Rock Progressif – ISILDURS BANE & PETER HAMMILL

In Disequilibrium

Plus de 50 ans de carrière, 41 albums solos, 13 Van Der Graaf Generator et d’innombrables collaborations, Peter Hammill est un vétéran du rock progressif qui n’a plus besoin de présentation. Et ça ne semble pas ralentir avec deux parutions au cours de l’année 2021 In Translation son 41e opus solo et In Disequilibrium, seconde collaboration avec le groupe suédois Isildurs Bane. La précédente, In Amazonia (2019), m’avait beaucoup plu et c’est donc avec joie que je constate que l’expérience a été renouvelée. Chacune des œuvres d’Isildurs Bane met à contribution une équipe remarquable de musiciens touchant pratiquement à tous les instruments possibles, qu’ils soient électriques, électroniques, à vent, à cordes ou qu’il s’agisse de percussions. Soulignons les capacités orchestrales absolument remarquables de cette formation nordique.

Au fil des ans, cette dernière coopère souvent avec des artistes majeurs du rock progressif en leur proposant des services clés en main. Pour un créateur comme Peter Hammill et dont les collaborateurs habituels ne semblent simplement plus capables de le suivre, cette alternative est tout indiquée. Même s’il travaille habituellement seul, il éprouve encore et désespérément le besoin de participer à des aventures de groupe. Se retrouver dans un autre ensemble que VDGG lui donnera un regain d’énergie et c’est souvent le Peter Hammill des belles années que l’on retrouve dans ces deux opus britanno-suédois.

Ce dernier disque semble encore plus réussi. Le morceau titre, qui dure 25 min, est divisé en trois parties et renoue avec ses albums solos sortis à la fin des années 1970 et au cours de la décennie 1980, particulièrement dans les passages hard et tordus qui soutiennent un texte corrosif et impénétrable ; rappelons The Future Now, PH7 et Black Box.

On a évidemment droit à tous les registres de cette irremplaçable voix que l’on voudrait éternelle. À l’opposé, la suite de 19 min Gently (Step By Step), scindée en quatre chapitres, se veut beaucoup plus posée, symphonique et ésotérique.

Cette union entre un monument du rock progressif britannique et un ensemble impressionnant d’une dizaine de musiciens et de compositeurs d’expérience nous fait découvrir, sous un éclairage nouveau, un artiste en pleine forme qui fait partie de nos vies depuis des décennies. In Desiquilibrium n’est pas un autre album solo d’Hammill et encore moins un quasi VDGG, mais plutôt une nouvelle façon de redécouvrir un monstre intemporel et plus grand que nature qui n’a pas encore fini de nous étonner.

https://isildursbane.bandcamp.com/