Accréditations de M. David Susilo, PhD: ISF, Control4, CEDIA, THX Certified Professional et Membre  HAA.

Au cours des cinq dernières années, de plus en plus de gens ont utilisé un système de projecteur, et m’ont demandé a multiple reprise quel écran de projection se procurer. Tout comme vous ne pouvez tirer profit de votre caméra dSLR à 2 000 $ avec une simple lentille valant 500 $, et tout comme il faut pouvoir agencer le vin avec la nourriture que vous mangez; le fait est que vous ne pouvez utiliser un projecteur sans un écran approprié. Un projecteur de qualité moyenne placé sur un écran lui étant parfaitement adapté, peut facilement supplanter un projecteur de qualité supérieure dirigé directement sur le mur. C’est une alliance très complexe entre le projecteur, l’écran, la lumière ambiante, la couleur de la pièce et la distance de projection. La meilleure solution est de simplement embaucher un designer de cinéma maison indépendant certifié THX/CEDIA (note : Éviter un designer qui exerce son métier tout en été relié à un magasin, il pourrait y avoir conflits d’intérêt), quoiqu’il soit il est toujours bon de posséder quelques connaissances de base sur les composantes de la recette question de ne pas ce faire guider aveuglement.

Distance de projection
Tout d’abord, vous devez déterminer votre distance de projection. Dans l’arrangement d’un cinéma maison, il est déconseillé de placer vos sièges dans le fond de la pièce contre le mur. Les enceintes acoustiques arrière doivent être situées derrière vous, dans le but de créer une trame sonore enveloppante. Ensuite, les projecteurs sont tous munis de ventilateurs refroidissants. Pour minimiser le son produit par le ventilateur, vous devrez par ailleurs placer le projecteur à une distance d’au moins un pied derrière votre siège, sans oublier que le projecteur en tant que tel aura besoin d’un autre pied de profondeur pour respirer librement. Donc, pour établir votre distance de projection la plus éloignée dans une pièce, il faut mesurer la profondeur de cette pièce en la diminuant de deux pieds, cinq pieds étant par contre l’idéal dans la plupart des cas.

Taille de l’écran
Choisir la bonne grandeur d’écran et le bon rapport de grandeurs aura un impact majeur sur votre jouissance à long terme quant à votre cinéma maison. Ne prenez donc pas ces éléments à la légère. La réussite de l’aménagement de votre cinéma maison dépend par ailleurs encore plus de ces éléments, que du choix du projecteur. Après avoir déterminé la distance de projection, vous pouvez maintenant facilement déterminer la taille de l’écran. Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise taille, par contre deux organismes distincts ont étudié la question et ont dressé certaines règles reconnues. Le premier organisme est le SMPTE (Society of Motion Picture and Television Engineers) et THX tout aussi connu, avec ce dernier l’écran conseillé est plus large question de donner la sensation d’une vue plus enveloppante.

Personnellement je suggère une distance œil-écran égale à 1.5 fois la largeur d’un écran 16:9. Si vous optez pour une installation avec image à hauteur constante muni d’un écran 21:9 (2.35 :1) la distance de visionnement devrait être égale a la largeur de votre écran. À moins que vous ne visionniez seulement des disques Blu-ray avec une qualité de transfert hallucinante, s’asseoir plus près ne sera qu’une torture compte tenu que les artéfacts variés deviendront plus visibles et intolérables.

Gardez également en tête qu’utiliser un écran de 10 pieds de largeur simplement parce que votre pièce fait 10 pieds de largeur n’est pas conseiller. Laissez à l’écran un peu « d’air pour respirer ». Si vous utilisez des enceintes acoustiques conventionnelles, vous aurez généralement besoin d’un espace de un pied de chaque côté du mur pour placer les enceintes, mais le mieux est d’augmenter cet espace à deux pieds. Même si vous installez les enceintes derrière l’écran, vous voulez toujours avoir au moins une longueur d’un pied pour pouvoir respirer de chaque côté (encore là, deux pieds serait préférable) afin d’éviter la réflexion de la lumière de l’écran sur les murs de côtés, car cela peut diminuer le contraste de votre image. (Lire : mauvais niveau de noir) ou, au minimum, une créer une distraction.

Mon conseil : restez conservateur dans la taille de l’écran que vous choisissez, parce que la plupart des projecteurs valant moins de 10 000 $ tendent vers un maximum de luminosité de 12-pieds-Lambert à 22-pieds-Lambert pour environ 120 po de diagonale (à 16:9 en 2D) ou 96 po de diagonale (à 16:9 en mode 3D) selon un standard SMPTE d’un niveau de luminosité 196M. (Note : THX précise que 16-pieds-Lambert est le minimum pour le niveau de luminosité).

Rapport de grandeurs
Le rapport de grandeurs est le rapport entre la largeur de l’écran et sa hauteur. En somme, cela définit les dimensions du rectangle. La tendance populaire des consommateurs pour les écrans vidéo est 16:9, qui est le format standard HDTV. Si vous utilisez un appareil HDTV à écran plat pour votre cinéma maison, vous n’aurez d’autre choix que d’aller pour un rapport de grandeurs 16:9. Néanmoins, en ce qui a trait à la projection, vous pouvez choisir le format 16:9 ou encore le format ultralarge 21:9 (aussi connu sous le nom de « cinémascope », ou en rapport de grandeur de 2,4:1).

Avec un écran d’un rapport 16:9, n’importe quel film présenté en format 21:9 affichera deux barres noires sur l’écran, qui auront comme effet de faire paraître l’image plus petite. C’est ce que l’on appelle une Largeur d’Image Constante; signifiant que sans prendre en compte le rapport de grandeurs, la largeur de l’écran reste la même. Ce n’est cependant PAS l’intention d’un film avec un rapport de grandeur de 21:9. Ces films devraient être présenter sur un écran plus large question de donner un effet plus enveloppant pour chaque scène. C’est ce qu’on fait dans les cinémas commerciaux, il est possible d’y parvenir à la maison en utilisant un écran 21:9. Ainsi, peu importe le rapport de grandeurs, les films auront une Hauteur Constante d’Image.

Pour ma part, je recommande de choisir un écran 21:9, contrairement à un écran de rapport de grandeurs 16:9, tout simplement parce que ma collection personnelle de films est composée (environ) de 500 disque laser (vieille technologie), 1 000 DVD et 800 disques blu-ray, et que plus de 90 % de ceux-ci sont en rapport 21:9. Le reste est un mix de rapports 16:9 et 4:3.

Illustrés ci-dessous : des exemples de différents rapports de grandeurs projetés sur un écran de 16 :9 en Largeur d’Image Constante.



Différents écrans ou toiles : à abaisser,
écran (plat) fixe ou écran (fixe) courbe

Si vous ne disposez pas d’une salle dont la seule fonction est d’accueillir votre cinéma maison, vous trouverez probablement plus pratique d’utiliser un écran en toile à abaisser-relever pour pouvoir désengorger et ranger la pièce après utilisation ou lorsque vous ne visionnez pas un film. Néanmoins, une toile est sans contredit le pire type d’écran, selon moi, parce que celle-ci après quelque temps a tendance à se dégrader, à faire des plis, (elle peut commencer à se plisser à n’importe quel endroit après un an d’utilisation, et ce jusqu’à cinq ans, dépendamment de la température et du taux d’humidité ambiants dans la pièce), ainsi qu’à causer des irrégularités sur sa surface… entrant ainsi en conflit avec les fonctions de l’écran. Les toiles anti-plis utilisent un système de tension qui diminuera les chances de plissements, mais, esthétiquement, ça ne vaut guère le coup.


Dans la plupart des cas, lorsque vous pouvez régler le projecteur dans le fond de la pièce (Lire : longue-portée/ plus près du zoom minimum), je recommande un écran plat fixe. Ces écrans sont très abordables et ne se plisseront pas avec le temps, puisque chaque côté est également mis sous tension derrière le cadre.


Cependant, si vous utilisez un projecteur à courte-portée, ou si vous avez besoin d’installer le projecteur plus près pour un zoom maximum ou d’utiliser des lentilles anamorphiques, un écran courbe vous sera en l’occurrence nécessaire, et ce, parce que le haut rapport de zoom (et l’utilisation des lentilles anamorphiques) fait voyager la distance avec la lumière du point central du projecteur jusqu’au milieu de l’écran pour être visuellement plus petit que les côtés de l’écran, ce qui peut créer une impression visuelle d’affaissement de l’image et/ou du focus sur les côtés de l’écran. Ce type d’écran est évidemment plus cher ainsi que plus difficile à assembler et, en raison de sa nature incurvée, tous les spectateurs devraient se placer dans le champ couvert par la largeur de l’écran pour bien profiter de la présentation.



Et qu’en-est-il des écrans
« acoustiquement transparents » ?

Premièrement, « acoustiquement transparents » est un terme inapproprié. Une fois que vous mettez quelque chose, voire même n’importe quoi en face de vos enceintes acoustiques, ça ne peut jamais être vraiment acoustiquement transparent. Le terme « acoustiquement translucide » serait à mon avis plus adéquat. La véritable question est sous quelle forme de transparence est la translucidité acoustique de l’écran. Tout d’abord, les écrans « acoustiquement transparents » sont en général plus dispendieux qu’un écran plat standard. Les plus abordables sont faits de micro vinyle perforé d’une densité de 200 trous par pouce carré. Ces types d’écrans sont sujets à des démarrages avortés à environ 100 Hz et ont tendance à sauter vers 1 kHz. Je suis fortement contre l’utilisation de ce type d’écran, parce que le résultat final est hautement dommageable pour la qualité audio. De plus, ces types d’écrans micro-perforés ont tendance occassionner du moirer lorsqu’ils sont jumelés à des projecteurs digitaux, nécessitant une distance de projection d’au moins 12 pieds, et les enceintes derrière l’écran ne peuvent être installés qu’à un minimum de 12 pouces de distance.

Le deuxième type d’ « acoustiquement transparent » réside en un écran en tissu spécial. Ceux-ci présentent des perforations pour laisser passer le son de 500 trous par pouce carré à 1 500 trous par pouce carré. Plus le nombre de trous est élevé, et plus l’écran se rapprochera d’être véritablement « acoustiquement transparent ». Par ailleurs, plus le nombre de perforations sera élevé, et le plus près de l’écran vous pourrez vous installer, au même titre que les enceintes acoustiques pourront être placées plus près derrière l’écran. À 1 500 trous par pouce carré, vous pouvez vous asseoir aussi près que 8 pieds de l’écran, sans pour autant être en mesure de déceler la moindre perforation (même si vous essayez très fort), de même qu’installer les enceintes acoustiques à seulement 1 pouce derrière l’écran sans faire onduler l’écran. De plus, à 1 500 trous par pouce carré, les atténuations graduelles de la réponse en fréquence ne débutent qu’à 4 kHz et ne sont seulement détectables qu’à des fréquences plus élevées de 14 kHz, ce qui représente plus ou moins la courbe normale de fréquence de l’appareil auditif pour la plupart des adultes, rendant les atténuations indétectables.


Le gain de l’écran
Tout écran sur le marché possède une cote de « gain ». Certains écrans ont un gain « négatif » et d’autres ont gain « positif ». Le chiffre de la cote de gain représente le rapport entre la lumière réfléchie de l’écran, comparativement à la lumière réfléchie sur un tableau blanc standard (Oxide de Magnésium). Donc, un écran avec une cote de gain de 1.0 va réfléchir la même quantité de lumière qu’un tableau blanc. Un écran ayant une cote de gain de 1.5 va quant à lui réfléchir 50 % plus de lumière qu’un tableau blanc, tandis qu’un écran gris avec une cote de profit de 0.8 va réfléchir 80 % de la lumière réfléchie par un tableau blanc.

Les écrans étant des objets inanimés alors comment ceux-ci peuvent-ils avoir un « gain » ? Un écran avec une cote de gain positive réfléchit davantage l’opacité en direction du centre de la zone de projection, ce qui produit une image plus délavée qui se dirigera plus vers les côtés. Plus haute est la cote de gain, et plus grande sera la différence de luminosité entre le milieu de l’écran et ses côtés. Les écrans de cinéma maison idéaux sont d’un blanc neutre et mat, c’est-à-dire affichant une cote de gain de 1.0. Pour améliorer le niveau de noir, quelques écrans récents nous sont proposés en gris, avec une cote négative de 0.8. De l’autre côté, un vendeur met en marché des écrans avec des cotes qu’il dit être plus élevées que 2.0. Toutefois, à moins que vous ne soyez allé magasiner pour des écrans auparavant, il ne serait pas surprenant que vous ne puissiez être en mesure de savoir ce que veulent réellement dire l’un ou l’autre de ces chiffres.

La plus haute cote a cependant le désavantage connexe d’offrir un angle de vue plus restreint. Avec une cote de 1.0, vous aurez une luminosité équivalente ainsi que des couleurs nettement plus réalistes, et ce, où que vous soyez assis. Plus la cote sera haute et plus l’angle de vue sera restreint, et plus grandes seront les chances d’avoir des « points-chauds » (ce qui se produit généralement lorsque l’on regarde l’écran d’une position « centre », faisant en sorte que la partie du centre sera plus lumineuse que ses contours) au sein de l’écran, lesquels peuvent notamment être dérangeants. De plus, les écrans avec des cotes plus élevées ont tendance à générer des changements de couleurs dans l’image, que le spectateur remarquera en se déplaçant autour de l’écran, regardant celui-ci sous différents angles. Cette anomalie se produit parce que les écrans à cotes de gain élevées ne sont pas conçus pour refléter les couleurs de façon égale. Ainsi, encore une fois, l’image sera différente pour chaque spectateur, dépendamment de l’endroit où celui-ci sera assis. Je recommande donc fortement des écrans dont les cotes varient entre 1.0 et 1.3. Au-delà, je peux personnellement détecter des « points-chauds » et, lorsque l’on atteint une cote de 2.0 ou supérieure, je suis incapable de supporter ces « point-chauds » qui gênent passablement le visionnement.

À propos des murs nus et du Screen Goo
Si vous vous demandez si vous pouvez utiliser un mur nu ou encore le peindre avec un enduit « spécial » nommé Screen Goo (ou encore ses variantes), la réponse est : oui vous pouvez. Est-ce que vous obtiendrez un bon résultat ? Non.

En premier lieu, vous devez vous assurer de rendre le mur 100 % plat, ce qui est pratiquement impossible à réaliser (en plus d’être une perte de temps notable). Par la suite, si vous utilisez le Screen Goo, ou n’importe quel autre type de peinture, vous devez être en mesure de calculer l’épaisseur exacte des couches de peinture pour que la réflectivité de la surface soit égale, ce qui s’avère encore une tâche demandant énormément de temps. Si vous voulez absolument sauver de l’argent sur un écran, procurez-vous à tout le moins le plus économique, et ce, en vinyle tendu. À titre informatif, les prix les plus bas tournent autour de 100 $. Après tout, vous ne serviriez assurément pas un Dom Pérignon Rosé 1998 dans un gobelet de papier non ?