Dans cet article je vais décrire l’installation haute fidélité d’un de nos membres du forum de la revue TED par Québec Audio & Vidéo. Par respect pour son intimité, je vais le nommer par son nom d’utilisateur qui est ti-lou, un sobriquet qu’il s’est donné lui-même. Notre ami a passé le cap de la soixantaine mais disons que comme Obélix, il est tombé dans la marmite de la potion magique du son dès son plus jeune âge. À l’âge de 10 ans il s’amusait en cachette sur la chaîne hi fi de son père qui pour les années 50, était très bien constituée. Par la suite son père lui a offert sa première chaîne hi fi qui contenait entre autre un amplificateur à lampes Grommes Little Jewel. Depuis de temps ti-lou n’a cessé d’économiser ses sous pour améliorer continuellement sa chaîne haute fidélité, à la recherche du Nirvana audio. Au fil des années il est devenu musicien et a travaillé dans le monde de l’audio et de la sonorisation. Entretemps les équipements se sont succédé chez lui au fur et à mesure que son budget lui en donnait la possibilité. Donc l’installation stéréophonique qui sera décrite ici n’est pas le fruit du hasard ou d’un gain en capital soudain mais issue d’un long processus d’amélioration continue. Elle est le fruit d’apprentissages et d’une mûre réflexion sur ce que son propriétaire recherche comme sonorité.

Les fondations de la musique
Parlant de fondations, notre ami ti-lou ne demeure pas dans un palace immense mais dans une maison unifamiliale confortable dans laquelle une bonne partie du sous-sol a été aménagée en salle d’audition. Avant de décrire en détail sa chaîne haute fidélité, je peux vous dire qu’à ma connaissance c’est une des meilleures installations stéréophoniques qui m’a été donné d’entendre dans ma vie d’audiophile et de chroniqueur audio. Les sources sont constituées d’un transport CD Nagra CDT relié à un sur échantillonneur 24 bits dCS Scarlatti et à un convertisseur numérique/analogique dCS Scarlatti qui sert également de préamplificateur grâce à son contrôle de volume numérique. Viennent ensuite une table tournante VPI 30ième anniversaire équipée d’une cellule à bobine mobile Lyra Delos. Le préamplificateur phono est temporairement un Phonomena II qui est appelé à être changé pour un Aesthetix Jupiter IO. Le signal du Phonomena II est acheminé dans un préamplificateur à lampes dbx 326 pour être ensuite converti en signal numérique par un convertisseur professionnel Apogee Rosetta 200. Cette configuration de la table tournante peut sembler compliquée mais elle est nécessaire pour que son signal analogique soit accepté dans les entrées numériques du convertisseur dCS Scarlatti. La troisième source est un serveur musical constitué d’un ordinateur PC équipé d’une carte de son professionnelle Lynx AES 16e. La dernière source et non pas la moindre est un récepteur MA/MF Dynalab MD 90 dont le signal analogique est numérisé par un convertisseur Digital MPA II du fabricant ART. Le câblage est assuré par des marques comme Siltech, Transparent et Shunyata. Le filtrage du courant est effectué par des appareils Shunyata et Hydra Vray.

La voix de la musique
Pour les muscles des cordes vocales nous avons affaire à deux amplificateurs monophoniques Omega du fabricant Classé Audio. Ces colosses peuvent fournir une puissance de 500 watts dans une impédance de 8 ohms et doubler leur puissance à 1000 watts dans 4 ohms. Si vos enceintes présentent des pointes en bas de 4 ohms, pas de problème car les Omega peuvent pomper 2000 watts à 2 ohms. Les cordes vocales sont quant à elles constituées d’une paire de superbes enceintes Alexandria X2.2 du fabricant Wilson Audio. Inutile de vous dire que leurs deux énormes woofers de ces «tops of the line» étaient contrôlés au doigt et à l’œil par les Omega. Mais comme notre ami ti-lou est un insatiable de la musique en vraie grandeur, il a jugé bon de supporter les basses fréquences de ses Alexandria X2.2 par un caisson de grave Thor’s Hammer du même fabricant. Ce dernier est équipé des son filtre/égalisateur de fréquence Wilson Controller et pour amplifier le tout, rien de moins qu’un amplificateur Krell Evolution 402e qui peut délivrer la bagatelle de 400 watts par canal dans 8 ohms et le double dans 4 ohms. Ce dernier est stéréophonique au cas où ti-lou déciderait de rajouter un autre Thor’s Hammer si l’envie lui en prend!

La musique vraie grandeur
Pour ma part c’est la deuxième fois que j’ai eu l’occasion de me caller confortablement dans le sofa de ti-lou afin de déguster son installation de très haut calibre. J’ai été témoin d’une partie de son évolution et le meilleur compliment que je puisse faire à son égard c’est que pour une des rares fois dans ma carrière de chroniqueur audio, je peux mettre le mode analyse de mon cerveau à OFF, tout oublier et me laisser emporter par la musique. Bref j’écoute de la musique plutôt que d’écouter des équipements. À certains moments je me suis surpris moi-même à taper du pied et hocher de la tête pour marquer le tempo. Il m’est même arrivé de jouer du «air guitar» les yeux fermés et simuler les mouvements d’un batteur. Heureusement que mes deux confrères d’écoute étaient compréhensifs et indulgents à mon égard sinon j’aurais pu être pris pour un givré dans une salle de spectacle enfumée des années 70. Que vous écoutiez un enregistrement d’un concert rock live ou une la prestation d’un orchestre symphonique, c’est comme si vous étiez présent sur place grâce à une image stéréo hyper précise et fixée dans le béton. Avec une telle dynamique il vous est possible d’écouter jusqu’à plus de 100 db sans que la migraine vous prenne à la tête. Même les mauvais enregistrements passent sans acidité exacerbée et avec des timbres qui demeurent précis pour autant que ces derniers ne soient pas dénaturés au départ.

Nous avons écouté quelques fichiers en haute résolution mais la majeure partie de nos écoutes s’est effectuée avec des CD et des vinyles. Donc pour ceux qui prétendent que le CD est mort, je vous mets au défi d’en écouter sur une chaîne hi fi de ce niveau et de goûter à l’efficacité d’un vrai sur-échantillonnage effectué dans les règles de l’art. Évidemment vous allez me dire qu’aux montants investis dans cette installation il est normal voire même prohibitif d’obtenir cette qualité de reproduction sonore. Mais une chaîne hi fi comme celle de ti-lou n’est justement pas normal ni habituelle. Elle est hors du commun et devient une référence à force de peaufinage et d’ajustements fins de tous ses paramètres. Si vous avez la chance d’en écouter au moins une dans votre vie, vous allez comprendre que le Nirvana sonore existe et que le chemin pour y parvenir est une longue quête. Pour un chroniqueur audio comme moi, l’écoute d’une chaîne de ce calibre est un pur délice et un cadeau empoisonné à la fois car tout ce qui me sera présenté par la suite risque d’être moins bon. Conséquemment je sais qu’à mon retour chez moi, je serai exposé de nouveau à ma chaîne hi fi relativement modeste et passer par une petite période de déprime. Mais je me console en me disant qu’au bout d’une semaine, je serai remis du virus ti-lou.
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