Depuis 2008, il est possible, avec certains boîtiers,  d’étalonner soi-même ses objectifs avec des réglages fins directement dans le menu de l’appareil via une fonction dédiée à cet effet.

Ce n’est pas d’hier que plusieurs utilisateurs se plaignent de certains décalages de mise au point avec leurs objectifs, surtout depuis l’arrivée des reflex numériques. Les problèmes de mise au point répertoriés sont soit trop décalés vers l’avant (front focus) ou soit trop décalé vers arrière (back focus). Les fabricants se sont lassés de la surcharge de travail dans les centres de service après-vente et ont décidé d’intégrer la possibilité de corriger ce problème dans les boîtiers, mais encore faut-il disposer d’outils pour le faire…

Si vous vous donnez la peine de faire une recherche sur Internet, vous allez rapidement vous rendre compte que très peu d’outils sont mis à la disposition des consommateurs pour réaliser eux-mêmes ce type de correction. À titre personnel, j’ai dénombré trois mires et un logiciel…

Effet de mode ou problème réel ?
J’ai déjà discuté avec un collègue de travail qui me disait que depuis qu’il est possible d’ajuster le microajustement des objectifs tout le monde trouve des défauts à ses objectifs. Curieux de nature et aimant toujours faire mes vérifications moi-même, j’ai décidé de vérifier la justesse de mes objectifs en me procurant une mire d’étalonnage. Après quelques recherches j’ai choisi la mire de la Cie Datacolor : SpyderLensCal.

Premières impressions
Le dispositif est emballé à plat dans son emballage. Il est très peu volumineux. Une fois déballé, il est facile de le préparer à son principal usage. La mire est rabattable vers l’avant et l’échelle graduée quant à elle, se met en 45°. Le point zéro est parfaitement aligné avec la mire. L’échelle mesure 20 cm et est graduée de 6 à -6, mais elle n’est pas en système métrique ni en système impérial. Bien que le fabricant indique dans le manuel d’utilisation que l’échelle est en millimètre, chaque pas que j’ai mesuré vaut 1,5 cm… !? C’est à n’y rien y comprendre…

Utilisation
Afin de réaliser une mesure la plus précise possible, il faut utiliser l’objectif à pleine ouverture pour éviter d’avoir une profondeur de champ trop importante qui pourrait fausser la mesure. La prise de vue doit être réalisée au format RAW avec le collimateur central de l’appareil. Il faut désactiver toutes mesures de mise au point à collimateurs étendus.

La mire dispose d’un niveau à bulle et d’un pas de vis 1/4″. Elle peut donc être placée directement sur une table ou sur un trépied. La mire doit être éclairée avec deux sources de lumière polarisée, soit placées de chaque côté en 45° afin de l’éclairer uniformément et éviter les ombres portées sur cette dernière.

L’appareil doit être monté sur un trépied le plus perpendiculairement possible pour ne pas fausser le résultat. L’utilisation d’un niveau à bulle intégré au trépied ou d’un niveau à bulle indépendant qui s’installe sur le sabot du flash est de mise afin d’ajuster le tout le plus précisément possible.

Une fois l’objectif monté, il faut cadrer pour faire en sorte que le collimateur central arrive directement sur le petit carré de la mire qui touche à l’échelle graduée. Le cadrage doit être suffisamment serré, ce qui cause un problème majeur pour les objectifs super grands-angulaires.

Validation des résultats
Afin de d’ajuster et enregistrer les corrections à apporter, repérez au préalable l’endroit exact dans le menu du boîtier de la fonction de micro-ajustement de mise au point. En date de juillet 2012, voici la liste des appareils qui permettent le micro-ajustement de la mise au point automatique :

Canon (50D, 7D, 5DMk II, 5DMk III,1DMk III, 1DMk IV, 1DsMk III, 1Dx, 1Dc)
Nikon
(D7000, D300, D300s, D700, D800, D800E, D3, D3s, D3x, D4)
Sony (A850, A900, A77)
Olympus (E-30, E-620, E-5)
Pentax (K-20D, K-30, K-5, K-7D, K-2000/K-m, K200D, 645D, K-x)

Réalisez trois vues à raison de 0, -1 et +1, question de voir quelle est la tendance de la correction à apporter.

La vérification des résultats sur les petits moniteurs des boîtiers s’avère difficile à réaliser. L’utilisation d’un moniteur d’ordinateur de grande taille est de mise en combinaison avec un logiciel de traitement de fichiers RAW. À titre personnel, j’ai utilisé Adobe Camera RAW intégré à Photoshop puisque que peux afficher plusieurs fichiers côte-à-côte pour comparer les résultats.

Pour le reste, tout est une question de visu. Le but étant que le 0 absolu soit le plus net possible. On se rend rapidement compte si l’on fait face à une mise au point décalée trop vers l’avant ou trop vers l’arrière. Il faut donc apporter la correction en + ou en moins selon le cas jusqu’à ce que le zéro (0) absolu soit le plus net possible. Dans mon cas, j’utilise un Canon EOS 5D MK II et l’échelle de correction va de -20 à +20.

Conclusion
Sur les quatre objectifs que je possède, les quatre ont eu besoin de correction. La valeur de correction varie de l’un à l’autre. Donc, je conclus que tous les objectifs ont besoin d’être calibrés. La plus grande surprise réside dans le fait que c’est l’objectif le plus récent qui a eu besoin de la plus forte correction (+7) à l’opposé du seul objectif que j’ai déjà échappé par terre (-1), comme quoi…

Les résultats sont tout simplement spectaculaires ! Une fois ajustés, on voit véritablement que la manœuvre vaut la peine d’être effectuée. La netteté des images est d’autant plus appréciable que la qualité des objectifs que l’on utilise.

Certains ateliers d’entretien/réparation et/ou boutiques spécialisées offrent le service de microajustement de mise au point automatique. Selon les prix exercés et selon la quantité d’objectifs que vous possédez, il peut s’avérer très intéressant d’acheter et effectuer soi-même les ajustements en achetant une mire, surtout au prix où elle est vendue. À savoir si vous serez en mesure de le faire vous-même, il n’en tien qu’à vous, d’autant plus qu’il est suggéré de vérifier la mise au point aux six mois.

Points forts :
✔ Dispositif compact et pliable pour le rangement.
✔ Qualité de conception.
✔ Facilité d’utilisation.
✔ Niveau à bulle intégré.
✔ Pas de vis pour trépied intégré.
✔ Prix raisonnable.
✔ Aucune configuration requise pour le système d’exploitation, puisque l’outil fonctionne intégralement dans le menu de l’appareil photo.

Points faibles :
✔ Entièrement en plastique. Serait mieux en aluminium (longévité).
✔ Mire un peu trop petite pour étalonner les super grands angulaires.
✔ Prix moyen au Canada : de 69 à 79$

Infos techniques et présentation du produit :
Datacolor : www.spyder.datacolor.com/fr/