Le manège qui vous fera tourner la tête

Platine vinyle Max de Transrotor,
cartouche Ace SM de Benz Micro

Le monde merveilleux de la haute-fidélité cache parfois des trésors, comme ce fabricant de platine vinyle Transrotor. Cette petite entreprise, située à Bergirch Gladbach en Allemagne, conçoit, fabrique et assemble de superbes platines depuis 1973. Sous la direction de Jochen Räke, la petite équipe de Transrotor produit de véritables bijoux entièrement fabriqués à la main. Le modèle Max, que j’ai eu la chance d’héberger pour un banc d’essai, constitue le bas de gamme de ce manufacturier. Transrotor est peu connue au Québec, alors que ses produits sont étonnamment abordables en regard de son extraordinaire qualité de fabrication et du rendement en résultant. À travers ce banc d’essai, je vous invite à découvrir la platine Max, un produit qui place la barre très haute quant aux performances dans cette catégorie de prix.

C’est devenu une croyance populaire tenace, qu’apparemment il n’est plus possible de produire des appareils haute-fidélité de qualité, à des prix raisonnables, sans que ceux-ci soient fabriqués dans des pays où les salaires sont très bas. De petites entreprises comme Transrotor nous prouvent exactement le contraire. Normalement, on s’imaginerait avoir à débourser autour de dix mille dollars pour une platine qui fait vingt kilos et qui a été fabriquée à la main en Allemagne. Chez Transrotor, on semble avoir trouvé un juste équilibre entre productivité et taille optimale. Transrotor ne fabrique qu’environ mille platines par année et tout y est optimisé afin que les coûts demeurent raisonnables grâce, entre autres, à de bons partenariats avec ses sous-traitants. Transrotor a su innover avec les années tout en restant fidèle aux principes techniques auxquels son fondateur croit. Ni trop grosse, ni trop petite, l’équipe de Jochen Räke exécute son travail à la perfection depuis plus de quarante-huit ans et elle détient un savoir-faire unique. Lorsqu’on réalise que le modèle Max, qui se détaille environ cinq mille dollars, ce qui comprend un bras de lecture, on ne peut que la féliciter devant un tel tour de force. Bien honnêtement, si j’allais sur le marché pour faire l’achat d’une platine vinyle dans cette catégorie de prix, ça ne me gênerait nullement d’avoir à attendre des semaines pour mettre la main sur une Max tellement le produit en vaut le coût. Et que dire de l’esthétique ! Personnellement j’adore ! Par contre, au sein de ma petite communauté d’audiophiles, les avis sont plutôt partagés. Ça va du WOW au je trouve ça trop bling-bling. Une chose certaine, cette platine vinyle ne laisse personne indifférent. Si j’avais à adresser un reproche quant au design de la Transrotor Max, il concernerait la fini ultra-poli qui laisse paraître les traces de doigts instantanément. Préparez vos lingettes de frottage, vous en aurez bien besoin.

Description technique
La platine Transrotor Max
La Transrotor Max appartient à la famille des platines à plateau lourd. La Max ne dispose d’aucune suspension visant à isoler les vibrations du monde extérieur. Celle-ci utilise sa propre masse, avoisinant les vingt kilos, et constituant ainsi un objet lourd à l’épreuve des vibrations. Le plateau comporte son propre tapis. Il ne s’agit pas d’un tapis en fait, mais plutôt d’une couche d’acrylique renforcée de carbone fixée au plateau. Transrotor préfère que vous placiez directement dessus vos disques, sans l’ajout d’aucun tapis. Un palet presseur de grande qualité est inclus. Chez Transrotor, on croit fermement que tous les matériaux d’une platine se doivent de résonner en harmonie.

Dans le cas de la Max, Transrotor y est allée, d’un bout à l’autre, avec de l’aluminium extrudé par une machine à CNC. La qualité d’usinage et de polissage des différentes pièces constituant la platine est tout bonnement hallucinante. Un vrai bijou. Le châssis de la platine est fabriqué d’une seule pièce d’aluminium d’un pouce et demi d’épaisseur. Oui, vous avez bien lu. Il accueille l’axe central et son roulement, dont la précision est une des plus impressionnantes que j’ai vue. L’ensemble repose simplement sur trois pieds usinés, toujours dans le même type d’aluminium. Une ouverture, vers l’arrière du châssis, permet d’insérer le moteur et ainsi de le cacher. Le moteur de la Max peut aussi être installé à l’extérieur si on le désire et les deux longueurs de courroies nécessaires sont fournies. Le moteur dispose d’une puissance surprenante et n’a aucune difficulté à lancer la rotation du lourd plateau.

Sur le côté droit du châssis s’insèrent deux tiges d’aluminium supportant un bloc sur lequel se dépose le bras de lecture. Ce bloc coulisse sur les deux tiges d’aluminium permettant ainsi d’installer des bras de lecture de différentes longueurs. Dans le cas de la Max, le bloc est prévu pour accueillir un bras offert par Jelco, comme le modèle 750D, qui nous a été livré avec la platine. En option, il sera possible d’installer un deuxième bloc du côté gauche de la platine, permettant ainsi l’ajout d’un second bras de lecture. Comme le 750D est en fin de carrière, Transrotor va certainement livrer les prochaines Max équipées d’une nouvelle version de ce bras… À suivre.

Je ne pense que du bien de ces merveilleux bras de lecture aux performances solides et constantes. Ce sont vraiment les bras de lecture les plus faciles à installer et à ajuster. Disponibles en plusieurs longueurs, ils sont munis d’une coquille porte-cartouche qui se démonte aisément, en permettant l’entretien ou un changement de cartouche. Vous pouvez me croire, avec une platine aussi lourde que cette Transrotor Max, vous serez très heureux que votre cartouche soit démontable, au lieu d’avoir à transporter toute la platine Transrotor chez votre revendeur. En fait, votre revendeur aussi sera content.

L’alimentation Konstant Eins
La Transrotor Max était accompagnée de l’alimentation séparée Konstant Eins. Ce magnifique tube d’aluminium poli permet, en fait, une alimentation régulée, et un sélecteur de vitesse offrant la possibilité de passer de trente-trois à quarante-cinq tours sans avoir à changer la courroie de poulie sur le moteur. Cette alimentation est essentielle à la platine Max. Même si celle-ci peut fonctionner sans elle, je vois mal, vu le poids du plateau, comment l’utilisateur pourrait changer facilement la courroie de poulie. Le sélecteur de vitesse est un pur plaisir à utiliser et permet un ajustement fin de la vitesse.

La cartouche Benz Ace SM
Le distributeur Tricell Enterprises a sélectionné la cartouche Benz Ace SM pour accompagner la Max. Un choix des plus judicieux, puisque ses caractéristiques techniques se marient à merveille avec le bras Jelco 750D. La Benz Ace SM est une cartouche du type Moving Coil. Elle possède un niveau de sortie de 0,8 mv, ce qui peut être considéré comme moyen, et a été pensée dans le but de bien se marier avec des étages phono à tubes. Pour ma part, j’ai obtenu de formidables résultats en la branchant simplement dans l’entrée Moving Coil de mon intégré Luxman. Grâce à son niveau de sortie relativement élevé pour une Moving Coil, la Benz Ace SM offre alors une tonne de gains, ce qui permet de garder le contrôle de volume à un niveau similaire à celui de mes entrées de ligne et d’obtenir un excellent rapport signal bruit. La Benz Ace SM est munie d’une aiguille en boron et son diamant est de type Micro Ridge. La force d’appui recommandée est de 1,75 g.

Impressions d’écoute Transformer le vieux en flambant neuf
J’ai démarré ma séance avec un classique sorti tout droit de 1959. L’album Time Out du Dave Brubeck Quartet fut donc le premier à avoir l’honneur de tourner sur la Transrotor Max. Quelle cure de jeunesse ! Cette platine a un talent fou pour redonner du lustre à de vieux enregistrements. Sa rotation est tellement solide et stable, que l’on a tout de suite l’impression d’entendre une version rematricée de cet album de David Brubeck. Le piano résonne maintenant avec un nouvel aplomb et une dynamique que je ne lui connaissais pas. Les cuivres fendent l’air avec une aisance étonnante, donnant à ce classique du jazz un nouveau relief surprenant. La section rythmique n’est pas en reste et le jeu subtil du batteur transparaît avec ses nombreuses variations. Les amateurs de jazz d’époque seront particulièrement choyés lorsqu’ils revisiteront leur col­lection de disques sur cette platine Transrotor. Des heures de pur plaisir !

Rendre la magie des enregistrements d’aujourd’hui
La Max est une platine moderne dans tous les sens du terme. Elle est capable de mettre en lumière le meilleur des enregistrements contemporains avec une transparence remarquable. Comme une fenêtre ouverte sur la musique, la Transrotor Max s’en donne à cœur joie avec ce disque de Dick Hyman, From the Age of Swing. Réalisé par Reference Recording, avec le Prof Johnson aux commandes de la console, cet enregistrement est un véritable spectacle… à écouter. Lorsque lu par la Transrotor Max, il s’en dégage un espace et une troisième dimension dans laquelle la musique joue, en offrant une performance entraînante et tout bonnement renversante. Le panorama musical que nous rend la Transrotor Max fourmille de microdétails qui dépassent de beaucoup ce que j’ai pu entendre avec d’autres platines du même prix. La cartouche Benz Ace SM y est pour beaucoup dans cette performance exceptionnelle et assure un mariage béni des dieux avec cette platine. La Benz Ace SM fouille au fond des enregistrements et en tire un maximum d’information tout en gardant le niveau de bruit de surface à son minimum. Son équilibre tonal est parfait et aucune partie du spectre sonore n’est mise en avant au détriment de l’autre. Ce modèle de Benz Micro est passé sous le radar de bien des audiophiles et mériterait qu’on lui prête une oreille attentive.

Avoir un cœur de rockeur
Oui, la Transrotor Max est capable de rocker ! Avec l’album Moving Pictures du groupe canadien Rush, cette platine se transforme en machine à faire taper du pied. Je vous mets au défi de rester immobile à l’écoute de ce disque sur la Transrotor. L’incroyable jeu à la batterie du regretté Neil Peart est transmis avec une puissance qui force littéralement à jouer de l’air drum ! Grâce à sa masse considérable, la Transrotor Max s’accommode d’un volume sonore élevé sans broncher. Pas d’effet de retour, pas de résonances indésirables, la platine semble imperturbable. S’il vous prend parfois l’envie d’écouter du rock sur vinyle à un volume de cinglé vous menant tout droit au divorce, la Transrotor est l’outil tout indiqué. Sur la pièce YYZ, la guitare a du mordant à souhait, les percussions éclatent avec une puissance incroyable, le synthé et la basse descendent dans le souterrain de ce que peuvent rendre mes enceintes acoustiques. La Transrotor Max a cette capacité de vous apporter du pur fun à déguster votre musique rock, et ce, sans aucune restriction. J’ai dû réécouter ce vinyle une bonne dizaine de fois tellement c’était bon. Cher Neil Peart, repose en paix et merci pour ta musique.

Conclusion
La platine Transrotor Max est un véritable manège à sensations fortes et à la performance étourdissante. Son rapport qualité prix est exceptionnel et en fait un meilleur achat. Dans cette catégorie de prix, je n’ai pas souvenir d’avoir entendu une autre platine capable de s’y mesurer. Avec son niveau de transparence hors du commun, elle fera briller vos meilleurs enregistrements et rajeunira les moins récents. Pour les amateurs de musique rock, c’est une machine dévastatrice qui fera sonner vos vinyles comme jamais. Son esthétique fera tourner les têtes et deviendra certainement un sujet de conversation avec vos visiteurs. Une superbe platine dans tous les sens du terme !

RENSEIGNEMENTS GÉNÉRAUX
Platine vinyle Max de Transrotor
(sans le bras de lecture Jelco)
Prix : 3 995 $
Garantie : 2 ans, pièces et main-d’œuvre
Base pour un bras de lecture de 9 po,
bloc d’alimentation Konstant Eins
et palet presseur Jelco 750D)
Prix : 679 $
Cartouche Ace SM de Benz Micro
Prix : 1 000 $
Distributeur : Tri-Cell Enterprises,
Tél. : 905.265.7870,
www.tricellenterprises.com

Médiagraphie
Dave Brubeck Quartet, Time out, Columbia, CS 8192
Dick Hyman, From the Age of Swing,
Reference Recordings, RM-2501
Rush, Moving Pictures, Anthem, B0022380-01