<!--:fr-->Disque CD: Johannes Brahms – Sonate pour piano no 2, op. 2<!--:-->

Variations sur un thème original op. 21, no 1
Intermezzi op. 117
Scherzo op. 4
BIS, 2117 (SACD)

Attention, brahmsien devant !

Guy MarceauCollaboration spéciale

Johannes_brahms_2014_11_13L’étiquette BIS vient de faire paraître le nouveau disque tout Brahms du virtuose romantique Jonathan Plowright. Le pianiste anglais est pourtant mieux connu pour avoir enregistré depuis plus de 10 ans chez Hypérion. Aux côtés des Howard Shelley, Marc-André Hamelin, Piers Lane, Nicolai Demidenko et Stephen Hough, Jonathan Plowright a défendu avec verve les grands concertos romantiques peu connus du répertoire traditionnel. Son incursion dans l’univers de Brahms n’est pas nouvelle et date pourtant de 1989 alors qu’il gravait, sur étiquette Kingdom, l’immense Sonate op. 5, les Rhapsodies op. 79 et les Klavierstücke op. 76. L’an dernier, il faisait paraître chez BIS l’op. 5 qu’il réenregistrait, et qu’il couplait avec les Variations et Fugue sur un thème de Handel op. 24. Ce dernier, encensé par la critique, remettait au jour ce qu’on savait déjà, Jonathan Plowright est un des grands brahmsiens dans la lignée de Katchen, la référence, ce qui n’est pas peu dire.

Car si la virtuosité ne manque pas à plus d’un pianiste devant les déluges de notes, peu peuvent se targuer d’aborder le répertoire pianistique de Brahms qui commande bien plus que des doigts agiles. Ce nouveau disque mélange des œuvres de jeunesse (les op. 2, 4 et 21) et de maturité (l’op. 117).

Dédiée à Clara Schumann, la Sonate no 2 op. 2 (qui est en fait la première que Brahms composa en 1852), recèle moins de fougue que l’op. 1, mais plus d’audace, ce qui annonce la personnalité que Brahms développera tout au long de sa vie. Rythmes complexes, écriture orchestrale, nombreux développement thématiques, mélodies séduisantes, voies intérieures… Plowright a la patte pour jouer Brahms, dans la délicatesse des passages ténus, la subtilité des variations, la puissance, sans trop la forcer, des sauts d’octaves… l’expression juste quoi

Comme dans les Variations op. 21 no 1 (que Brahms appelait ses Variations philosophiques), tout est dans la subtilité, à l’instar du thème lyrique et chantant qu’on reconnaît tous à la première écoute.

Mais c’est dans l’op. 117, premier cycle de pièces tardives de Brahms, comme un testament musical, que Jonathan Plowright met en lumières toutes les ambiances profondes et crépusculaire d’un génie qui sent sa fin venir. Parmi les plus connues et enregistrées du compositeur allemand, les Intermezzi op. 117 font l’éloge d’un grand poète du piano, marqué par le dépouillement, le chant du cœur et les voies intérieures. Jonathan Plowright transcende vraiment cette musique et nous en transmet toute la beauté qui n’est pas qu’en apparence. Le disque se termine par le Scherzo op. 4, œuvre de jeunesse fougueuse et foisonnante de thèmes et d’idées (plus de 8 minutes !). Le pianiste y performe avec l’énergie et la verve de mise, et on se plaît à penser qu’une autre parution du même nous gratifie de la Sonate op. 1, et des op. 118 et 119.

On a hâte !

http://www.bis.se/album_info.php?aID=BIS-2117