By CARLOS SAURA
La trame sonore du film en magasin le 7 septembre

Montréal, septembre 2010 — Dans Fados, le réalisateur Carlos Saura utilise la poésie et l’image d’une manière unique et originale pour décrire la naissance de cette musique des docks de la banlieue de Lisbonne, ce concentré de toutes les musiques nées à la fin du 19ème siècle et qui s’est étendu de l’Angola au Brésil. Il a réintroduit au coeur du chant la danse qui, à l’origine de sa création, était présente. Au cœur même du récit, la trame sonore du film mêle dans une symphonie unique de la voix et du corps les plus grands interprètes de ce style musical…. Mariza, Carlos do Carmo, Cuca Roseta, Camané, Amalia côtoient des artistes phares de la chanson brésilienne tels que Caetano Veloso ou encore Chico Buarque. Un pur ravissement.

Note d’intention du réalisateur Carlos Saura
J’ai découvert le Fado dans les films tournés au Portugal avec Amália Rodrigues. Ses chansons, tout comme celles d’Imperio Argentina et les tangos de Carlos Gardel, ont marqué mon enfance de l’après-guerre. Durant ces années d’éveil, ces sons et ces images se sont gravés à jamais dans ma mémoire. Le Fado ne devait plus jamais me quitter.

J’ai visité une première fois le Portugal à la fin des années 50, en route vers Lisbonne. Le pays m’a semblé déprimé et le peuple agréable et triste. Sur la radio de Salazar, on entendait souvent l’unique et magnifique voix d’Amália Rodrigues. Ce n’est que plus tard, à l’occasion d’autres voyages, et à travers mes amis portugais et mes amis espagnols qui avaient travaillé au Portugal, que je découvrais d’autres chanteurs de Fado tels que Marceneiro ou Carlos do Carmo, pour ne citer que les plus connus, dont j’écoutais les disques et les cassettes. Un jour, j’ai tout abandonné pour un amour impossible et fui mon pays. Je suis parti en voiture vers le Portugal avec la drôle d’idée de ne jamais revenir. C’était une merveilleuse expérience dont je n’ai, malheureusement, gardé aucune photo.

Durant le voyage, j’ai acheté des cassettes de Fado et j’ai écouté ces voix merveilleuses d’hommes et de femmes qui chantaient une tristesse proche de la mienne. Lorsqu’on m’a proposé de faire un film sur le Fado, je n’ai pas réfléchi à deux fois : c’était comme retrouver quelque chose que j’aimais qui s’était caché dans la boîte à souvenirs. Avant de donner ma réponse, j’ai dépoussiéré mes disques et mes cassettes et m’y suis replongé pour m’en imprégner autant que possible. Par la suite, mes producteurs m’ont envoyé une telle quantité de matériel sonore et littéraire qu’il m’en reste encore à découvrir.

Jusque là, mes fréquents voyages à Lisbonne et les visites dans les lieux où régnaient le Fado m’ont apporté une profonde connaissance de cette musique et, plus que tout, la chance d’avoir rencontré des artistes exceptionnels tels que Carlos do Carmo, Mariza ou Camané. Des voix prodigieuses… mais aussi Lucilla do Carmo, Teresa de Noronha et bien d’autres merveilleux Fadistas. La découverte également d’un Portugal différent, moderne.
Aidé dans cette recherche par mon ami Ivan Dias, grand connaisseur en la matière, nous avons tenté de concilier un thème qui nous est cher : la relation du Fado avec le Brésil et l’Afrique – des “Modinhas” au “Fado batido” (fado rythmique) – avec l’intention de retrouver des chansons et des rythmes de ces allers et retours qui ont tant enrichi la musique de nos pays.

Fados est mon huitième film musical. Mon intention était d’aller au-delà de mes précédentes expériences en travaillant avec les artistes d’un pays et d’une ville, Lisbonne, que j’aime depuis de nombreuses années.”
Carlos Saura (extrait du dossier de presse).