Quand la science devient objet de mercantilisme!
Dans la Hi-Fi moderne, le consommateur est souvent plongé dans un océan de développements technologiques, tant au niveau de nos appareils préférés que de leurs interconnexions. Même si plus souvent qu’autrement, l’audiophile se pose de savantes questions à savoir si toutes ces nouveautés scientifiques peuvent réellement avoir une incidence sur leurs écoutes, nous sommes tous forcés d’admettre que la physique moderne avance et que la Hi-Fi, ainsi que tout ce qui fait partie de notre quotidien, tente d’en tirer avantages.
Depuis plusieurs années déjà, la cryogénisation de nos composantes audio prouve que la science de la physique appliquée a déjà laissé ses traces dans ce marché. Mais la question est ; de quoi parlons-nous au juste lorsqu’il est question de cryogénisation en audio ? Question complexe, il va s’en dire. Il faut d’une part comprendre d’où vient la cryogénisation et surtout, quels en sont les bénéfices. Et ce bien sûr, toujours en s’efforçant de comprendre le procédé scientifique qui nous y mènerait.
Un peu d’histoire…
L’origine de ces études date de la fin du 18e siècle mais disons qu’aux fins de nos intérêts, l’année 1877 serait un point de départ plus judicieux. Bien que les premiers gaz, qui auraient servit à la cryogénisation de certains éléments chimiques, sont l’ammoniac et le chlore, c’est l’azote sous sa forme liquide, créé par le scientifique Louis-Paul Cailletet, qui sera plus appliquée à la cryogénisation des éléments faisant partie de nos précieuses chaînes audio. Les applications qui ont découlées de ces recherches et découvertes sont très variées et touchent à plusieurs volets de la vie moderne, mais c’est en fait la supraconductivité et sa concentration sur le transport d’informations électriques sans aucune perte d’énergie qui nous intéressent ici. Disons que la supraconductivité se veut l’aboutissement ultime du procédé.
Comment se fait la cryo ?
La cryogénisation par traitements secs et par immersions peut servir à plusieurs fins : autant à rendent les métaux plus durs pour l’outillage moderne, qu’à traiter, en optimisant la structure moléculaire, des composantes informatiques servant dans le domaine de l’aérospatial. Il existe presque autant de types de traitements par cryogénisation que d’applications possibles, mais évidemment dans le domaine de la haute fidélité, et surtout de ses sous-composantes, il existe heureusement qu’une seule bonne façon de faire les choses. Plusieurs manufacturiers de câbles, entre autres, mettent de l’emphase sur ces traitements cryogéniques. Mais pourquoi ? Et du coup, comment font-ils ?
En fait, tout commence par un contenant de travail que l’on appelle une unité d’immersion : dans certains cas, cela peut même être une chambre où y sont soigneusement déposées les composantes à traiter. L’interface physique se trouve à être une série de contrôleurs numériques programmables pour assurer les constances requises dans les ratios température/temps. Pour ce qui de l’azote : on y inclura un système d’assistance hydraulique, des tuyaux en acier inoxydable et des capteurs de température interne ultra précis et performants. Les composantes à traiter y sont d’abord refroidies par de l’azote sous sa forme gazeuse afin d’éviter les chocs thermiques qui pourraient être à l’origine de micros fissures dans la composante même. Évidemment, les temps de refroidissement sont contrôlés par des processeurs informatiques, interfacés physiquement sur un panneau de contrôle, afin qu’un technicien spécialisé puisse apporter des ajustements qui dépendent de plusieurs paramètres surtout pour le type de composantes traitées. À titre d’exemple : des tubes de puissances auront des réglages différents que pour le traitement d’un conducteur et de ses connecteurs. Une fois l’étape transitoire du refroidissement gazeux, la composante sera maintenant immergée dans l’azote liquéfiée afin d’atteindre, sur une période totale de plus de 12 heures, la température visée qui va avoisiner les -195 degrés Celsius. Malheureusement, certaines techniques douteuses arrêteront le traitement à ce point, ou pire avec un traitement gazeux uniquement, et ce dans le but de sauver des coûts. La réalité est que, le traitement gazeux ainsi que l’immersion courte dans l’azote aura très peu, voire aucun effet sur la composition moléculaire de l’élément. Le traitement efficace implique que l’immersion du produit soit complète et ce, pour une période minimale de 24 heures, en refournissant de façon constante de l’azote liquéfiée à la chambre pour combler la perte évaporée.
Une fois le processus d’immersion complété, le retrait de la matière refroidissante est engagé, par évaporation complète, encore une fois, sur une période soigneusement contrôlée par le technicien spécialiste et suivant une rampe prédéterminée selon les paramètres reliés à l’élément ou à la composante traitée. Cette rampe est extrêmement précise afin d’éviter impérativement les micros fissures ainsi que la condensation potentielle. Évidemment, les laboratoires dignes de ce nom, seront bien équipés au niveau des générateurs électriques de secours en cas de panne de courant, afin que tous les cycles de la procédure ne soient jamais interrompus.
Régénérer la structure des molécules
Maintenant ayant exposé la procédure de l’exercice, quels changements devrions-nous constater ? Eh bien, vous l’aurez sans doute comprit les changements physiques de l’élément concerné y seront à son état moléculaire et non pas à l’œil nu. Le but de la cryo étant de faire faiblir les liaisons atomiques afin de retrouver et de raffermir la structure d’origine de l’élément tel qu’il devrait être dans son état optimal. Car malheureusement, un élément quel qu’il soit, une fois manipulé et/ou transformé, va comporter une somme innombrable de modifications à sa structure atomique sans compter tous les agents secondaires qui peuvent contaminer la précieuse matière. Le cycle de cryogénisation prolongée agira sur 2 fronts. Premièrement dû à l’hyper refroidissement, il y aura une amélioration très significative de l’alignement des cristaux de matière et deuxièmement, grâce à l’oxygène liquéfié se trouvant naturellement dans la solution de traitement, il y aura également une dissolution de certains contaminants qui altèrent de façon négative la performance de cet élément.
Les bénéfices pour l’audio
Il est d’ores et déjà établi que d’une certaine façon, la cryogénie régénère la matière en comblant les vides structuraux et ajoute à la stabilité de cette même structure. Évidemment les différents matériaux utilisés, disons dans un câble de liaison ou de courant, vont réagir sur différents niveaux mais sans aucuns doutes, nous pouvons clairement affirmer que cette réaction va belle et bien se produire. Donc par conséquent, les bénéfices et améliorations seront présents. Seul la perception à nos oreilles pourra être relativisée dû à plusieurs facteurs, dont la qualité de notre chaîne audio. Car physiquement et chimiquement, les changements seront permanents. Disons que dans le cas d’un courant électrique, le déplacement des charges sera toujours affecté par les variations du champ électrostatique que va générer une instabilité moléculaire. En particulier dans un conducteur efficace comme c’est le cas avec un câble en cuivre et même en argent, là où un ralentissement du transfert d’énergie n’est absolument pas souhaitable et par conséquent, cela va, sans l’ombre d’un doute, altérer négativement le signal et/ou la charge de courant.
Conclusion
Certains accessoires de notre chaîne haute-fidélité ainsi que toutes ces nouveautés en matière d’amélioration techniques nous amènent avec raison, à se poser des questions sur la pertinence de l’investissement impliqué. La cryogénisation, faisant partis de ces innovations scientifiques, nous amène elle aussi à l’interrogation. Mais la science, la recherche et l’application des résultats vont dans certains cas laisser très peu de place aux débats. La cryogénisation est définitivement un de ces cas, avec qui, les bénéfices y sont plus qu’évidents. Encore une fois, la perception audible peut varier dû à différents facteurs comme la qualité de la source audio, le raffinement technologique de nos différents appareils et évidemment, il faut le mentionner, à la limite physique très variée de l’audition chez l’humain. Par conséquent, la qualité du processus entre énormément en ligne de compte afin de bénéficier de résultats optimaux. La cryo n’est pas une valeur ajoutée à un produit ; dans le sens littéral du terme, je la décrirais plus comme une régénération physique de la matière. Éléments qui, seulement après ce type de traitements, pourront transférer l’énergie à leurs pleins potentiels. Les recherches sur la cryogénie ne sont vraisemblablement pas arrivées à leurs apogées. Les études sur les bénéfices font encore parties des programmes de recherches les plus actifs sur la physique moderne y compris la physique quantique. Or, nous touchons possiblement que la pointe de l’iceberg en matières d’avantages pour ce merveilleux monde qu’est la haute fidélité audio.