bob_mouver_03_2014My Heart Tells Me
Motéma, MTM 117 – 2 CD

Né le 22 mars 1952, Bob Mover a souvent accompagné Chet Baker. De lui, il aura retenu surtout une intensité dans le jeu, une propension au lyrisme. Devrait-il, comme lui, s’essayer à chanter ?

On peut aisément, selon moi, estimer que non. Il n’a même pas l’aisance dans le domaine du trompettiste ami. Mais moi, j’aime bien. Il y a dans sa voix une chaleur, une intimité qui ne sont pas banales.

C’est au saxophone alto qu’il se montre â son mieux. Ancien disciple de Phil Woods, à qui on a demandé de rédiger le texte du livret qui accompagne les deux CD, il sait interpréter les standards de la musique populaire américaine en leur donnant un air d’inédit. Ce qui n’est pas rien. La ballade sentimentale revisitée façon Mover ne relève pas d’une conception rétro du jazz. D’accord, cela n’a rien de commun avec le dynamisme qui l’habite souvent dans les compositions dont il est l’auteur, mais nous sommes loin de la routine derrière laquelle se réfugient souvent les musiciens vieillissants.

La discographie de cet artiste étant peu abondante, ce double CD apparaît comme une occasion rare de renouer avec un saxophoniste qui n’est jamais parvenu au rang de vedette, un musicien dont on ne trouvera jamais le nom dans la liste des meilleurs instrumentistes d’une consultation populaire, mais dont la carrière est exemplaire.
Il y a beaucoup à retenir de ce My Heart Tells Me. À commencer par le coeur justement. C’est d’amour de la musique, d’amour tout court qu’il est question ici. Et le musicien qui nous invite à l’écouter, a bien digéré les influences de Charlie Parker de Lee Konitz. Il lui arrive au détour d’une phrase d’avoir cette sorte de fraîcheur que l’on rencontre chez un Sonny Rollins par exemple.

Au piano, le splendide Kenny Barron, à la fois présent et discret. Je serais moins enthousiaste pour le second disque, enregistré en quintette ou en sextette, mais d’entrée de jeu, j’ai été fasciné par les ballades du premier. Aussi bien avouer que les gaucheries évidentes du chanteur me sont aussi proches que les solos de l’altiste. Au saxo ténor, rien à redire non plus.

Oui, j’aime. Et même beaucoup, ce double album tout inégal qu’il est.

Disque 1 :
My Heart Tells Me
So Near Yet So Far
I Hadn’t Anyone Till You
Get Out Of Town
Penthouse Serenade (When We’re Alone)
Gone With The Wind
You’ve Changed
By Myself
You Must Believe In Spring

Disque 2 :
Dee’s Dilemma
Survival Of The Sickest
Muggawump
Fair Weather
Chet’s Chum
Sweet Basil
Carmen’s Calypso

Bob Mover : saxophones alto, ténor et soprano et chant
Kenny Barron : piano
Bob Cranshaw : basse
Steve Williams ou Victor Lewis : batterie
Josh Evans : trompette
Steve Hall : saxo ténor

http://www.bobmover.com/wordpress/