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UN DVD ASSEZ RÉCENT

L’ÉLIXIR D’AMOUR
OPÉRA DE DONIZETTI
Avec Nadine Sierra, Sarah Dufresne, Liparit Avetisyan,
Boris Pinkhasovich et Bryn Terfel.
Direction : Sesto Quadrini.
Mise en scène : Laurent Pelly.
Opéra Royal de Covent Garden, 2023.
Interprétation
 : *****
Technique : *****

Notre opéra de fin d’année 2024 est un très joyeux moment de 2 h 20 min. L’Opéra de Covent Garden, à Londres, a eu la remarquable idée de filmer, lors de la reprise de 2023 (la cinquième de cette production), l’un de ses spectacles les plus iconiques : L’élixir d’amour mis en scène par le français Laurent Pelly, dont nous avions déjà recommandé la mise en scène hilarante de La fille du régiment du même Donizetti.

Nous sommes ici dans une Italie rurale des années 1950, avec une communauté de travailleurs agricoles. Des panneaux publicitaires vantent l’élixir de Dulcamara, magique contre la Costipazione et l’Impotenza. Et c’est nul autre que le vétéran Bryn Terfel qui enfile les habits du charlatan. Nadine Sierra, faisait, pour l’occasion, ses débuts à Londres et charma tout le monde. Son tandem le Nemorino de Liparit Avetisyan fonctionne à merveille, alors que Boris Pinkhasovich en rajoute à l’envi dans le machisme de Belcore et fanfaronne avec un aplomb impressionnant.

Pour nous, Québécois, s’ajoute l’intérêt de voir dans la distribution de cette soirée, bien tenue par le chef Sesto Quadrini, la brillante Sarah Dufresne en Giannetta. L’ensemble, bien éclairé, est filmé avec justesse par Rhodri Huw.

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NOUVEAUTÉS PLUS OU MOINS RÉCENTES


ROBERT SCHUMANN
Concerto et œuvres pour violoncelle.
Kian Soltani Camerata Salzbourg, Julien Quentin (piano).
Deutsche Grammophon, 486 6489.
Interprétation : ****
Technique : ****

Kian Soltani est un violoncelliste autrichien, né dans une famille d’origine perse, qui avait grandement surpris dans une interprétation magistrale du Concerto pour violoncelle de Dvořák avec Daniel Barenboïm en 2020. L’artiste, qui a la chance de jouer sur le Stradivarius dit London, ex Boccherini d’une sonorité riche et moelleuse, confirme tout le bien que l’on pensait de lui dans un Concerto de Schumann allégé et transparent où il dirige la Camerata Salzbourg. Son sens du cantabile et du legato est magnifique et la musique ne s’enlise jamais.

Le Concerto est complété par quatre pièces brèves adaptées pour violoncelle et orchestre et par huit mélodies, dont une de Clara Schumann, transcrites par Soltani pour violoncelle et piano. Plutôt que de coupler le Concerto de Schumann avec un autre concerto pour violoncelle, cela nous vaut un disque très chaleureux qui va droit au cœur.

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PENE PATI
Nessun Dorma.
Pene Pati (ténor),
Orchestre National Bordeaux Aquitaine,
Emmanuel Villaume.

Warner Classics, 5054197897702.
Interprétation : *****
Technique : *****

Vous avez envie de découvrir un ténor qui vous fasse vibrer ? Voici Pene Pati. Il est originaire des Îles Samoa et il s’est formé à la musique en Nouvelle-Zélande. Il est aujourd’hui âgé de 37 ans et aucun ténor sur le marché ne fait autant penser à Pavarotti que lui. Ce n’est pas à proprement parler la même voix, mais il y a un sens du rayonnement, une lumière qui rappellent son glorieux devancier. Nous avons entendu Pati pour la première fois il y a quatre ans, et ce qui est à la fois magnifique et rassurant, c’est la sagesse et la qualité avec lesquelles il évolue.

Il attaque ce récital avec le fameux Nessun dorma de Turandot , symbolique de ce florilège d’airs pour ténor des répertoires français et italiens, qui se distingue par le simple bonheur du beau chant. Pene Pati est à son meilleur dans La Bohème de Puccini, dans Werther de Massenet et Faust de Gounod. Il y a aussi de très beaux ensembles, avec son frère Amitai Pati (superbe duo d’Il bravo de Mercadante), et, pour finir, un incandescent trio Tu possèdes, dit-on de La Juive d’Halévy avec Amina Edris. La direction d’Emmanuel Villaume est parfaite de culture et d’attention.

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VOCES8
Nightfall.

Decca, 487 0458.
Interprétation : ****
Technique : *****

On est ici dans la limite très inférieure de ce qu’on pourrait appeler le classique, mais avec un ensemble qui, dans le genre, mène ses projets de manière référentielle. Voces8 est formé de huit chanteurs qui ont développé une couleur d’ensemble absolument parfaite. Cette fusion et la pureté des voix éthérées amènent le groupe à explorer volontiers des musiques planantes.

Or, le répertoire choral contemporain regorge désormais de musiques qui peuvent s’apparenter à la discipline appelée néoclassique, ou musique d’ambiance. Dans ce programme inspiré par la nuit, Voces8 convoque quelques rares classiques, comme Max Reger ou Hugo Alfven et beaucoup de néo-quelque chose : Ludovico Einaudi, Max Richter ou le Sud-Coréen Jaeil Jung, auteur de Squid Game et Parasite. Decca et Voces8 nous vendent des lignes vocales rêveuses sculptées aussi par Sigur Rós, Koji Kondo, la Britannique Lucy Walker et Taylor Scott Davis.

Vous avez le choix entre planer ou pogner les nerfs, mais ceux qui planeront, planeront très haut, car c’est sacrément bien fait.