<!--:fr-->Nouvel album : Chopin : mazurkas (intégrale) – Janina Fialkowska<!--:-->

ATMA Classique, ACD2 2682
Chopin : des mazurkas dans la tradition

Guy Marceau – Collaboration spéciale

Grande spécialiste de la musique de Chopin, Janina Fialkowska vient de graver l’intégrale de ses mazurkas, enregistrée en 2012-13 dans la superbe acoustique de la salle Raoul-Jobin du Palais Montcalm de Québec. L’écoute en continu et chronologique du corpus de 51 pièces devient intéressante pour qui en fait une écoute active et rigoureuse, sachant aussi que ces danses à trois temps, fortement influencées par le folklore polonais, sont reliées à un pan de l’histoire de Chopin. Œuvres de jeunesse, ou de maturité (on se plaît à penser à ce qu’aurait composé Chopin s’il avait vécu au delà de ses 39 ans…), elles épousent toujours cet amour inconditionnel qu’avait le compositeur pour sa patrie et son folklore. Conçues entre 1830 et 1849, année de la mort du compositeur qui affectionnait particulièrement ce genre, les mazurkas de Chopin foisonnent de belles mélodies, de rythmes inventifs et de sonorités nouvelles. Premier réflexe, réécouter la version qu’en a faite Arthur Rubinstein (celle de 1965-1966) qui fut un grand mentor pour Fialkowska. Presque 50 ans plus tard, il est évident que la version de Janina Fialkowska s’inscrit dans cette tradition de rigueur, de clarté, de précision où tout est en place, impeccable, mais avec notamment moins d’élan, comme si une retenue (ou est-ce un désir volontaire d’exploiter l’intériorité de l’homme et son destin ?) ne favorisait pas toujours l’éclat et le chant. Les voies intérieures…

Cela dit, voilà une solide interprétation, par une solide interprète. Le jeu clair, concentré, les nuances du texte, les atmosphères rustiques et galantes, les trouvailles harmoniques, les mélodies séduisantes, tout cela est fait de très belle manière, pour ne pas dire de façon irréprochable. Cette version est certes un document très fidèle au texte, à la pensée et l’esprit du maître polonais. Bien que la mazurka soit d’abord une danse, elle est plus qu’une miniature au rythme ternaire. Et techniquement, elles ne sont pas toutes faciles, et les petits pièges sont tous évités sous les doigts de Fialkowska. Si la pianiste ne s’épanche pas trop (elle le pourrait, le texte, ici et là, le permet !) elle reste toujours fidèle aux indications du compositeur. La poésie, la mélancolie, la fougue et l’inventivité parsèment ce corpus, et les microclimats trouvent 10 doigts aguerris pour les exprimer. On sent que Mme Fialkowska aime profondément cette musique. Dire enfin que les intégrales ne sont pas légion, et que pour prendre la mesure de ce corpus, dont la composition s’est échelonnée sur toute la courte vie de Chopin, on a là de quoi se sustenter sans se tromper. Après en avoir redécouvert quelques-unes, ce sera un bonheur d’y retourner, livret en mains, question de mieux apprécier encore des œuvres mues par l’esprit et le cœur d’un génie du piano.

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