a
Synopsis et détails

Marc Marronnier, critique littéraire le jour et chroniqueur mondain la nuit, vient de divorcer d’Anne. Il est sûr à présent que l’amour ne dure que 3 ans. Il a même écrit un pamphlet pour le démontrer mais sa rencontre avec Alice va renverser toutes ses certitudes.

Beigbeder par Beigbeder

Pour sa première expérience derrière la caméra, Frédéric Beigbeder adapte son propre roman L’amour dure trois ans (1997). Pourquoi adapter un livre dont il est l’auteur ? Parce que l’écrivain a pensé qu’il pourrait se trahir autant qu’il le souhaitait avec une histoire personnelle, qui plus est autobiographique. Si d’autres auraient préféré débuter avec le fantastique ou la science-fiction, l’auteur a ainsi choisi le genre de la comédie romantique.

Passage à vide

L’Amour dure trois ans est un roman important pour Frédéric Beigbeder. Rédigé dans une période de mélancolie et de pessimisme, il faisait suite au divorce de l’écrivain.

De la plume à la caméra

C’est à la suite de l’adaptation de son roman 99 francs par Jan Kounen que Frédéric Beigbeder a pensé pour la première fois à dévoiler une autre dimension de son travail. Terminé, donc, le cynisme trash et provocateur, l’auteur a cherché avec L’Amour dure trois ans à mettre en scène une intrigue plus paisible.

De justesse

A l’origine, Frédéric Beigbeder n’était pas impliqué dans le projet d’adaptation de L’Amour dure trois ans, puisqu’un producteur avait placé une option sur les droits du livre en 2006. L’écrivain n’avait alors fait que recommander le scénariste Christophe Turpin (connu pour le scénario de Jean-Philippe). Mais suite à la défection du producteur, Michaël Gentile et Alain Kruger ont repris le projet. C’est à ce moment qu’ils se sont adressés à Frédéric Beigbeder pour qu’il écrive et réalise le film, débarquant directement chez l’intéressé avec un fauteuil de metteur en scène à son nom. Déclinant un temps l’offre, l’auteur s’est finalement lancé dans l’aventure.

Mise en abyme habile

Frédéric Beigbeder a introduit dans le scénario de L’Amour dure trois ans un élément qui n’apparaissait pas dans le roman original. Il s’agit de la mise en abyme du livre L’amour dure trois ans. Dans le film, Marc Marronnier (Gaspard Proust) écrit en effet un pamphlet mettant en évidence la duplicité de l’amour intitulé L’amour dure trois ans. Cette fois-ci, c’est le livre lui-même qui est à l’origine de la dispute des amoureux. De quoi aborder l’écriture et le métier d’écrivain au sein même du long métrage.

L’avantage du numérique

Le fameux Canon 5D a été utilisé pour filmer le générique de début et quelques scènes de nuit dans L’Amour dure trois ans. Peu onéreux et facile d’utilisation, cet appareil est notamment à l’origine des films Tomboy et La Guerre est déclarée. La petite caméra numérique Alexa a aussi été employée. C’est en discutant avec les réalisateurs Maïwenn et Gaspar Noé que FrédéricBeigbeder a découvert à quel point il était préférable de tourner en numérique, même en utilisant deux ou trois caméras : « Une telle légèreté, imaginez, ça aurait été le rêve pour un cinéaste comme John Cassavetes, qui avait tant de mal à trouver des financements. Luxe suprême, dès le soir du tournage, il me suffisait de brancher une clé USB sur mon ordinateur pour visionner les rushes dans mon lit », confie le cinéaste.

La fine équipe

Frédéric Beigbeder a eu la chance de profiter des conseils avisés de la 1ère assistante réalisatrice Emilie Cherpitel pour mener à bien le tournage de L’Amour dure trois ans. La femme n’en est pas à ses débuts puisqu’elle a notamment travaillé sur A bord du Darjeeling Limited de Wes Anderson ou encore Marie-Antoinette de Sofia Coppola. Pour la photographie, le romancier s’est tourné vers Yves Cape, directeur de la photographie pour les cinéastes Bruno Dumont et Claire Denis. C’est son expérience des acteurs non professionnels qui a séduit Frédéric Beigbeder.

Nostalgie d’un cinéma de l’élégance

A contre-courant des comédies françaises habituelles, Frédéric Beigbeder a cherché à insuffler à L’Amour dure trois ans une atmosphère glamour et pailletée. Il ne comprend pas pourquoi le cinéma français tend à s’éloigner de ce style : « J’aime beaucoup La Party, Diamants sur canapé ou encore la série Mad Men. Et j’ai une nostalgie de ce cinéma-là qui a existé aussi en France. Je pense à Faisons un reve de Sacha Guitry, par exemple : la scène d’ouverture se passe dans un appartement bourgeois, les mots d’esprit s’enchaînent, Arletty porte une robe du soir, Michel Simon un smoking… Cette tradition du cinéma chic m’a toujours fait fantasmer », commente le réalisateur.

Hommage à Michel Legrand

Le travail du compositeur Michel Legrand fait figure de fil conducteur dans L’Amour dure trois ans. Faire intervenir sa musique au sein du long-métrage a été l’une des premières idées du scénario. Frédéric Beigbeder ne cache d’ailleurs pas son admiration pour l’artiste : « Dans le film, quand Marc Marronnier raconte qu’il pleure chaque fois qu’il revoit Peau d’âne, c’est autobiographique. En fait, je crois que dans la vie on tombe souvent amoureux grâce à des chansons et notamment grâce à celles de Michel Legrand », confie-t-il.

Jouer avec le souvenir

Dans L’Amour dure trois ans, l’utilisation de la musique fonctionne sur la parité. On retrouve notamment cette technique chez Woody Allen (l’épisode des homards dans Annie Hall). En utilisant tour à tour une même musique pour deux séquences différentes, Frédéric Beigbeder a tenté de provoquer des émotions radicalement opposées chez le spectateur. Une scène peut ainsi amuser la première fois, puis émouvoir la seconde.

Gaspard Proust le Grant

Pour déterminer quel serait l’acteur qui incarnerait Marc Marronnier, Frédéric Beigbeder a longtemps cherché. Pour ce personnage autobiographique en puissance, il lui fallait de toute évidence un homme avec lequel il avait de nombreux points communs. Découvert par le romancier grâce à son one man show, Gaspard Proust s’est révélé comme l’homme de la situation : « Si j’étais si convaincu, c’est parce qu’il y a dans ce que Gaspard écrit une cruauté, une élégance, une drôlerie froide qui m’ont touché et fait sentir qu’il y avait un romantique caché derrière ce nihiliste officiel », raconte Beigbeder. Les comparaisons ne s’arrêtent pas là : « Gaspard peut devenir une sorte de Hugh Grant ou même de Cary Grant. Un Grant quoi. D’ailleurs Grant en français se dit : Proust », termine le metteur en scène.

(Source allocine.fr)