Alternatives allemandes : Carl Zeiss Planar T* 50 mm f/1.
et Carl Zeiss Planar T* 85 mm f/1.4

Si l’envie de renouer avec des objectifs bien construit comme dans les années 1960 et 1970, voici au moins deux alternatives qui s’inscrivent dans ce créneau. La Cie Carl Zeiss fabrique depuis quelques années des objectifs à focale fixes (11 au total) destinés aux reflex numériques. Ils sont compatibles autant avec les capteurs 35mm (36x24mm) et 22x15mm. Disponibles pour les montures Canon EF (ZE), Nikon F AI-S (ZF), Pentax K (ZK) et monture à visse M42 (ZS). La construction et la fabrication de ces objectifs est de très haute qualité. 100% métal, 100% mise au point manuelle et échelle de profondeur de champ complète, la quintessence en matière d’objectifs de haut niveau. Les optiques Zeiss n’ont pas besoin de présentation, tout comme leur traitement multicouche maison T*. Pour avoir vu lors d’un salon spécialisé en automne 2011 un objectif Zeiss coupé en deux, pour moi il n’y a aucun doute sur la qualité de fabrication.

Dès la prise en main, on sent le poids (380 g pour le 50 mm avec la baïonnette ZE, 330 g pour les autres. 670 g pour le 85 mm avec la baïonnette ZE et 570 g pour les autres). La bague de mise au point est ferme et précise. L’échelle de profondeur bien définie pour les ouvertures comprises entre f/2 et f/16.

Pourquoi un 50 mm fixe de marque générique alors que tous les fabricants en proposent ? Pour se payer un petit luxe et s’assurer d’avoir un 50 mm f/1.4 le mieux aligné autant que possible. Plusieurs 50 mm f/1.4 (toutes marques confondues) peuvent souffrir d’un problème de décentrement. Plusieurs photographes et tests l’ont confirmé. Le type des matériaux utilisés et les lieux d’assemblage sont-ils responsables de cela ? Selon un ami expert qui effectue des tests poussés d’objectifs et qui est en constante communication avec plusieurs fabricants, la réponse est non. Les 50 mm f/1.4 sont plus difficiles à centrer par rapport à leurs homologues qui ouvrent f/1.8. «C’est une question d’ordre optique et acheter un 50 mm f/1.4 c’est comme jouer à la roulette russe. On ne sait pas sur quel exemplaire on va tomber au niveau de l’alignement», m’a-t-il déjà répondu lors d’un entretien.

Des objectifs allemands fabriqués au Japon !
Sous les objectifs, la mention Made in Japan est inscrite. Intrigué par cette mention, j’ai contacté le représentant Canadien qui m’a répondu ceci : «Les objectifs pour reflex, ainsi que ceux de la série M, sont tous fabriqués chez Cosina au Japon. Cosina est une compagnie indépendante avec qui Zeiss à un contrat en partenariat. La conception et le design de tous les objectifs est fait en Allemagne et ils sont fabriqués chez Cosina sous la supervision de Zeiss en suivant des spécifications très rigides. Tous sont testés avec l’équipement de Zeiss avant d’être mis sur le marché.»

50 mm
La popularité des 50 mm fixe ne se dément pas si l’on se fie au nombre de personne qui en possède un et qui l’utilise. Pourquoi donc une focale aussi courte ? Tout simplement parce qu’il s’agissait de la focale usuelle en 35 mm qui correspondait à la perspective de la vision  humaine. Avec une ouverture initiale de f/1.4, cet objectif se prête aux applications courantes des photographes exigeants. Avec une ouverture aussi lumineuse, le confort de la visée est indéniable surtout en condition de faible éclairage ou en studio.

Pour vous procurer cet objectif vous devrez débourser plus ou moins 200$ de plus que les autres marques puisque son prix de détail est de 725$*.
*Prix de détail moyen au Québec.

85 mm
La focale de 85 mm a  toujours été excellente pour le portrait. Ni trop longue, ni trop courte, elle permet des prises de vues à une distance raisonnable en plus d’être très malléable à main levée, et ce, autant en studio qu’en extérieur. Elle a très peu ou pas du tout de distorsion géométrique, ce qui fait d’elle un excellent objectif sur un banc de copie. Disponible en version f/1.8, certains fabricants l’offre également en version f/1.4, sauf Canon qui offre une version f/1.2 au lieu de f/1.4. L’alternative Zeiss f/1.4 peut donc s’avérer intéressante d’autant plus qu’il y a 600$* d’écart par rapport au EF 85 mm f/1.2L et plus de 400$* d’écart par rapport au Nikon AF-S NIKKOR 85mm f/1.4G.

*Basé sur les prix de détails moyens actuellement en vigueur au Québec, en date de juin 2012.

Mise au point manuelle
Pourquoi donc me direz-vous acheter ou utiliser des objectifs à mise au point manuelle alors les boîtiers reflex sont tous à mise au point automatique depuis 1985 ? Pour faire de la photographie relaxe (paysage, de rue) ou tout simplement en studio. La mise au point est assistée par le témoin de mise au point dans le viseur. Malgré une bague de mise au point plutôt serrée, il faut vraiment être attentif au témoin car il est facile d’être hors-foyer en mise au point avant ou arrière. Le verre de visé destiné à la mise au point automatique n’offre aucune référence pour effectuer la mise au point manuellement. Un verre de visée classique avec un stigmomètre entouré d’un réticule est de mise. Les fabricants d’appareil en proposent pour certains modèles de boîtiers à verre interchangeables. Fait intéressant, ils sont même adaptés aux objectifs ultra-lumineux afin de procurer une plus grande facilité de mise au point.
J’ai la chance d’avoir une excellente vision qui m’évite de porter des lunettes. En plein jour, j’ai eu peu de difficulté à faire la mise au point assistée. Ce autant avec un boîtier à petit capteur qu’un boîtier 35 mm. Même que c’était plus facile avec un boîtier 35 mm. Peut-être une question de viseur (plus grand et plus lumineux)? Par contre, pour les prises de vues de soir, cela était plus difficile. J’ai tenté par tous les moyens d’acheter un verre de visée à mise au point manuelle, mais ils sont vendus sur commande spéciale seulement. J’aurais aimé voir la différence, mais le manque de temps et la date de renvoi des exemplaires fournis m’ont empêché de le faire.

Qualité optique
La qualité optique du Carl Zeiss Planar T* 50 mm f/1.4 est excellent. Le rendu chromatique est précis et Zeiss garantit la neutralité de son traitement multicouche, ce qui signifie que les couleurs ne sont pas saturées artificiellement et que le contraste n’est pas exagéré. Par la multitude des tests que j’ai effectués (extérieur, intérieur au flash et de nuit), je peux d’emblée le confirmer. Il en est de même pour le Carl Zeiss Planar T* 85 mm f/1.4.

Au niveau de la définition, le piqué est au rendez-vous pour les deux objectifs et la netteté bord/centre est très homogène. La finesse des détails et perceptible. Les amoureux du piqué ou les photographes exigeants sur ce point y trouverons leur compte. Le 85 mm comporte 9 lamelles de diaphragme à la géométrie quasi circulaire, ce qui procure des arrière-plans flous très doux et agréables, surtout en portrait. En photographie de soir, j’ai pu visualiser l’effet circulaire avec des sources lumineuses vives. Les objectifs avec moins de lamelles, les sources lumineuses vives font des pointes qui s’apparentent à des étoiles.

En situation de contre-jour, il n’y a pas de flare et aucune aberration chromatique. Que demander de plus sachant que les capteurs sont plus exigeant que les pellicules.

Photographie au flash
J’ignore si ces objectifs sont pourvus de micro-puce qui communique la distance de mise au point au flash en mode E-TTL. Après vérification avec le représentant, ce dernier m’a dit que le montage d’un objectif Zeiss sur un boitier Nikon ou Canon ne devrait pas affecter la précision de l’exposition au flash. Néanmoins, toutes les prises de vues réalisées au flash externe en intérieur ont toutes été aléatoires au niveau de l’exposition, il vaut mieux alors travailler à l’ancienne avec le capteur optique externe du flash, à condition d’avoir un modèle qui en soit muni et qui permet de débrayer le TTL pour passer sur le capteur externe.

Échelle de profondeur de champ
Excité à l’idée de retrouver une véritable échelle profondeur champ pour réaliser des hyperfocales, j’ai fait quelques essais à f/5.6, f/8 et f/11. Pour avoir travaillé il y a plusieurs années avec des échelles de PDC, je savais qu’il était parfois nécessaire de placer le symbole de l’infini en plein centre sur la ligne de repère, parfois légèrement décalé au tiers dessus selon les objectifs. Malheureusement, tous mes essais ont été infructueux car toutes les images étaient plus ou moins hors foyer… Que ce soit avec un boîtier à petit capteur ou 35 mm. Cela est sans aucun doute ma plus grande déception compte-tenu de grande attente que j’avais à ce niveau.
______________
Mes appréciations pour les deux objectifs
Points positifs :
Qualité de fabrication.
Bague de mise au point ferme.
Rendu chromatique neutre et fidèle.
Qualité optique de haut niveau.
Pare-soleil à baïonnette inclus.
Pare-soleil qui tient bien en place.

Points négatifs :
Hyperfocale impossible à réaliser.
Exposition au flash externe aléatoire.
Capuchon d’origine qui tient mal ou pas avec un filtre installé sur l’objectif.
Le prix du 50 mm.

Fiche technique :
Carl Zeiss Planar T* 50 mm f/1.4

Plage d’ouvertures : f/1.4 à f/16
Mise au point minimale : 45 cm
Conception optiques : 7 éléments en 6 groupes
Nombre de lamelles de diaphragme : 9
Filetage de filtre : 58 mm
Poids : 330 g / 380 g (ZE)
Dimensions : Diamètre de 66 mm et 48 mm de long (ZE)
Montures disponibles : ZE (Canon EF), ZF (Nikon F), ZK (Pentax K) et ZS (Filetage M42)
Prix de détails moyen : 725 $

Fiche technique :
Carl Zeiss Planar T* 85 mm f/1.4
Plage d’ouvertures : f/1.4 à f/16
Mise au point minimale : 1 m
Conception optiques : 6 éléments en 5 groupes
Nombre de lamelles de diaphragme : 9
Filetage de filtre : 72 mm
Poids : 570 g / 670 g (ZE)
Dimensions : Diamètre de 77 mm et 65 mm de long (ZE)
Montures disponibles : ZE (Canon EF), ZF (Nikon F) et ZK ( Pentax K)
Prix de détail moyen : 1280 $

http://corporate.zeiss.com/