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Anathema_Distant_Satellites_pochetteCollaboration spéciale: par Bertrand Pourcheron 30/04 du Webzine Clair & Obscure

Après la claque reçue avec le précédent album du groupe (le magnifique « Weather Systems« , publié en 2012) et son sublime blu-ray/DVD live « Universal« , filmé avec maestria en 2013 par Lasse Hoile dans le cadre magique du théâtre romain de Phillippolis en compagnie du Plodviv Philarmonic Orchestra, c’est un euphémisme d’écrire que nous attendions le nouvel opus studio d’Anathema avec force impatience. Passé désormais au statut de maître du rock mélancolique, le combo nous fait don aujourd’hui, avec « Distant Satellites« , d’une cuvée 2014 de toute beauté (c’est peu de le dire). Grâce à un line-up enfin stabilisé autour de Vincent Cavanagh (guitare, chant), Danny Cavanagh (chant, guitare, claviers), Jamie Cavanagh (basse), Lee Douglas (chant féminin stratosphérique – jetez donc une oreille sur le sublime « The Lost Song – Part 2 »), Daniel Cardoso (claviers) et John Douglas (batterie), la formation nous sert sur un plateau dix compositions de haute volée (dont une suite magistrale intitulée « The Lost Song » et divisée en trois parties). Pour aller droit au but, la musique du groupe s’écoule à la manière d’un long fleuve tranquille, avec cependant tour à tour des accélérations et des accalmies, rendant toute tentative de description titre à titre superflue. Ne vous attendez pas à trouver sur ce CD, mixé en partie par le stakhanoviste Steven Wilson, un tube apte à passer sur la bande FM à moins que quelqu’un ne crée une hypothétique Radio Désespoir car la plupart des pièces concoctées par le combo sont d’une noirceur insondable (citons, à titre d’exemple, le divin triptyque « The Lost Song », à la rythmique implacable servant de rampe de lancement idéale à des parties de piano de toute beauté et aux magnifiques voix entrelacées de Danny Cavanagh et de Lee Douglas).

Si les claviers de Daniel Cardoso interviennent toujours, comme les nombreuses séquences de cordes, avec beaucoup d’à propos notamment sur « Firelight », aux allures de pavane pour une infante défunte, ou si la guitare de Vincent Cavanagh nous perfore de quelques riffs bien sentis (« The Lost Song – Part 1 »), c’est une fois encore ces sacrés Danny Cavanagh et Lee Douglas qui sont les vedettes du disque. Nos deux complices charrient dans leurs cordes vocales une palette d’émotion d’une beauté indicible (« The Lost Song – Part 2 ») et d’une mélancolie insondable et vous filent littéralement le grand frisson.

A l’heure actuelle, nul n’est capable d’atteindre un tel niveau, à l’exception notable de Steve Hogarth. Aucune baisse de régime (si l’on excepte la coda « Take Shelter », un peu trop formatée et mollassonne), que ce soit sur les chansons plus énergiques et enlevées comme « Dusk (Dark Is Descending) » et « The Lost Song – Part 3 » comme sur des ballades désespérées du calibre d’Ariel« , de l’éponyme « Anathema » (qui ferait une excellente bande originale de film) et du hanté « You’re Not Alone ».

Bref, le gang des frères Cavanagh confirme, haut la main, tout le bien que l’on pensait de lui et s’impose plus que jamais comme un des groupes essentiels du moment. Il s’installe, en tout état de cause, au firmament d’un rock mélancolique à souhait et fait preuve, encore et toujours, d’une intégrité et d’une profondeur sans faille. Magique!

Bertrand Pourcheron (10/10)
http://www.anathema.ws/