La flexibilité par petite boîtes

Optoma est reconnu dans le monde du cinéma maison comme un fabricant de projecteurs qui sort des sentiers battus. Ses appareils ont toujours eu un excellent rapport qualité-prix. Le H77 présenté en 2004 représente à mon avis le premier projecteur phare chez Optoma.
À l’époque, aucun concurrent ne pouvait offrir un rapport de contraste natif aussi grand avec autant de luminosité. Lorsque les puces DMD « Full HD » ont été rendues disponible, Optoma fut avec le HD81 l’un des premiers manufacturiers à offrir un projecteur 1 920 x 1 080 à un prix compétitif. Malheureusement, malgré sa qualité d’image, il ne pouvait être considéré que par une poignée d’enthousiastes. Les restrictions de placement étaient extrêmes et très problématiques pour les hobbyistes qui avaient des plafonds de 7 pieds et moins. Cette fois-ci, Optoma adopte une autre approche. Le HD86 n’offre pas moins que trois choix de lentille (courte, régulière, longue). Une première pour un projecteur de ce prix. Il semble donc qu’Optoma ne veuille plus se contenter d’une poignée d’acheteurs potentiels. Ajoutez un iris dynamique, l’interpolation d’images, une garantie de 3 ans et une politique de zéro pixel défectueux et je sens un avenir prometteur.

Description technique
Lorsque la salle de courrier m’eut averti que j’avais deux boîtes qui m’attendaient à la réception, j’était très curieux du contenu potentiel de la deuxième boîte. Je savais que le projecteur HD86 devait arriver précisément cette journée. Étant un acheteur impulsif sur Internet, il m’arrive à l’occasion d’oublier certains achats. J’étais donc curieux de constater quel était le contenu du colis surprise. Je fus donc étonné de trouver dans celui-ci, une lentille régulière (1.54 à 1.93:1) que je devais installer moi-même. Optoma offre donc deux autres lentilles (1.93 à 2.90:1 et 0.77:1) pour un léger supplément. Le projecteur est noir lustré avec le tour de la lentille d’un argent brossé. Le trou béant au centre de l’appareil est intimidant et j’ai rapidement installé la lentille, de peur que de la poussière n’aille tenir compagnie à la puce DMD. Une installation extrêmement facile. Il ne s’agit que d’insérer la lentille et de tourner un quart de tour dans le sens des aiguilles d’une montre. Un clic se fait entendre quand elle est bien en place.

Le projecteur comprend un ajustement de zoom et de mise au point manuel à même la lentille. Il est aussi possible d’ajuster l’image de façon verticale et horizontale. Les petites roulettes sont situées sous un panneau sur le dessus de l’appareil. Le projecteur offre beaucoup de flexibilité et je ne parle même pas des choix de lentilles supplémentaires. Avec la lentille régulière et un écran de 100 pouces de diagonale, le projecteur peut se retrouver n’importe où entre 11 pieds et 2 pouces et 14 pieds de distance. Pour une installation au plafond, le haut de l’écran ne pourra se situer à plus de 5 pouces du centre de la lentille. À titre d’exemple avec la lentille courte, le projecteur sera à une distance fixe de 5 pieds et 7 pouces et avec la lentille longue, entre 14 pieds et 21 pieds.

Toutes les connexions se retrouvent derrière l’appareil. Le projecteur HD86 possède 3 entrées HDMI 1.3, une entrée composante, une entrée VGA pouvant servir d’entrée composante avec le câble approprié, une entrée composite, de même qu’une entrée S-vidéo. Sont également offerts un port RS-232 qui peut être utilisé pour contrôler l’appareil via un ordinateur ou autre système, une entrée USB pouvant être utilisée pour effectuer des mises à jours et deux déclencheurs 12 volts. Un de ses déclencheurs pourrait être relié à un système d’ouverture de rideau alors que l’autre peut être activé via la télécommande, parfait pour une lentille anamorphique.

Étrangement, on retrouve derrière l’appareil un endroit spécifique pouvant accueillir la deuxième télécommande format carte de crédit. Celle-ci remplace les boutons de contrôle qu’on retrouve normalement, directement sur le boîtier. Cette petite télécommande ne contient que l’essentiel ; donc, aucun bouton de raccourci. Elle peut servir de dépannage si vous voulez changer quelque chose rapidement et que vous ne désirez pas chercher sous vos sofas, où inévitablement, les télécommandes perdues se retrouvent toutes un jour ou l’autre. La télécommande principale est très fonctionnelle avec un rétro éclairage permettant de bien distinguer les principaux boutons dans l’obscurité. On y retrouve entre autres les ajustements de Brightness et Contrast ainsi qu’un ajustement d’images idéal pour l’utilisation d’une lentille anamorphique.

Calibration et mesures
Les fabricants offrent de plus en plus des appareils précalibrés qui donnent une image plus qu’acceptable à la sortie de la boîte. Le HD86 fait partie de ceux-ci. J’ai utilisé la fonction Cinéma 2 qui est très proche de la couleur recherchée de 6500 K et qui donne un gamma de 2.15 (cible 2.2). L’échelle de gris est pratiquement parfaite et je n’ai pas eu d’ajustement à faire de ce côté. Le triangle de couleurs REC709, quant à lui, peut nécessiter un peu plus d’attention. Par défaut, le projecteur HD86 d’Optoma est un peu riche en rouge et en vert, mais le bleu, lui, respecte la norme. Les couleurs secondaires ont elles aussi besoin d’un peu d’ajustement. Le CMS (Color Management System) du HD86 permet d’effectuer une calibration pouvant satisfaire les perfectionnistes. De base, les couleurs ne sont pas  désagréables du tout et, pour être honnête, j’aime personnellement une saturation en rouge plus élevée que le standard. Le rouge REC709 étant à mon avis, un peu trop orangé.
Le HD86 possède plusieurs fonctions d’améliorations d’images. Je n’utilise pratiquement jamais ces fonctions parce qu’elles apportent la grande majorité du temps, des artéfacts facilement identifiables. L’option Pure Motion est essentiellement une interpolation d’images. Cette fonction est de plus en plus fréquente. Une image supplémentaire est créée et insérée entre deux images en interpolant l’information des deux images successives originales. Il existe trois niveaux d’agressivité. À mon avis, seulement le premier niveau peut être acceptable; les autres niveaux produisant des artéfacts trop faciles à identifier. Bien que je pense que la technologie ait un certain intérêt ; elle n’est malheureusement pas encore au point. Lorsque nous l’utilisons pour un film, l’imagerie perd de sa qualité et fait plutôt penser aux romans-savons présentés en après-midi.

L’option Pure Color augmente la saturation des couleurs, mais le résultat final est moins naturel. Personnellement, je ne l’utiliserais qu’avec des dessins animés. La dernière option d’amélioration d’images s’appelle Pure Detail et elle permet d’optimiser la courbe gamma par scène. L’effet est plus visible pour les scènes sombres. Pour les scènes d’espaces de Star Wars par exemple, les étoiles deviennent plus brillantes. Mais l’effet fait perdre une dimension à l’image et chaque étoile semble, tout d’un coup, être de même luminosité. J’ai donc choisi de ne pas l’utiliser pour mon évaluation. Je vous invite par contre à faire vos propres tests. Le HD86 permet de séparer l’image en deux, permettant ainsi de faire une comparaison directe entre l’image actuelle et l’image bonifiée via les fonctions « Pure ».

Le projecteur HD86 possède deux iris. L’iris dynamique est très efficace en mode Cinema 1. J’ai utilisé la scène d’ouverture du film Star Wars Attack of the Clones. Un synopsis défile à l’écran sur un fond d’étoiles. Au début, on ne voit que quelques étoiles et plus l’écriture défile, plus l’image devient claire, jusqu’à ce que le texte disparaisse à nouveau. Avec cette scène, on pouvait facilement voir l’effet de l’iris sur le projecteur XV-Z15000 de Sharp testé dans ce numéro. On ne voit rien sur le HD86 d’Optoma.

Le mode Cinema 2, lui, est plus agressif et réagit différemment. On voit le changement de luminosité, mais l’effet n’est pas si dérangeant. J’ai quand même opté pour l’iris en mode Cinema 1 pour la majorité de mes visionnements. Le deuxième iris est manuel et permet de bien contrôler la luminosité. Il y a 9 positions possibles.

J’ai surtout utilisé le mode Cinema 1 avec l’iris le plus fermé, réduisant ainsi la luminosité au maximum. J’utilise un écran à haut gain de seulement 88 pouces de diagonale en format 16 x 9. Le projecteur donne 180 lumens avec l’iris à cette position. L’ouverture à 9 multiplie par 4 les lumens disponibles… vous en voulez plus ? Avec la lampe à Bright, vous gagnez un 25 % supplémentaire (900 lumens), mais attention à vos oreilles. Le projecteur, qui n’était que faiblement audible, devient beaucoup plus bruyant. Le contraste natif déçoit avec seulement 2 000:1. Par contre, avec l’iris dynamique enclenché et l’iris manuel à 5, vous pouvez obtenir jusqu’à 14 000:1. Je suis persuadé qu’on peut obtenir beaucoup plus avec une image plus froide, mais non utilisable dans un contexte de cinéma maison.

Qualité d’image
Un seul mot pour décrire la performance du HD86. « Impressionnant » ! Je sais que je répète souvent le même type de commentaires concernant les projecteurs DLP, mais leur effet tridimensionnel est à mon avis supérieur aux autres technologies. La grande précision de l’image ainsi que le haut niveau de contraste ANSI n’est sûrement pas étranger à ce phénomène. En effet, les projecteurs DLP ont souvent deux fois plus de contraste ANSI que les technologies concurrentes. Toutefois, l’effet n’est probablement pas aussi marqué dans une salle de cinéma maison non optimisée. Ma salle étant totalement noire, l’avantage des projecteurs DLP est plus notable. Autre point important, la fluidité d’images. Les technologies ACL, D-ILA ou SXRD peuvent afficher toutes les couleurs instantanément. Comme si chacune des images était peinturée. Cette image complète, lorsque  suivie d’une image différente (mouvement rapide), occasionne un flou parce que votre cerveau garde la première image en mémoire. On appelle cet effet Sample and Hold en anglais. Sur les projecteurs DLP, l’image est composée de millions d’itérations via des miroirs minuscules, oscillant constamment en synchronisation avec la roue de couleurs. Ce procédé a d’autres inconvénients, comme l’effet arc-en-ciel ou encore des noirs avec plus de bruits parasites ; mais il permet tout de même une image plus fluide parce que l’image est toujours en évolution pour votre cerveau. Les fabricants de projecteurs ACL, D-ILA ou SXRD ont dépensé beaucoup en recherche et développement pour améliorer la fluidité d’images de leur produit. L’interpolation d’images est une résultante de ces recherches.
Il existe aussi un autre procédé qui insère une image noire entre deux images successives pour casser l’effet d’images retenues ou encore, la façon la plus simple, qui consiste à augmenter le nombre d’images présentées (120 Hz, 240 Hz). J’ai visionné mes vieux classiques, plus quelques nouveautés, pour bien analyser cette bête. La tridimensionnalité est très présente dans le film Ironman. À certains moments, on imagine être dans l’action. Les scènes où Tony Stark est prisonnier dans la grotte révèlent une multitude de détails. Par contre, la profondeur des noirs me laisse un peu sur ma faim. Après avoir vu les mêmes scènes sur un projecteur à technologie D-ILA, on comprend bien que l’iris dynamique de l’Optoma a ses limites. Par contre, lorsque l’image devient plus claire, la précision d’images et les couleurs sont à couper le souffle. Même conclusion pour le film Harry Potter et le prince au sang mêlé. Dans beaucoup de scènes sombres, j’aurais aimé voir un noir plus noir ; mais aucun projecteur sur le marché n’excelle encore à ce niveau, à mon avis. La verdure, les teintes de peau sont très naturelles, sans contredit une grande force de l’Optoma. Night at the Museum me semble encore une fois rendu avec beaucoup de réalisme, si l’on peut vraiment dire ça de personnages de cire qui prennent vie à chaque nuit. Le hockey en HD ne montre aucune faiblesse et la fluidité de mouvement rendrait jaloux les projecteurs D-ILA que j’ai eus en essai.

Conclusion
Une fois de plus, Optoma nous donne un produit solide avec un brin de nouveauté. La possibilité de commander une lentille adaptée à vos besoins : du jamais vu à cette échelle de prix. L’iris dynamique permet d’apprécier davantage les scènes sombres grâce à l’augmentation du contraste dynamique. Une calibration d’usine sans grande faute et un CMS, permettant d’ajuster les couleurs à la quasi perfection. Une luminosité pouvant atteindre 900 lumens après calibration est très utile, si vous avez des idées de grandeur. Bien sûr, j’aurais aimé avoir des noirs encore plus noirs. J’aurais aimé que l’iris dynamique ne soit jamais détectable, quelque soit la scène. Mais souvent, il faut arrêter de rêver et prendre plaisir à ce qui s’offre à nous dès maintenant.

Renseignement generaux:

Prix : 9 999 $ CDN
Garantie : 3 ans, pièces et main-d’oeuvre (échange express de l’appareil);  et pour la lampe : 1 an
www.optoma.ca

Médiagraphie
Ironman, Blu-ray
Star Wars 2 – Attack of the Clones, DVD
Harry Potter and the Half Blood Prince, Blu-ray
A Night at the Museum, Blu-ray
Spears & Munsil (calibration), Blu-ray
Avia, DVD
Hockey HD, Illico HD