Andreas Staier (pianoforte daprès Conrad Graf )
Harmonia Mundi, HMC 902 091

Ce sera peut-être un tour du chapeau avec le prochain numéro… Sans préméditer la chose, en sélectionnant l’enregistrement qui m’avait « scotché » ces dernières semaines, je me suis aperçu qu’il était dû aux artisans que nous vous présentions dans le dernier numéro, en vous relatant le miracle des Saisons de Haydn par René Jacobs parues sur la même étiquette.

Nouveau miracle que cette prise de son de l’équipe de Martin Sauer, propriétaire des studios d’enregistrement Teldex de Berlin, où il emploie les meilleurs ingénieurs rencontrés lors de sa carrière antérieure de directeur général de Warner Classics. Ces Variations Diabelli sont captées par Tobias Lehmann.

Le genre diffère d’une œuvre avec orchestre, solistes et chœur comme Les Saisons, mais l’exercice est tout aussi périlleux. Le premier choix sonore est ici celui de l’instrument : un pianoforte, ancêtre du piano moderne. Mais pourquoi, alors qu’un piano actuel est plus sonore et plus performant ? Parce que le pianoforte était l’instrument en vigueur du temps de Beethoven. À Vienne, le facteur Conrad Graf dominait ses concurrents. Se pose ensuite la question du choix d’un véritable instrument d’époque ou d’une copie moderne. Staier opte pour une copie et il a tout à fait raison, car l’imitation du son est parfaite et la mécanique plus solide et stable que celle d’un instrument de musée.

Il est rare d’entendre un pianoforte capté avec autant de goût, car la tentation est grande pour un preneur de son de doper le volume et l’ampleur. Ici, la patine sonore est parfaite et la perspec- tive très naturelle. La justesse timbrique met en évidence l’intérêt de l’utilisation d’un instrument d’une variété sonore beaucoup plus kaléidoscopique qu’un piano.

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