Petite histoire du Vin…

Les connaissances actuelles nous permettent de constater que la vigne et le vin font partie de la vie humaine depuis la préhistoire. Il semble que nos ancêtres du néolithique qui pratiquaient déjà la chasse et la cueillette aient domestiqué la vigne entre le 6ème et le 5ème millénaire avant notre ère dans la région du Caucase. On a retrouvé en Iran sur les parois internes de poteries des résidus d’acide tartrique, un des principaux composants du vin, datant de 7 500 ans… La culture de la vigne s’est ensuite répandue en Mésopotamie pour poursuivre autours du bassin Méditerranéen en Égypte vers -3 000 et en Grèce vers -2 500. On pratique la culture de la vigne à Marseille dès 600 avant JC.

vigne.egypte.001L’ancêtre de la vigne est la lambrusque, raisin sauvage qui avec la domestication donnera la variété de vitis viniferas, les cépages nobles, cultivés partout aujourd’hui. C’est d’ailleurs une invention gauloise qui révolutionnera le commerce et le transport du vin : le tonneau en bois très résistant qui remplacera l’amphore si fragile.

Les auteurs latins comme Pline l’Ancien et Columelle citent des dizaines de cépages et il en existe aujourd’hui plusieurs milliers. Il faut quand même attendre notre 19ème siècle pour voir apparaître l’ampélographie, science dédiée exclusivement à l’étude de la vigne, des espèces et des variétés : les cépages. Pierre Galet dans son Dictionnaire encyclopédique des Cépages identifie plus de 2 500 cépages. Il est certain que les premiers vins sont probablement dus à un accident de la nature et que l’Homme découvrant ses bienfaits n’a cessé de parfaire son savoir par essaies et erreurs.

jare_ancienne_vinCe sont donc les conquêtes romaines qui feront fleurir la vigne en pays conquis jusqu’à ce que l’Empereur Domitien en l’an 92 fasse interdire la plantation de la vigne et ordonne l’arrachage de 50 % du vignoble méditerranéen, interdiction qui ne sera levée que 200 ans plus tard par l’empereur Probus (232 – 282). C’est alors que les vignobles bordelais, languedociens et rhodaniens s’épanouiront pour se rendre jusqu’à nous. On doit aux Gallo-romains d’avoir développé et perfectionner la culture de la vigne et les procédés de vinification par la technique du vieillissement en fut de chêne.

Le déclin de l’Empire romain au 5e siècle porte un coup au développement de l’agriculture gauloise et c’est alors l’Église qui maintiendra la culture de la vigne afin de combler les besoins des rites sacerdotaux de la messe. En ces temps du début du christianisme, on communie sous les deux espèces : le pain et le vin. C’est d’ailleurs des ecclésiastiques qui, au travers les siècles et les voyages de découvertes, transporterons des boutures de vignes afin d’assurer la production de vin pour la bonne marche des rites de l’Église. Un grand merci aux moines dédiés aux plaisirs de Bacchus ! ! !

barriques_tonneaux_anciensLa première boisson fermentée fut l’hydromel faîte à base de miel. La bière qui daterait de 6 000 ans avant JC fut progressivement remplacée par le vin par les légions romaines en territoires conquis car en effet, la civilisation gréco-romaine privilégie le vin à la bière qui est alors considérée comme la boisson des barbares du nord. On cultive de l’orge et du houblon dans les régions moins favorables à la culture de la vigne. À noter également que la bière faite le matin est consommée dans la journée alors qu’il faut beaucoup plus de temps pour la fermentation des raisins et la fabrication du vin. Habituellement, le peuple consomme de la bière tandis que l’élite et la noblesse consomment plutôt du vin considéré comme un produit des dieux. Il faudra attendre Charlemagne (742 – 814) pour voir fleurir les moines brasseurs et donner à la bière ses lettres de noblesse, mais revenons au vin.

charlemagne

En 800, Charlemagne prend des mesures pour améliorer la qualité du vin dans une ordonnance qui stipule :
« Que nos intendants se chargent de nos vignes qui relèvent de leur ministère, et les fassent bien travailler, qu’ils mettent le vin dans une bonne vaisselle et qu’ils prennent toutes les précautions pour qu’il ne soit gâté d’aucune manière. »

Ce sont alors les communautés religieuses qui pour la plupart développent les vignobles afin de fournir le vin de messe et par conséquent les vignobles appartiennent aux cathédrales, aux églises et aux communautés religieuses qui les gèrent contribuant à la création des vignobles de qualité existant encore aujourd’hui comme Clos Vougeot et les Hospices de Beaune en Bourgogne.

Déjà à la fin du 10ième siècle, Bordeaux, seule région viticole à ne pas être sous influence de l’Église, commence à se développer. Le duché d’Aquitaine, uni à la couronne d’Angleterre par le mariage d’Éléonore d’Aquitaine avec le dauphin anglais Henry Plantagenet, remplit les flottes anglaises de clairet dont les Anglais raffolent.

La plus grande partie des vins fabriqués de l’antiquité à la fin du moyen-âge étaient produits en grande quantité et les cépages blancs ou noirs étaient foulés ensemble pour produire des vins sucrés, rouges pâles qui ne comptait que 5 ou 6 % d’alcool. Ces vins avaient de la difficulté à voyager et arrivaient souvent à destination, vinaigrés. On devrait d’ailleurs à un Britannique ou à un Hollandais l’ajout de brandy dans les vins du Douro avant le départ du Portugal pour l’Angleterre afin de les fortifier pour le long voyage à entreprendre; le Porto était né.

chateau_haut-brion_etiquetteC’est vers 1650 qu’Arnaud III de Pontac devient propriétaire de Château Haut-Brion et produit pour la première fois un vin de « réserve » fait à partir d’une sélection des fruits et surtout mis en bouteille à la propriété. On pourra apprécier à Londres, à la taverne Chez Pontet, le premier vin embouteillé et la plus ancienne marque de luxe au monde : le Château Haut Brion.

Il faudra tout de même attendre Louis Pasteur (1822 – 1895) au 19ème siècle pour comprendre le fonctionnement des levures afin de contrôler la fermentation et enfin l’œnologue Émile Peynaud (1912 – 2004) qui révolutionnera les procédés de vinification dans la dernière moitié du 20ème siècle. Il faut comprendre que le vin d’aujourd’hui bénéficie de techniques complètement ignorées de nos ancêtres. Il est probable qu’on n’a rien à envier aux vins servis à la table de Louis XIV ou encore de Cléopâtre

phylloxeraEncore deux points importants : le phylloxéra, un insecte ravageur, importé par mégarde des États-Unis d’Amérique ravagera 75 % du vignoble européen en infectant les racines des plants de vignes.
1863 : dans le Gard au sud de la France.
• 1865 : dans les Bouches du Rhône en France et au Portugal.
• 1866 : c’est le tour de Bordeaux.
• 1871 : en Suisse.
• 1872 : Cognac en France et en Autriche.
• 1874 : en Allemagne.
• 1877 : en Espagne.
• 1878 : la Côte d’Or en Bourgogne.
• 1879 : en Italie.
• 1890 : la Champagne y passe…

On réussira à vaincre l’insecte au début du 20ème siècle en greffant les plants de Vitis Viniferas européens sur des racines de Vitis Lambrusque américain mais dans le processus, on réduira la vie des plants greffés de moitié. Un cep de vigne préfiloxérique vit 100 à 120 ans alors qu’un plant greffé ne donnera des grappes que pour 50 à 60 ans. Si l’on calcule qu’un plant donne son plein potentiel vers l’âge de 20 ans, le phylloxéra est un insecte qui a coûté très cher à l’humanité.

Enfin un dernier point qui contribuera à assurer une constance dans la qualité des vins sera la création, en France, des appellations contrôlées, AOC, que l’on doit au Baron Pierre Le Roy de Boiseaumarié (1890 – 1967). Il fondera l’Institut National des Appellations d’Origine (INAO) en 1935. Les autre pays producteurs de vins suivront.

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Les Hospices de Beaune fondés en 1443 par Nicolas Rollin, chancelier de Philippe Le Bon Duc de Bourgogne, et de sa femme Guigone de Salin sont un exemple parfait de vignoble du moyen-âge ayant survécu jusqu’à aujourd’hui.

Les Hospices de Beaune, fondé pour venir en aide aux pauvres de la région, assurera ses revenus par la vente des vins du domaine. Les patients plus aisés ont fait don aux Hospices de parcelles en remerciement. Encore aujourd’hui l’encan des vins des Hospices de Beaune se tient le troisième dimanche de novembre et 2014 présentait la 154ème enchère des Hospices. Les vins sont vendus en pièces soit en fût de 288 bouteilles et doivent y être embouteillées avant l’exportation. Pour déguster de l’histoire et de la géographie…

hospice_beauneLa SAQ nous offre présentement quelques produits provenant des Hospices de Beaune des millésimes 2009, 2011 et 2012.
Ce Pouilly-Fuissé, une AOC de 1936, provenant d’une parcelle offerte aux Hospices par Françoise Poissard en 1994 est produit à partir de 100 % Chardonnay provenant de vignes âgées de 35 à 90 ans et offre au nez et en bouche une fraîcheur et une longueur exceptionnelles ; amandes, pomme golden et minéralité. 2010 est d’ailleurs un excellent millésime pour la France en général et pour la Bourgogne en particulier.

• SAQ : #11960040 @ 59 $ la bouteille de 750ml.
……..#11960007 @ 129 $ le magnum de 1500 ml.

Guy_lenoir_2014Guy Lenoir
Sommelier-conseil
guylenoir@outlook.com
https://www.vinetpassion.com