Imaginons un adolescent de 16 ans qui s’amusait à démonter les pancartes portant la mention « Interdit aux Nomades », ou qui, lorsqu’il en avait le temps, découpait seulement la partie portant les mots « Interdit aux… » pour ne laisser que « …Nomades ».
Et bien sur remettre la pancarte sur son piquet, au même endroit, quand ce n’était pas plutôt d’aller la replanter dans le jardin de la Mairie de Choisy le Roi, en banlieue de Paris. M’empêcher, moi adolescent, de voir s’installer ces gens du voyage, c’était me priver de la fête foraine qui allait battre son plein dans ma ville, pour quelques semaines, avec toutes ses attractions, tous ses manèges, toutes ses lumières et tous ces bruits de vie. De là la raison de ne rien interdire aux Nomades et surtout pas le droit de s’installer provisoirement sur la place pour nous donner ma fête attendue.
La passion pour la musique des gens du voyage est venue bien plus tard, lorsque l’adolescent est devenu adulte.
Thierry Titi Robin, c’est mon exemple parfait pour caractériser la musique des gens du voyage, car lui on peut dire qu’il en est un digne représentant! Et bien sur, comme le veut l’usage, pour partager la musique et jouer sans frontière, le mélange sera souvent parfait, comme le font chaque fois les Gitans lorsqu’ils rencontrent des manouches, des Rroms, des Romanichelles, des Sinti, des Yéniches, des Bohémiens et d’autres en d’autres lieux. Le nom important peu, seul le partage de la musique compte.
Difficile de recommander Thierry Titi Robin dans un mélange particulier. Il vaudra mieux y aller au « comment on se sent » et si on est dans une passe gitane espagnole –grâce à l’album Gitans– ou dans un partage Pakistanais –avec celui fait avec Faiz Ali Faiz. Pour débuter et pour découvrir, je recommanderais bien sur le double magnifique Alezane, parce qu’il faut bien aider le lecteur, l’orienter un peu, surtout si c’est une découverte totale pour lui, le talent pur n’étant pas toujours bien connu, bien diffusé. Et puis bon, il faut aussi commencer par quelque chose… A moins que le lecteur soit suffisamment curieux pour partir à la découverte de lui-même et choisir ce qu’il veut, ce que je lui souhaite vraiment, avoir de la curiosité et de l’audace. Avec Titi Robin, on ne risque rien d’autre qu’un peu de partage en musique et en poésie avec des textes comme : « …met ton cœur à la fenêtre, je pourrais mieux le voir! » ou « …mon âme est si proche de la tienne, que ce que tu rêves, je le sais ».
