2019: Compilation 2xHD Fusion – Audiophile Analog Collection vol. 1

La recherche impossible de la perfection!

Album: Audiophile Analog Collection vol. 1

En test: 2019; vinyle; 180g;
Test pressing 2xHD-RL1801;
Test pressing 2xHDFTV1143-4

Étiquette: 2xHD; 2xHDFTV1143

Récemment, j’ai eu le plaisir d’interviewer René Laflamme à propos de ses passions, qui incluent entre autres l’enregistrement, la confection de microphones, et récemment la restauration de bandes maîtresses et la réalisation de copies fidèles à l’original de ces bandes. Le disque dont je fais la critique présentement est le premier vinyle produit par 2xHD, son entreprise en collaboration avec André Perry. Il s’agit d’un extrait de différents enregistrements réalisés par M. Laflamme, par Jean de La Durantaye et un exemple majestueux de restauration de matériel préenregistré.

C’est aussi un exemple frappant de la complexité de réaliser une reproduction vinyle digne de ce nom. N’importe qui peut prendre ses fichiers numériques et les envoyer en reproduction, et c’est le plus facile à graver pour les entreprises : tous les filtres dans le tapis, on met le minimum de qualité pour ne pas que ça saute et on produit exactement ce que la personne désire obtenir, et voilà. Mais dans ce cas-ci, c’est l’opposé : tenter d’obtenir le maximum de qualité, et au diable les chaînes stéréo inadéquates, la filtration est conservée au strict minimum ! Un second but est de tenter de rester dans le monde analogique : aucun appareil numérique utilisé pour la réalisation de ce disque.

J’ai la chance d’avoir pu tester deux disques d’essais : le tout premier envoyé ainsi que le tout dernier en date d’écriture, soit le cinquième. C’est difficile de décrire la quantité de travail réalisé par Matt Lutthans dans ce projet, à tenter de maximiser la qualité du produit, tout en s’assurant que le disque ne saute pas chez M. et Mme Tout le Monde. Le problème est que les enregistrements n’ont aucun filtre : une porte ferme dans une pièce adjacente ? On l’entend. Un système de chauffage démarre ? Il y a un bruit de fond supplémentaire. Aucune réduction du bruit de fond ambiant, aucune coupure du petit cliquetis d’un pied qui tape au sol. Beaucoup de basse, aussi, à des fréquences qui sont difficiles à tracker pour une aiguille et potentiellement décentrée et déphasée. Et il ne faut pas oublier les aigus qui ne sont pas en reste, avec des fréquences dépassant de beaucoup les normes CD. Beaucoup de dynamisme, des attaques foudroyantes. Bref : on ne s’en sort pas, le travail de gravure est un défi majeur et il faut réaliser des choix déchirants entre la qualité et la facilité de reproduction.

Et ce ne sont pas nécessairement les pièces qui semblent les plus complexes qui représentent le plus de problèmes. L’époustouflante version de Pink Panther ne causera probablement pas de problème pour la majeure partie des gens, mais Leaving pourrait peut-être ajouter un peu de crépitement sporadique si votre aiguille ne peut supporter les très hautes fréquences. La deuxième face est là où tout se passe, avec l’ensemble de percussion Katjar dont les caisses se promènent sur la scène sont un problème de déphasage majeur qui rend l’écoute impossible si son aiguille n’est pas parfaitement alignée (l’aiguille va carrément sauter). Mais même la musette de l’excellente flutiste Marie Saintonge est un problème potentiel où le disque pourrait sauter, et que penser de la finale avec la toccata et fugue, qui risque les crépitements d’une aiguille qui abandonne le tracking et passe tout droit dans le sillon à la place de se taper l’impossible parcours du combattant.

Mais à l’opposé, plus on rend le disque ténu, moins on est dans le centre de l’action. Une gravure plus simple enlève l’attachement viscéral qu’on obtient, on n’est plus aux premières loges, on est à la vingtième rangée : c’est toujours extraordinaire et exaltant, mais ça ne vient plus nous chercher autant, on ne se fait plus décoiffer. C’est là où les test pressings sont nécessaires : laisser la chance à la personne à la gravure la chance de s’essayer, de tester, de tenter, de voir les limites et où les pistes sont problématiques. Ensuite, de modifier les ajustements de la platine de gravure à la volée en même temps que le ruban joue. Dire que pour certains disques, les producteurs ne demandent pas de ces disques d’essai, et font graver immédiatement un millier de disques avec ce qui sort au premier jet.

C’est bien évidemment un test pour votre système de son, mais bizarrement, ce n’est pas un test pour votre aiguille. En fait, vous allez avoir la monnaie de votre pièce, et ce peu importe le prix. Si vous vous achetez une aiguille avec un diamant nu elliptique, vous recherchez la facilité de tracking et donc vous allez pouvoir jouer le disque sans trop de soucis. Si vous vous achetez une aiguille sous le format microridge, vous allez aussi avoir une excellente écoute avec un produit qui peut subir une torture considérable.

J’ai pris le temps d’écrire à propos des problématiques de gravure et reproduction de disque parce que j’ai la chance d’avoir les deux disques de tests : c’est justement l’intérêt de voir tout le travail qui a été accompli entre les différentes versions. La première version est superbe lorsqu’on peut la jouer, mais elle n’est pas jouable si on n’a pas un système parfaitement adapté. Et pour les quelques petits moments qui sont perdus sur la nouvelle version (fort minimes – je regrette légèrement le dynamisme du Musicus Percussion Ensemble), on peut profiter d’une écoute avec très peu de pépins avec la nouvelle version. Si je change un peu les paramètres de ma table afin de la rendre plus susceptible aux problématiques, je peux voir qu’Espérance pourrait potentiellement être toujours difficile à jouer. Mais il faut ce qu’il faut !

http://www.2xhd.com/