Enceintes acoustiques PL200 II de Monitor Audio

Une éblouissante réussite de « A » à « Z »…

D comme…
Décidément mon histoire d’amour avec les enceintes du manufacturier anglais Monitor Audio ne se dément pas ! Après avoir vécu de nombreuses émotions avec plusieurs modèles d’enceintes de ce fabricant, sans oublier le récent banc d’essai des Gold 200 paru dans le volume 22, numéro 5 de mag@zine TED, voilà qu’un admirable spécimen de la nouvelle série Platinum II, la PL200, vient frapper à ma porte. Cette refonte majeure de la série phare de Monitor Audio représente l’intégration du savoir-faire et des résultats de recherche et développement au fil de plus de quarante années de succès retentissant en matière d’enceintes haute-fidélité récompensées de nombreuses fois par des experts du monde entier. Prêt à faire plus ample connaissance avec cette superbe enceinte des plus ambitieuses ?

T comme technologie…
Les PL200 II sont arrivées à ma porte, emballées dans les boîtes les plus robustes qu’il m’a été donné de manipuler. En ouvrant ces imposantes boîtes de carton et de MDF, j’ai été surpris de découvrir une colonne de dimension moyenne, mais faisant osciller la balance à pas moins de 36 kg. La liste d’innovations et de caractéristiques des Platinum est tellement longue que je ne sais pas vraiment par où commencer. Alors contrairement à mon habitude, je vais débuter mon exploration par le bas, tout en remontant vers le haut de l’enceinte, là où se situe l’une des pièces maîtresses de la série Platinum II. La reproduction des basses fréquences est confiée à deux rutilants transducteurs de 165 mm chacun, utilisant la technologie RDT (Rigid Diaphram Technology) de deuxième génération. Cette nouvelle version propose une membrane extrêmement légère et très rigide composée d’un sandwich d’aluminium / céramique (C-CAM), de Nomex, alvéolé et de fibre de carbone tressé.

La bobine mobile utilise du fil à section rectangulaire afin de maximiser la quantité de cuivre baignant dans le moteur magnétique du haut-parleur. Ces deux transducteurs sont supportés dans leur tâche par deux évents (HiVe II), de dimension plutôt réduite, situés tous deux sur la face arrière du cabinet et chargeant le volume intégral de celui-ci. Juste au-dessus, se trouve le transducteur de moyennes fréquences, d’un diamètre de 100 mm, reprenant la même technologie de membrane que les woofers. Petite particularité de ce haut-parleur, contrairement à ce qu’on voit souvent dans une enceinte de configuration à trois voies où le transducteur de médium est placé dans une cavité isolée du reste du coffret principal, celui de la Platinum est doté d’une isolation à même sa conception.

Ce qui nous amène à la grande nouveauté de la série II : le transducteur de hautes fréquences à membrane plissée, développé sur plusieurs mois d’écoute et de tests intensifs par les ingénieurs de Monitor Audio. Cette technique de fabrication de tweeter, visible de plus en plus dans les réalisations haut de gamme, applique le principe d’un petit accordéon sur une membrane plissée et modulée horizontalement par le signal audio. La surface effective de la membrane du tweeter des PL200 II est presque huit fois plus grande que celle d’un dôme conventionnel et sa réponse, en matière de fréquences, est indiquée comme pouvant aller jusqu’à 100 kHz par Monitor Audio. Attention aux chauves-souris de votre voisinage dès votre première écoute !

C comme construction…
La réalisation du cabinet de la PL200 II est tellement élaborée qu’elle pourrait presque mériter un texte complet à elle seule. On sait depuis très longtemps que cet aspect d’une enceinte acoustique est primordial et qu’il joue sur les performances globales. Ici, les designers de la série Platinum se sont surpassés et aucun détail n’a été laissé au hasard. L’utilisation intensive de renforts, de matériaux composites antirésonants pour la face avant et de matériel absorbant appliqué aux surfaces internes, combinés au galbe presque sensuel des parois contribue à créer un ensemble très inerte sur le plan acoustique. Entièrement fait à la main, le plaquage de bois véritable reçoit pas moins de onze couches de laque et le fini est agencé sur les quatre faces des coffrets. Les enceintes reçues pour cette évaluation présentaient un magnifique et riche fini en bois d’ébène. Le résultat se doit d’être vu pour être apprécié à sa juste valeur… tout simplement superbe. Outre cette finition, la série offre aussi une version piano noir ou bois de rose brésilien. Le site de Monitor Audio indique qu’il faut en moyenne 144 heures pour fabriquer un seul de ces cabinets. La façade des PL200 II n’est pas en reste, puisqu’elle est recouverte d’un cuir véritable Inglestone. Comme tous les transducteurs de la 200 sont solidement fixés au cabinet grâce à une longue vis partant de l’arrière et traversant toute la profondeur du coffret, aucune vis de fixation n’apparaît sur le baffle. Comme résultat visuel, nous avons là une enceinte de grand luxe au look racé.

Les filtres d’aiguillage ont aussi reçu le traitement royal grâce à l’utilisation de bobines à noyau d’air pour les moyennes et hautes fréquences tandis que les signaux des basses passent par des bobines avec noyau d’acier laminé. Tout le câblage interne est en cuivre sans oxygène (OFC) et recouvert d’argent. Enfin, des condensateurs au polypropylène métallisé, sélectionnés à la main avec une tolérance de 1 %, assurent une grande constance d’une enceinte à l’autre.

Terminons cette exploration en mentionnant les trois grilles métalliques individuelles que l’on peut retirer comme bon nous semble et les quatre bornes de raccords en cuivre massif plaqué au Rhodium, métal très résistant à l’oxydation, pouvant accommoder du câble de 7AWG de section.

A comme attentions particulières…

Les Platinum sont équipées d’une plinthe augmentant la surface au sol résultant en une plus grande stabilité de l’enceinte. Les pieds ajustables fournis avec les PL200 II sont machinés directement dans un alliage métallique anodisé du plus bel effet. Les pointes de couplage en acier ont la forme d’une ogive et sont facilement ajusta­bles par le dessus du support. Hourra ! Alternativement, un piètement en caoutchouc est habilement intégré au design des pieds pour celui qui voudrait protéger la surface portante sous les enceintes.

Pour terminer cette exploration, soulignons l’inclusion, par Monitor Audio, d’un petit coffret contenant un linge pour le polissage du cabinet, le manuel de l’utilisateur sur une petite clé USB, un joli niveau à bulle afin d’aider au réglage des pieds ajustables, un aimant permettant de retirer les grilles perforées des transducteurs et enfin, un ensemble de trois petits tournevis Allen nécessaires au serrage de toutes les vis du coffret. De la grande classe !

R comme reproduction…
D’entrée de jeu, je dois avouer que j’ai été légèrement décontenancé par la reproduction des voix par les Platinum. Sur la pièce Royals de la chanteuse Lorde, la voix de celle-ci est plus charnue avec plus de coffre qu’avec mes enceintes habituelles  et celles des back-ups sont bien étagées vers l’arrière de la scène. Comme si tous les transducteurs de la PL200 II s’intégraient parfaitement à l’unisson pour  recréer une image sonore très crédible. Les substantielles basses fréquences de cet enregistrement sont reproduites avec une profondeur et une fermeté à toute épreuve. Les harmoniques de la basse électrique explosent littéralement dans la pièce, bien détachées de la position physique des enceintes. Chaque partie du spectre audio est soumise au même traitement suprême comme en témoignent le caractère percussif des claquements de doigts et les réverbérations précises et punchy qui les accompagnent.

On parle souvent de la capacité d’un système haute-fidélité à transmettre les émotions d’une pièce musicale. En ce qui me concerne, je crois plutôt qu’il s’agit de déclencher les émotions enfouies dans le cerveau de l’auditeur. Eh bien ! Laissez-moi vous dire que mon système est arrivé, à l’aide des PL200 II, à m’émouvoir jusqu’aux larmes à l’audition de la pièce Separate Lives de Phil Collins, tirée de son spectacle Live At Montreux. Je défie quiconque de garder les yeux secs à l’écoute du duo Amy Keys et Arnold McCuller. J’en ai même oublié de prendre des notes dans mon carnet.

Les Platinum ont une poigne de fer sur les percussions, peu importe leur nature et leur dynamisme. Précision, limpidité et profondeur de scène époustouflantes sont au rendez-vous à l’écoute de Stepping du groupe Babatunde Olatunji. Les Monitor Audio révèlent l’excellente prise de son de cet enregistrement, sur étiquette Chesky, avec des hautes fréquences soyeuses et délicates sans aucune trace de dureté. La largeur de scène dépasse de chaque côté les enceintes et l’acoustique de la salle semble même s’étendre au-dessus d’elles. Les frappes des musiciens sur les peaux ont un impact considérable et une résonance naturelle captivante. Quel festin pour les oreilles ! Sur le même CD de compilation, la reproduction d’une pièce de jazz de Bob Mintzer, 52nd Street, les deux enceintes disparaissent comme par enchantement et la scène dupliquée devant nous semble être reproduite par un système 5.1.

Ces Platinum 200 raffolent d’enregistrements faits dans un milieu acoustique naturel, et riche en détails, établissant un espace réaliste pour l’auditeur. Une autre captation, encore sur étiquette Chesky, mais en format DSD cette fois, le prouve de façon non équivoque.

Les instruments de la pièce The Girl From Guatemala sont reproduits plus grands que nature, soutenus par une dynamique incroyable, et remplissent superbement l’espace virtuel encodé sur ce SA-CD offrant une piste en 2.0. La présentation pourrait être qualifiée d’euphonique plutôt que d’analytique et totalement dénuée de tout caractère aseptisé parfois associé au format numérique.

Les Platinum ont plus d’un tour dans leur sac comme le démontre la reproduction de fichiers musicaux dématérialisés. Ici, le terme dématérialisé ne tient plus vraiment la forme, car les PL200 II effectuent l’opération inverse et rematérialisent la musique devant nos yeux et à nos oreilles. La précision et la transparence de la pièce Juego De Relojes, extraite d’une compilation HDtracks (FLAC, 88,2 kHz / 24 bits), suffirait à elle seule à réconcilier les détracteurs du numérique. La pureté des moyennes et hautes fréquences supportant les instruments de percussions était impressionnante tout comme les extrêmes basses des timbales, tirées du même matériel.

Fraîchement téléchargée, la pièce Percussions #3 (FLAC, 192 kHz / 24 bits) du plus récent échantillonnage haute résolution, aussi disponible sur HDtracks, inonde la pièce tel un enregistrement multicanal. L’image sonore pousse même l’audace en reproduisant un effet de hauteur en arc reliant les deux enceintes, et ce, de façon bien perceptible.

La pièce de résistance de cette évaluation fut sans contredit l’écoute d’un enregistrement stéréophonique, réalisé en PCM 96 kHz / 24 bits sur support Blu-ray sous étiquette Naxos. Notons que ce disque offre aussi une prise de son 5.0 sans perte encodée en dts Master Audio. Rien de moins. Dirigé par Leonard Slatkin, le Detroit Symphony Orchestra interprétant des pièces de Aaron Copland se retrouve en chair et en os devant moi, et je suis instantanément transporté sur les lieux de la captation. Les limites physiques de ma pièce se volatilisent, et ce, avant même l’apparition des premières notes. La puissance et la dynamique de l’orchestre sont telles qu’elles provoquent des frissons de la tête aux pieds. Le volume et l’intensité sonore semblent pratiquement infinis, sans aucune manifestation de compression, me démontrant hors de tout doute la capacité des Platinum à remplir ma pièce, de dimension moyenne, de musique dotée d’un niveau d’émotions incroyable. Chaque instrument occupe sa propre position dans un espace holographique d’une véracité rare et possède un « poids » acoustique tellement réel qu’on voit pratiquement l’instrumentiste jouer.

Parfois, les enceintes possédant une très haute résolution nous restituent des objets sonores hyper découpés et à l’excès presque « squelettiques ». Ce n’est définitivement pas le cas ici avec les Platinum 200. Même si la définition est extrême, les objets conservent une masse crédible et bien proportionnée. Comme on le dit parfois, il y a beaucoup de viande autour de l’os.

Sur la pièce Hoe Down du même disque, on a affaire à de la haute voltige musicale et à une véritable montagne russe auditive, le tout accompagné de basses fréquences naturelles, fermes et très étendues. Certaines notes semblaient même sortir de mon caisson de sous-graves. Ici encore, le Orchestra Hall du Max Fisher Music Center, lieu de l’enregistrement, est superbement intégré à l’orchestre et en fait partie intégrante comme s’il s’agissait d’un instrument à part entière. Tout compte fait, ce disque, tel que reproduit par les Monitor Audio dans mon système, offre très probablement la meilleure reproduction stéréophonique d’un grand orchestre qu’il m’a été donné d’entendre dans mon salon à ce jour.

C comme conclusion…
Les départements d’ingénierie des grands manufacturiers sont constamment à la recherche de moyens et de technologies visant à améliorer tous les produits qu’ils offrent au public. De même, les services de marketing de ces mêmes manufacturiers sont toujours en effervescence afin de mettre en valeur les nouvelles techniques développées par celui de l’ingénierie. Sur papier, les améliorations apportées sont parfois qualifiées de révolutionnaires, mais qu’en est-il réellement quand on se trouve du côté de l’utilisateur ?

La liste d’aspects techniques et de raffinement établie par Monitor Audio lors du développement de la série II des enceintes Platinum est plus qu’impressionnante et aucun petit détail n’a été laissé au hasard. Avec ces enceintes d’exception, offrant une écoute exceptionnelle, il est clair que Monitor Audio a atteint le but visé de brillante façon, c’est-à-dire celui de produire une série d’enceintes parfaites, le plus possible, autant qu’à la fine pointe de ses recherches du côté auditif comme visuel. Je lui prédis une abondance de critiques élogieuses et celle-ci ne fera pas exception. Je suis convaincu que leur propriétaire éprouverait autant de fierté à les posséder que l’équipe responsable de son développement peut être fière de leur réalisation.

RENSEIGNEMENTS GÉNÉRAUX
Prix :
14 995 $ / la paire
Garantie : 5 ans, pièces et main-d’œuvre
Distributeur : Kevro International Inc., Tél. : 905.428.2800, www.monitoraudio.com

Médiagraphie
Artistes Variés, Grammy 2014 Nominees, PCM 44,1 kHz / 16 bits, Atlantic 2-537319
Phil Collins, Live At Montreux 2004, dts-HD Master Audio, Eagle Eye Media Blu-ray, EEB334109
Chesky Records, Sampler 2005, PCM 44,1 kHz / 16 bits
David Chesky, Area 31, DSD, Chesky, SACD288
Artistes Variés, Audiophile Hi-Res System Test, FLAC 192 kHz / 24 bits
Smoke & Mirrors, Juego de Relojes, FLAC 88,2 kHz / 24 bits, HDtracks 2014 Sampler
Copland, Rodeo, Danzon Cubano, PCM 96 kHz / 24 bits, Naxos Blu-ray, NBD0037 

Les Platinum ont une poigne de fer sur les percussions, peu importe leur nature et leur dynamisme. Précision, limpidité et profondeur de scène époustouflantes sont au rendez-vous à l’écoute de Stepping du groupe Babatunde Olatunji. Les Monitor Audio révèlent l’excellente prise de son de cet enregistrement, sur étiquette Chesky, avec des hautes fréquences soyeuses et délicates sans aucune trace de dureté. La largeur de scène dépasse de chaque côté les enceintes et l’acoustique de la salle semble même s’étendre au-dessus d’elles.

Site Internet: Monitor Audio

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