carla_bley_trio

carla_bley_emc_2287Il s’en est passé des choses depuis que Lovella Mae Borg, cigarette girl dans une boîte de jazz de New York, attira les regards d’un jeune pianiste du nom de Paul Bley. Elle a 17 ans, lui 21. Ils se marient. Leur union dure deux ans. Elle conserve le patronyme de son ex, lequel ne s’empêchera pas de maintenir à son répertoire des compositions de celle qui fut sa compagne pendant ce cours laps de temps.

Carla Bley a maintenant 77 ans. Derrière elle, une carrière de pianiste, d’organiste, de compositrice, de leader de grand orchestre, de fondatrice d’un label, Watt, qui a offert des productions jamais très loin d’une conception du jazz qui fait la partie belle au mélange des genres, allant du rock au post bop.

Ce disque, formé uniquement d’interprétations de pièces écrites par Carla Bley, certaines étant déjà connues, explore avec des variantes le territoire de la nostalgie. D’entrée de jeu, Utviklngssang donne le ton. L’amateur sait qu’on le convoque à une écoute inspirée par cette sorte de douleur que procurent les évènements passés auxquels on prête trop d’attention. La pianiste semblant se mouler aux climats évoqués par le saxo. Ce n’est certes pas la présence à la contrebasse de Steve Swallow qui nuirait dans les circonstances.

C’est qu’on est en présence d’un véritable trio, non de la rencontre évènementielle de musiciens, certes bien intentionnés, mais n’ayant pas de l’univers de ceux qui les accompagnent une connaissance suffisante. Ces trois musiciens se devinent et savent évoquer un climat musical particulièrement attachant, jamais très loin d’une esthétique chère à Manfred Eicher, fondateur et le directeur de la marque ECM, ajoutant toutefois une touche très personnelle qui fait la partie belle à une conception policée du blues et à des évocations de pays nordiques.

On peut s’étonner que Carla Bley ait attendu si longtemps avant d’enregistrer chez ECM tellement elle semble correspondre au portrait que l’on se fait des musiciens ayant trouvé place au catalogue de la firme allemande. Il est sûr en tout cas que le coup d’essai est réussi.

Carla Bley, piano
Andy Sheppard, saxos ténor et soprano
Steve Swallow, contrebasse

Utviklinssang
Vashkar
Les Trois lagons (d’après Henri Matisse)
Wildlife
The Girl Who Cried Champagne

http://player.ecmrecords.com/carla-bley–andy-sheppard–steve-swallow—trios