Né en Italie, cette fois-ci!


Ah l’Italie ! Son histoire, ses légendes, ses paysages magnifiques, ses plats exquis, ses vins de Toscane, ses cafés lattés, ses Opéras, sa musique en général ! Et la créativité de ses designs dans tous les domaines ; quelle maîtrise des beaux objets… Tel cet intégré qui nous a été confié : l’Unico Secondo d’Unison Research. De prime abord, vous ne remarquerez pas immédiatement que cet appareil vient d’Italie, parce qu’Unison Research a dû se conforter à une apparence qui va séduire le continent américain ; forte épaisseur de la face avant, taille générale du coffret, présentation globale. Et puis, en y regardant bien, la signature italienne se découvrira, avec une touche de bon goût par-ci par-là, quelque chose qui le démarquera à tout coup et dont l’heureux propriétaire restera fier. Mais face à la très grande forêt des intégrés disponibles aujourd’hui, saura- t-il se démarquer ? C’est ce que j’ai tenté de voir et de vous décrire ici.

L ’intégré Unico Secondo arrive dans une double boîte en carton fort, pour bien le protéger de ceux qui voudraient le malmener. Des blocs de mousse de polypropylène le maintiennent en place dans la boîte ; c’est conventionnel mais très efficace. L’appareil est livré avec un manuel d’instructions en deux langues (l’italien et l’anglais – seule la partie consacrée au « recyclage futur » est en français), un câble d’ali- mentation standard mais de fort calibre et une télécommande. J’ai été gratifié de deux télécommandes, une en bois foncé et l’autre en cerisier naturel. J’en ai conclu que la télécommande foncée devait accompagner l’appareil version noire et que l’autre était destinée à la version argent.

C’est un modèle version noire qui est arrivé chez moi pour le test avec une face avant anodisée noire, mais plus brillante que ce que je rencontre d’habitude, je dirais comme joliment plus lustrée. Le logo doré est encastré dans un ovale fait de bois véritable ; c’est le seul élé- ment qui nous rappellera que les constructeurs italiens marient souvent le bois et le métal dans leurs présentations d’électroniques. Deux gros boutons rotatifs occupent la face avant, avec pour tâches de commander la sélection des sources (à gauche de la face avant) et le contrôle de volume (au centre). L’interrupteur principal est situé en avant et sur le côté droit, ce qui peut s’avérer pratique si vous souhai- tez installer l’intégré Unico Secondo entre deux étagères, en veillant bien sûr à lui donner assez d’espace pour le refroidir. Deux diodes vertes, situées à droite de chaque bouton rotatif, clignoteront rapidement pendant environ trente secondes dès l’allumage, pour ensuite éclairer en continu et vous indiquer que tout est normal. Les deux DEL clignoteront lentement en cas de mise en protection thermique, jusqu’au retour d’une température normale de fonctionnement. L’ensemble du coffret est en métal non magnétique et complètement anodisé noir.

La connectique
La partie arrière laisse entrevoir des possibilités de connexions confortables avec une paire de connecteurs XLR pour votre source et surtout pour pouvoir brancher en mode symétrique votre lecteur de disques compacts, quatre entrées RCA classiques (dont une Phono), une double connexion pour enregistrements et une sortie variable qui pourra servir à votre caisson de basses ou à piloter un autre ampli de puissance. Les branchements dédiés aux enceintes sont à prises doublées, très pratique pour le mode bicâblage. Rien à redire des connecteurs choisis, que du standard mais de très bonne qualité. Je souligne ici que toutes ces connexions sont directement installées sur le circuit imprimé pour s’affranchir des fils de liaisons.

La technologie
L’intégré Unico Secondo est un appareil à technologie hybride, technologie utilisant des tubes (2 x ECC83/12AX7) en préamplification et des transistors (2 paires de transistors complémentaires Mosfet par canal) pour la partie puissance. C’est une technologie qui a fait ses preuves, qui rencontre même des inconditionnels et qui me laisse, à chaque fois que je la rencontre, un souvenir de musicalité et d’enchantement sonore. Pour certains mélomanes, dont je fais partie, ce serait comme associer le meilleur de chaque monde, la douceur et la finesse d’une préamplification orchestrée par des tubes et la nervosité, la précision, sans oublier le côté nerveux des transistors de puissance Mosfet (Metal Oxyde Semiconductor Field Effect Transistor donnant l’acronyme M.O.S.F.E.T.). On a souvent reproché aux transistors Mosfet d’être un peu « secs », moins moelleux, moins ronds que leurs frères de puissance les bipolaires ; vrai ? Peut-être, car certains « experts » le disent… Mais ce que je peux vous dire en vous ayant décrit quelques spécimens d’enceintes au cours des numéros précédents, c’est que ces enceintes ne manquaient pas, elles, de rondeurs, certaines étant même franchement « grassettes » ! Les deux fonctions

rotatives seront, pour l’une (le sélecteur de fonctions) uniquement mécanique et pour l’autre (le contrôle de volume) motorisée. Lacommande de fonction est directement soudée sur le circuit imprimé et c’est une tringle de métal qui assurera le changement de position jusqu’au circuit, ce qui évite de créer des liaisons câblées. Le constructeur n’a pas retenu les contacts par relais pour ses entrées, comme il n’a pas jugé bon d’accorder plus de possibilités à sa télécommande (on ne peut qu’augmenter ou baisser le volume). Ce sont des choix de constructeurs tout à fait respectables et si ces choix ont permis à Unison Research de placer cet énorme transformateur toroïdal, de l’enfermer dans un blindage, de créer des alimentations surdimensionnées, parfaitement filtrées et séparées pour chaque étage, d’utiliser un radiateur très sérieux (mais que j’aurais plus apprécié anodisé noir), sans oublier une paire de prises XLR et une carte phono, pourquoi pas ? Un petit sacrifice pour mon confort d’utilisation au profit d’un appareil qui n’a pas de faiblesse dans son concept, je suis preneur ! Pas vous ?  La carte RIAA utilise des puces NE5532 et offre la possibilité d’accommoder des cartouches à aimants ou à bobines mobiles. L’étage d’égalisation se fait de manière active pour les basses fréquences et en configuration passive pour les hautes fréquences, ce choix, nous disent les ingénieurs d’Unison Research, ayant été dicté par des tests écoutes plus convaincants. Le montage général du Unico Secondo peut être qualifié de très soigné, avec une disposition des différents étages bien pensée et bien réalisée. Une fabrication que l’on jugera d’emblée comme remarquable.

L’écoute

L’Unico Secondo d’Unison Research a été associé à deux types d’enceintes, l’une utilisant des woofers de 12 pouces de diamètre et l’autre appartenant à la famille des petits moniteurs, afin de se faire une idée du comportement électronique dans chaque cas et surtout de satisfaire les futurs acquéreurs de cet intégré, selon leurs espaces disponibles pour écouter leurs musiques. Quatre disques compacts ont été retenus pour la description qui suit. Je commence toujours par la méthode « douce », qui consiste à écouter une pièce au contenu simple (comprenez avec peu d’instruments en jeu) pour me faire une bonne idée de la présentation générale donnée par cet integer Unico Secondo.

Le mot limpidité me vient immédiatement à l’esprit en présence de l’album de Faiz Ali Faiz & Titi Robin, ici pas de complaisance dans l’amplification, plutôt un grand respect de la prestation. Le oud n’est pas un instrument facile à reproduire, tout comme le violon, ces instruments s’arrangeant difficilement d’électroniques prétentieuses ou qui auraient tendance à en rajouter. Je suis immédiatement surprise de constater la richesse de la voix, quelque chose d’humain et de véridique se définit instantanément. Cette première constatation me rafraîchit la mémoire et me replace il y a quelques années, lorsque j’avais rencontré mon premier intégré hybride dans une boutique de Montréal. Dans la pièce Làge Jiyà (Je suis amoureux), le fait que les musiciens soient placés côte à côte (et non avec le décalage habituel sur la scène, où le protagoniste principal, le chanteur par exemple, est au premier plan) est très bien révélé par l’Unico Secondo. La prise de son de chaque instrument est aussi d’égale intensité, ce qui donne à l’ensemble de la performance une grande définition que l’intégré d’Unison Research traduit bien.

Suit ensuite Pergolèse et sa Missa S. Emidio dirigé par Claudio Abbado. Si l’enregistrement sur étiquette Archiv est une pure merveille,  l’intégré est parfaitement à l’aise et paraît faire ce qui est réellement lu par mon lecteur et capté par les ingénieurs du son. Les effets de présence et d’environnement sont retranscrits sans confusion et les voix, comme je le disais précédemment, sont magnifiées ici encore. Jeressens très bien la distance entre les musiciens et leurs places respectives se laissent deviner. Les lignes d’accompagnement de basse sont limpides et surtout, exemptes de rondeurs qui viennent souvent alourdir notre plaisir. L’Unico Secondo donne dans le raffinement sonore, c’est indéniable.

Si la musique du film Ascenseur pour l’échafaud est un grand moment musical improvisé par Miles Davis, les quatre prises de son différentes du thème qui servira au générique du film (baptisé Nuit sur les Champs Élysées) se remarquent facilement si le système peut suivre et vous transmettre le message. L’intégré Unico Secondo nous fait bien sentir que la cymbale est plus présente dans la prise 2 que dans la prise 1, d’où possiblement la raison de cette seconde prise. Quand je dis que la cymbale est plus présente, je ne veux pas dire seulement plus audible, on s’aperçoit bien que le batteur (Kenny Clarke) joue moins effacé que dans la prise 1. Et ça c’est formidable, de pouvoir res sentir ces informations qui sont plus du domaine de l’émotionnel que d’une simple différence de niveau sonore. Toutes les différentes prises y passent, avec la même constatation ; cet intégré a vraiment le sens de la nuance!  Je demeure fidèle à mes habitudes et comme je ne connais pas les goûts du lecteur qui voudra (avec raison!) prêter une paire d’oreilles attentives à cet appareil, je mélange les choix musicaux. Presque toujours bien enregistrés, musicalement très riches et diversifiés, les œuvres de Björk se présentent souvent comme idéales pour une évaluation de système audio. Dans la pièce The Dull Flame of Desire, avec une batterie constante, un accompagnement programmé et une voix d’homme qui donne la réplique à la chanteuse, on peut s’attendre au pire ; le pire étant la confusion au milieu du morceau et la perte d’intérêt pour l’auditeur. Étrangement, c’est tout le contraire qui se pro duit, avec même une écoute exacerbée par le côté charnel des voix, là où l’intégré Unison Research est le plus surprenant.

Section Phono
Je dois préciser que cette écoute sera une primeur pour moi, car je n’ai jamais eu l’opportunité de pouvoir écouter des vinyles sur un intégré hybride. Il n’y a pas de difficulté en ce qui concerne les réglages de la carte et même si j’aurais apprécié un petit dessin des réglages sur le manuel, tout ceci demeure simple à faire : nous avons le choix entre MM (Moving Magnet / Aimant Mobile) et MC (Moving Coil / Bobine Mobile) pour les premiers cavaliers et positionner deux autres paires de cavaliers pour les réglages de gain (0 dB pour les cartouches MM et +10 dB pour les MC). Bien sûr, je suis certain que votre spécialiste audio se fera un plaisir de vous aider, si besoin est.

Les trois vinyles choisis pour l’écoute sont des disques que j’avais achetés dans des boutiques audio et qui servaient de disques de référence, à une certaine époque. La Symphonie Fantastique d’Hector Berlioz dirigée par Carlos Païta, m’a vraiment fait découvrir ce qu’un vinyle pouvait avoir de meilleur. Dans la pièce La marche au supplice, même si elle n’atteint pas le niveau dynamique qu’on obtient avec un disque compact, c’est vraiment spectaculaire. Le pouvoir de définition de l’Unico Secondo est excellent, surtout pour les cuivres qui se présentent ici comme fabuleux. La finale me fait comprendre pourquoi les vinyles sont de nouveau très prisés. Avec le disque de Jacques Bertin, j’apprécie particulièrement la voix, réelle et envoûtante, avec ce côté humain insurpassable en écoute vinyle. La notion d’espace est facilement définie et, bien au milieu des enceintes, la présence du chanteur dans la salle est indéniable. Je termine avec mon disque fétiche de jazz rock Sweet Smoke pour me rendre compte que la section phono du Unico Secondo est une belle réussite, bien en rapport avec la délicatesse de l’intégré. L’équilibre général est très réussi, sans prédominance particulière de la bande passante. Le jeu de flûte, particulièrement difficile à reproduire, s’écoute avec ravissement, et en oubliant bien vite qu’on est en présence d’un disque vinyle ; ce qui, vous en conviendrez, est un très fort compliment !

Conclusion
Soyez certain que l’intégré Unico Secondo n’a pas seulement qu’un beau registre médium ! Il est équipé de tout ce qui est généralement demandé à un intégré, par un mélomane qui voudra s’en servir longtemps et ne pas regretter son choix. Il possède un registre grave bien présent et subtil, sans rondeur, des aigus définis, limpides, et un registre médium à rendre jaloux des marques très connues et dites « haut de gamme ». J’ai constaté plusieurs fois que si la technologie hybride (tubes en préampli et transistors Mosfet en ampli) est parfaitement mise au point – ce qui est bien le cas avec l’Unico Secondo – le résultat est ravissant, riche en détails et d’une dynamique très convaincante sur toute l’étendue des fréquences. Je peux aussi affirmer que même si les salons sont petits ou grands, que les enceintes associées présentent un faible ou un rendement plus élevé (88 dB et 95 dB pour cet essai), tout sera parfaitement compatible pour accueillir cet integer qui ne manque jamais d’énergie ni de puissance. Et si, comme moi, vous possédez quelques vinyles de collection, cet intégré y fera hon- neur car sa carte phono est réellement à la hauteur de ce qu’on peut exiger d’une électronique de très haute qualité.

Comme certains vins de Toscane, trop injustement méconnus, ne laissons pas une aussi
belle réalisation italienne passer inaperçue!

RENSEIGNEMENTS GÉNÉRAUX
P
rix : 2 750 $, finition couleur argent ; 2 850 $, finition couleur noire et 100 $ pour la carte phono
G
arantie : 2 ans, pièces et main-d’oeuvre
Di
stributeur : Tri-Cell Enterprises, Tél. : 905.265.7870,
www.tricell-ent.com

Médiagraphie
S
upports numériques
Fa
iz Ali Faiz & Titi Robin, Jaadu Magic, Accords Croisés, AC 130
J
. B. Pergolesi, Missa S. Emidio, Archiv, 477 8463
Mil
es Davis, Ascenseur pour l’échafaud, Fontana, 836 305-2
Björk,
Volta, Atlantic, 135868-2

Supports analogiques
H
ector Berlioz, Symphonie Fantastique – Dir. Carlos Païta, Decca, 7659
Ja
cques Bertin, Domaine de joie, Le Chant du Monde, LDX 74701
S
weet Smoke, Just a Poke, EMI Columbia, 2C 062 28 88
[nggallery id=54]