et main-d’oeuvre
Distribution : Plurison, Tél. : 450.585.0098
www.plurison.com ou www.cambridgeaudio.com

Médiagraphie
L
es Grands Classiques D’Edgar, Les plus belles voix, Octave Classique, 6 80889 01244 0
Buddy Rich,
No Jive, Novus, 0 1241 63147 2 5
T
he 52nd Street Blues Project, Blues & Grass, Chesky Records, 0 90368 02866 2
Various Artists,
This is K2 HD Sound !, First Impression Music, 4 892843 001216