SYLVAN

Sceneries
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w.sylvan.de

Le groupe allemand Sylvan, qui existe depuis la fin des années 1990 nous propose son huitième album, double de surcroît et fort attendu. Le trio fondateur, Marco Glühmann (voix, paro- lier), Volker Söhl (claviers, piano) et Matthias Harder (batterie) est toujours bien accroché à son poste tandis que Sebastian Harnack (basse) et Jan Petersen (guitares) se sont quant à eux ajoutés au fil des ans. Sceneries repose sur cinq « actes » de 15 à 20 minutes chacun, et répartis en 3 ou 4 parties étalées sur deux disques bien garnis. Chacun des chapitres traite de pro- blèmes existentiels vécus par les musiciens. Bien que le rythme soit généralement lent, l’atmosphère sombre à souhait et le contenu  passablement éthéré, certains passages plus rapides, comme dans la pièce Farewell To Old Friends viennent accentuer des sentiments souvent ambigus. Complètement différent des deux derniers albums, plutôt éclatés et accessibles, Sceneries nous ramène à l’époque bénie des œuvres impénétrables qui nous offraient une réelle détente mais aussi une période de réflexion salvatrice. Pour couronner le tout, la voix angoissée de Glühmann, qui rappelle celle d’Hogarth ajoute une petite saveur « à la Marillion », à un ensemble passablement inspiré. Sceneries risque fort de devenir un monument essentiel de toute discothèque de rock progressif qui se respecte !

RPWL

Beyond Man And Time
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w.rpwl.net

Cette formation germanique, fondée à la fin des années 1990 par Rissettio, Posti, Wallner et Lang, lesquels ont prêté leurs initiales pour lui forger un nom (RPWL), nous revient avec son cinquième album. Malgré les remplacements en cours de route de Phil Paul Rissetio et de Chris Posti, Yogi Lang (voix, claviers) et Kalle Walner (guitares) conservent ces quatre lettres bénies qui ont un impact tellement positif dans la communauté progressive ! Werner Taus (basse), Markus Jehle (claviers) et Marc Turiaux (batterie) se sont ajoutés avec le temps, à ce qui est en voie de devenir un groupe phare du rock progressif allemand et que certains n’hésitent même pas à comparer à Porcupine Tree. Si les premiers opus étaient parfois un peu « emprun- tés », une personnalité forte et distinctive ne tarda pas à se forger, laissant toute la latitude voulue à Monsieur Lang pour catapulter sa bande vers les plus hauts sommets. Beyond Man and Time perpétue cette tradition de musique directe, ficelée comme un saucisson et d’une efficacité redoutable. Les onze pièces de l’œuvre s’enchaînent au rythme de mélodies toutes aussi plai- santes les unes que les autres, d’harmonies complexes et de variations pointues à la guitare, comme seul Walner sait les concocter. Des éléments progressifs assez classiques, des atmosphères psychédéliques et des ballades coulantes s’entremêlent dans un son art rock parfois ésotérique, et donc impossible de s’ennuyer avec un tel cocktail ! La voix retenue et triste de Lang est omni- présente et scelle un ensemble qui risque de devenir un autre RPWL dont on ne peut se passer. Encore une fois, cette troupe germanique dépareillée nous livre un produit hors du commun et incontournable !

AIRBAG

All Rights Removed
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w.airbagsound.com

Airbag est un quintette norvégien composé d’Asle Tostrup (voix), de Bjørn Riis (guitares et voix), Jørgen Hagen (claviers), Henrik Fossum (batterie) et Anders Hovdan (basse). All Rights Removed est son second opus, le premier étant Identity (2009). Dans la même lignée que celle de compatriotes tels Gazpacho ou Nordagust, Airbag propose une musique feutrée, coulante, un brin psychédélique et dans laquelle les influences de la formation culte Pink Floyd sont assez palpables. De facture complètement atmosphérique, on a parfois l’impression de partir ail- leurs. La voix mielleuse de Tostrup et les guitares étirées de Riis encadrent très bien ce climat onirique, sombre et surréaliste que semblent privilégier de plus en plus de groupes nord euro- péens. Les six pièces sont plutôt lentes et langoureuses et les passages rapides, bien que ceux existant restent rares. La longue suite Homesick qui dure 17 minutes et  se décline en trois par- ties est incontestablement le moment fort d’un album drôlement bien foutu et d’un esthétisme irréprochable…

CROSS

Wake Up Call
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w.progressrec.com/cross/index2.html

Cross est un groupe suédois, ou plus précisément un projet solo dirigé par Hansi Cross (guitares, claviers, voix, percussions) qu’il a démarré à la fin des années 1980 ; on ne peut donc pas par- ler d’un nouveau venu de la scène progressive suédoise qu’il hante depuis près de 25 ans, avec une discographie de 10 albums studio et un « EP ». Je comprendrai donc si vous me reprochez d’avoir tant attendu à faire paraître ce bonhomme dans cette rubrique… Bien qu’il soit multi instrumentiste, Cross a l’habitude de réunir une impressionnante équipe de musiciens pour cha- cune de ses œuvres, un peu comme le fait Hugo Flores (Project Creation) ou Arjen Lucassen (Ayreon). Cette fois, ce sont deux artistes qui ont collaboré avec lui à la fin des années 1990 et depuis 2004, soit Lollo Andersson (basse) et Tomas Hjort (batterie). À ce trio s’ajoutent trois choristes, un second claviériste et deux violonistes. La musique de Cross est très personnelle et ce dernier propose un rock progressif symphonique qui repose sur une structure mélodique classique, des passages néo progressifs scandinaves caractéristiques avec guitares stratosphé- riques et claviers rapides, de même que des partitions orchestrales voluptueuses, le tout agrémenté d’arrangements vocaux réjouissants. L’ensemble surprend au début à cause de sa com- plexité et de son éclectisme ; il faut quelques bonnes écoutes, à l’instar de groupes suédois de la même trempe comme Moonsafari ou Magic Pie pour participer à la fête. Une fois invité, il est difficile d’en sortir tant cet album est ludique et envoûtant. La suite Waking up qui dure 17 minutes est absolument renversante avec ses passages symphoniques de violon. Décidément, les Suédois n’ont pas fini de nous surprendre !