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La haute fidélité (toujours) abordable

J’avais examiné dans le numéro de TED Magazine par QAV (Volume 18, numéro 1, de févriermars 2011), un intégré Atoll de faible puissance et surtout de très faible prix de vente et qui m’avait littéralement renversé musicalement. J’en avais conclu que du bon matériel audio, musical et fiable pouvait nous être présenté et proposé à un prix très sympathique. J’avais aussi appris, en consultant le site du manufacturier français Atoll que, mis à part certains composants électroniques, l’ensemble des réalisations de ce manufacturier, du design au montage en passant par les parties mécaniques ainsi que l’emballage des appareils, tout était fabriqué en France et dans différentes régions, là où les emplois se perdent plutôt qu’ils ne se créent. La très grande force de cette compagnie Atoll a été de savoir « doser » exactement ce qui fallait faire pour réaliser des économies et pouvoir les répercuter sur les composantes internes qui ne souffraient d’aucune critique. L’exemple le plus flagrant pour l’IN30 a été de réaliser un coffret fait entièrement de tôle repliée, afin de faire chuter considérablement le coût de cette partie, toujours chère pour n’importe quel appareil électronique. Je vous présente aujourd’hui l’IN100 d’Atoll qui, comme nous le verrons, n’est pas qu’un autre intégré Atoll plus puissant.

 Dès la première rencontre avec un appareil Atoll, visuellement, on reconnaît immédiatement l’air de famille : logo très stylisé, gros bouton de volume, diodes lumineuses positionnées en demi-lune et façade légèrement arrondie aux angles. Cette fois-ci par contre, le coffret est de type conventionnel, c’est-à-dire fait d’un châssis et d’une façade rapportée en aluminium de 5 millimètres d’épaisseur. La simplicité n’exclut pas le bon goût puisque l’IN100 nous gratifie d’une façade légèrement chanfreinée sur toute sa périphérie, ainsi que d’un capot joliment perforé. Simplicité et recherche ou recherche de la simplicité ? La partie arrière de l’IN100 révèle beaucoup de possibilités de connexions avec en plus une double sortie de la section préampli et une dérivation — by-pass — pour profiter de l’étage de puissance de l’intégré en mode cinéma maison. Toutes ces connexions sont de type RCA. Un double borniers en laiton massif complète la face arrière de l’appareil pour connecter les enceintes, avec la possibilité de choisir des bananes, des fourchettes ou du fil nu — pour ceux que le danger de court-circuit n’effraie pas ! L’examen interne nous livre ses secrets facilement avec une double alimentation à partir de 2 transformateurs toriques et d’un réseau de redressement ainsi que d’un filtrage très généreux. Si les étages d’entrée sont à technologie bipolaire, l’étage de puissance est confié à des transistors Mosfet qui, comme beaucoup de connaisseurs l’affirment aujourd’hui, ont une ressemblance sonore avec les tubes, surtout dans le registre médium. Toute la réalisation interne est soignée avec une implantation rigoureuse qui laisse deviner une belle étude du circuit, comme par exemple une absence presque totale de fil de liaison. Une double alimentation plus vitaminée, des relais pour la sélection des sources, un filtrage plus conséquent, tout cela participe à des performances encore plus poussées. Le futur client qui optera pour cette version IN100 et qui possèdera déjà l’IN30 verra son choix récompensé et bénéficiera donc d’un peu plus de tout, plus de scène sonore, plus de dynamique et plus de puissance bien sûr. Mais n’anticipons pas, terminons d’abord la description.

La télécommande
Elle est très jolie et racée avec sa présentation ultra plate et ses boutons argent. Cette télécommande, disponible en option, concerne tous les appareils Atoll et peut piloter toutes les composantes de ce manufacturier. Les touches sont parfaitement positionnées et la délimitation des appareils utilisés clairement identifiée ; tout cela est rendu intuitif pour l’utilisateur et confirme encore une fois la recherche de la simplicité chez Atoll.

La carte phono
L’appareil qui nous a été confié n’en était pas équipé. Cette carte est proposée en option.

L’installation avant l’écoute
Facile d’installer un nouvel intégré chez soi, en remplacement de son propre appareil. Rien d’autre ne bouge ; mêmes câbles, mêmes câbles de liaison (interconnect), même cordon secteur et positionnement identique des enceintes acoustiques. J’ai donc branché toutes les sources qui me divertissent habituellement : TV, lecteur de disques compacts, lecteur de DVD, radio, tout, afin de bien vivre avec cet intégré IN100 d’Atoll pendant quelques semaines, pour ensuite pouvoir vous en parler correctement.

L’écoute
Pour faire une étude comparative intéressante et pour pouvoir proposer au lecteur un test de qualité, je me suis servi des mêmes supports musicaux que pour l’analyse de l’intégré IN30. Bien évidement, j’ai aussi parcouru d’autres œuvres musicales, des DVD de musique, des concerts, etc., mais le compte-rendu d’écoute a utilisé les 4 titres qui apparaissent en fin d’article. Dès les premières notes et équipé de mes enceintes habituelles, il faut être complètement sourd pour ne pas faire de différence immédiate entre un intégré à transistors bipolaires et un autre à transistors Mosfet (comme notre Atoll IN100 d’aujourd’hui) ! Sans passer des heures à comparer, je peux dire pour vous résumer et pour signaler ce qu’il y a de plus flagrant, que les graves seront plus ronds avec des transistors bipolaires alors qu’ils seront plus secs avec des Mosfet ; je ne parle pas ici de qualité de graves mais bien de différences subjectives notables entre les deux technologies. En ce qui concerne la partie médiane, là où sont les informations musicales principales, la différence sera immédiatement perceptible aussi et je donnerais une longueur d’avance aux Mosfets, même si c’est un point de vue qu’on peut considérer comme personnel. Que ce soit pour la Messe Solennelle de Beethoven, de la basse électrique de Marcus Miller, des harmonies vocales du groupe Chic Gamine ou de Duoud en musique du monde, la différence est instantanément perceptible avec l’IN100 d’Atoll : j’ai vraiment changé d’intégré dans mon système habituel !

Entrons dans les détails
Parlons des genres de musiques proposées avec un orchestre classique pour débuter, une œuvre compressée généreusement, ensuite des voix féminines pour la précision dans le registre médium et terminons avec un instrument qui n’est pas si facile que ça à bien reproduire, le oud. Et parlons de ce que nous ressentons.

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Dès les premières minutes de l’œuvre de Beethoven, on sent l’équilibre de l’IN100 d’Atoll, pas de mise en avant, pas de dominante, pas de scène fuyante ou lointaine. Le son est à sa place, riche, immédiatement agréable et il remplit ma salle sans débordement vers l’avant, pas de projection vers l’auditeur. Les cœurs sont bien placés dans ma pièce, avec une profondeur respectable. Dans le Kyrie, les voix, nombreuses, sont bien portées par la musique, sans dépassement et on sent bien les différentes positions qu’occupent les cœurs. Même si l’album de Marcus Miller est admirablement enregistré, en étant pourtant très compressé, le plaisir sera décuplé par un système sonore de qualité qui va, malgré l’épreuve, décortiquer chaque musicien, comme c’est le cas avec l’IN100 d’Atoll. Les cœurs, la trompette et la basse électrique sont parfaitement à l’unisson, surtout dans la pièce Boomerang. Pour Chic Gamine, Sunny Sunday c’est le choix idéal pour la difficulté dans la simplicité, une unique voix et une percussion omniprésente, avec un effet chorale qui progresse petit à petit. Si l’IN100 d’Atoll restitue correctement les émotions, il est assez redoutable pour sa dynamique et sa scène sonore parfaitement juste. Une prestation bien exécutée par l’intégré, pour cet ensemble de quatre chanteuses manitobaines, accompagnées par un percussionniste québécois. C’est avec un certain brio que l’Atoll découvre mon disque compact Duoud. Il faut dire que l’exercice est audacieux pour un intégré car les musiciens sont en pleine forme ; ils sont d’ailleurs comme si vous assistiez à leur spectacle car c’est comme cela que l’ingénieur du son Philippe Tessier du Cros les capte sur ses enregistrements. C’est aussi cette personne qui est derrière Hadouk Trio, Angélique Ionatos et d’autres enregistrements de qualité. Tout est capté de manière très vivante, toujours, si bien qu’on ne sait jamais si la prestation est en public ou en studio ; seuls les applaudissements en fin de morceau vous apporteront la réponse.

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La dynamique de l’IN100 d’Atoll est parfaitement au niveau souhaité et les protagonistes facilement décelables dans la salle. Le disque compact Duoud impressionne par son réalisme : l’intégré Atoll aussi. C’est également dans les jeux subtils du oud, dans les effleurements légers et les percussions répétitives, dans le chant de l’artiste invitée selon les plages choisies, que l’on se rend compte de la qualité musicale qui nous est servie, mais surtout du comportement admirable de l’intégré IN100 d’Atoll, qui est d’une polyvalence musicale rare — et en matière de polyvalence, je m’y connais ! La puissance disponible de 100 w/canal vous assure d’une très bonne dynamique et d’une réserve largement suffisante quelle que soit la situation ; j’ai même eu l’impression parfois d’être en présence d’un intégré plus puissant que ne le laissaient supposer les caractéristiques du manufacturier.

Conclusions
L’IN100 d’Atoll est pour moi une totale réussite, c’est un appareil d’un rapport qualité-prix exceptionnel. L’audio, surtout aujourd’hui, brille d’abord par son apparence plus que par sa qualité. Loin de moi l’idée de dire qu’Atoll est décevant esthétiquement, mais ses produits audio s’adressent plus à ceux qui veulent écouter de la musique et des films, sans obligatoirement en imposer du regard avec leurs appareils. C’est à mon avis comme ça que se gère l’entreprise Atoll, c’est du moins comme ça que je la devine, et qu’elle nous fait partager sa vision et son désir de nous servir musicalement le mieux possible, avec des produits simples mais très performants. C’est donc avec bonheur que je salue encore une fois l’appareil qui nous est proposé ici et que je viens de vous décrire.

Ceux qui en feront l’écoute comprendront très vite mon emballement et mes bons mots pour cette compagnie qui a tout mon respect. Il n’est plus besoin de démontrer qu’on peut faire très bien et de prix raisonnable quand on s’en donne la peine et qu’on ne veut pas nécessairement « profiter » de la situation de certains gens pour s’enrichir à outrance. Par contre, il ne faut pas se fermer les yeux non plus et certaines évolutions et réalisations ont été parfois rendues possibles dans l’industrie grâce à des coûts de production moindres, dans certains pays (pas seulement dans l’audio). Mais si cette économie conséquente ne se répercute pas réellement sur les prix des appareils qui nous sont proposés, nous ne serons pas dans la chaîne pour en profiter. Saluons l’initiative d’Audio d’Occasion, qui agit en tant que distributeur canadien des créations d’Atoll, et qui démontre à beaucoup qu’un amateur de musique peut s’équiper d’un système audio d’excellente qualité, d’excellente fiabilité et d’une esthétique simple et classique, sans participer au snobisme qui consiste à dire « c’est cher, donc c’est forcément bon ». Bravo à tous ces protagonistes — manufacturiers, distributeurs et lieux d’écoute — qui nous font profiter de certaines réalisations sans nous ruiner et qui nous font donc apprécier plus facilement toutes les musiques mises à notre disposition aujourd’hui.

RENSEIGNEMENTS GÉNÉRAUX
Atoll IN100
Prix 
: 1 449 $
Garantie : 3 ans, pièces et main-d’oeuvre

Distributeur : Atoll Canada,
Tél. : 438.380.8906,
http://www.atoll-electronique.ca
www.atoll-electronique.com

Médiagraphie
L.V. Beethoven,
Missa Solemnis,
Philippe Herreweghe, HMX 2901557
Marcus Miller, M², Telarc, CD-83534
Chic Gamine, Chic Gamine, Select, CGO428
Duoud, Ping Pong, World Village,WVF 479025