Né à Montréal en 1933, Gilles Archambault fêtera bientôt cinquante ans d’écriture. Réalisateur mais aussi animateur d’émissions sur le jazz et la littérature, il a travaillé à Radio-Canada de 1963 à 1992. Son émission «Jazz soliloque» fait aujourd’hui figure de référence dans le domaine. Chroniqueur à l’émission de Joël Le Bigot (Pourquoi pas dimanche?), il poursuit maintenant une carrière de journaliste pigiste et d’écrivain. Il a aussi collaboré à différentes émissions de télévision ainsi qu’à deux longs métrages, dont l’un était l’adaptation de son roman La Fleur aux dents. Il a créé avec Jacques Brault et François Ricard les Éditions du Sentier qui ont existé de 1978 à 1986.

En 1981, il a reçu le plus grand prix littéraire du Québec, le prix Athanase-David, pour l’ensemble de son œuvre, et en 1986, le Prix du Gouverneur général du Canada pour son recueil de nouvelles L’Obsédante Obèse et autres agressions.

BENOÎT DELBECQ
Crescendo in Duke
Nato, 4375
Que Duke Ellington soit l’un des musiciens phares du jazz est une réalité incontestable. De l’influence qu’il a eue, et qu’il continue toujours d’avoir, on a tout dit, tout écrit. Peut-être est-on parvenu à un point où il ne suffit plus d’évoquer ou d’interpréter son répertoire mais plutôt d’en saisir l’essence même. Le pianiste, ancien élève de Mal Waldron, nous propose une plongée dans l’œuvre de cet immense compositeur, soit une version de Diminuendo and Crescendo in Blue qui permit jadis à Paul Gonsalves de s’illustrer de la façon que l’on sait, c’est-à-dire en s’appliquant davantage à mettre en valeur des suites moins connues comme la Goutelas Suite ou la New Orleans Suite, par exemple. Il en résulte une vision renouvelée d’un univers musical complexe et dont la nouveauté saute aux yeux. Parmi les participants de l’aventure, Jean-Jacques Avenel et Tony Coe. De croire connaître les standards ellingtoniens ou fredonner à vue les versions qu’il convient de pouvoir identifier ne vous donne pas la clé qui permet d’entrer dans cette actualisation d’une manifestation magistrale; le monde complexe et contrasté du Duke.

KENNY WERNER
Me, Myself and I
Justin Time, 248 2
Le pianiste nous avait séduit avec New York Love Songs, il y a moins d’un an. Le disque dont il est question ici a été enregistré à Montréal au Upstairs dans le cadre du Festival de 2011. À mon sens, un récital fabuleux.

Werner a beau prétendre dans le commentaire écrit de ce disque qu’il préfère jouer dans un petit ensemble plutôt que de s’exécuter en solo, il ne nous convainc guère, tant il y a dans ce Me, Myself and I une profondeur, une intensité poétique admirables.

Werner est un improvisateur de premier plan. Sa technique, il la met au service d’une sensibilité aussi concluante que contrôlée. À la fois musicien de haut volet et éducateur renommé, il connaît et déjoue les pièges que l’improvisateur trouve sur son chemin. Un disque rare.

FRED HERSCH/NICO GORI
Da Vinci
Bee Jazz, 051
Depuis quelques années, Fred Hersch obtient la reconnaissance qui lui est due. Sa solide technique lui permet de donner à son jeu une netteté admirable. Avec la seule présence du clarinettiste italien Nico Gori, le pianiste est à son mieux.

Le répertoire proposé est surtout composé d’œuvres originales, qui toutes nous parlent. En plus de sa technique incomparable, Hersch peut compter sur d’indéniables dons d’improvisateur.

Et par ailleurs, Nico Gori est également un musicien de haut calibre. Un régal. Même s’il faut bien avouer que l’austérité fait partie de l’entreprise. Mais pourquoi pas ?

AVISHAI COHEN
Duende
Blue Note, 2415729
Tout ce que je pourrais reprocher à ce disque, c’est sa brièveté. 30 minutes pour un CD enregistré depuis peu, cela manque de générosité, on admettra.

Cette réserve exceptée, qu’il me soit permis de dire que nous sommes en présence d’un disque exceptionnel. Autant le leader à la contrebasse que Nitai Hershkovits au piano paraissent habités par la grâce dans ces courtes pièces, toutes empreintes de poésie et d’intériorité.

Ne vous laissez pas arrêter par le minutage fort restrictif. Mieux vaut avoir devant soi 30 minutes de beauté que 75 minutes de rabâchage. N’est-ce pas ?

J.D. ALLEN
The Matador and the Bull
Savant, SCD 2121
Que la tauromachie soit de plus en plus contestée, même en Espagne, ne semble pas gêner notre saxophoniste. Une chose est certaine, ce thème lui a fourni la matière de l’un des plus beaux disques que j’ai eu l’occasion d’entendre ces derniers mois. Bien soudé, son trio formé de Greg August à la contrebasse et de Rudy Royston à la batterie, l’accompagne à merveille.

Il y a dans les pièces de ce disque une intensité, une ferveur qui ne se dément jamais. À certains moments, on croirait entendre le Sonny Rollins des années 50. J’ai lu quelque part qu’on reprochait à ce CD, qu’on considérait par ailleurs excellent, un certain ton répétitif. Ce n’est pas mon avis, qui plus est, J.D. Allen est un saxophoniste ténor de haut vol.