<!--:fr-->Axiom par Archive<!--:-->

Titre: Axiom
Archive
2014
Warner Music

Prolifiques en diable (entres albums, live EP et compilations), les britanniques d’Archive ne laissent décidément pas refroidir leurs fourneaux musicaux. Ils nous livrent en effet aujourd’hui, dans la foulée de « With Us Until You’re Dead » (2012), un dixième opus studio en maintenant dix huit ans d’une carrière bien remplie et sans gros faux pas. Le groupe de Darius Keeler (claviers) et Danny Griffiths (synthés, effets, samples et basse) signe, avec « Axiom« , une nouvelle œuvre fusionnant brillamment rock mélodique, sonorités ambient et trip hop originel de Bristol. Apparemment désireux, et ce à juste titre, de capitaliser les critiques louangeuses ayant salué ses albums précédents (exception faite de la pathétique bande originale de « Michel Vaillant« , pondue à la va-vite en 2003), le combo nous sert ici un menu digital fort habilement agencé et à l’inspiration constante. Au fil de sept morceaux oniriques à souhait et sertis de bruitage inspirés (l’epic éponyme et son énorme introduction « dronisante » !), sa musique se rapproche curieusement des meilleures productions « post-prog » actuelles qui font la renommée du référentiel label Kscope. Il est pourtant utile de rappeler que notre protéiforme groupe britannique n’a rien à voir avec le courant progressif (même dans sa frange la plus « moderne« ), si ce n’est qu’il a été fortement influencé par la musique de Pink Floyd, comme une pléiades d’artistes œuvrant dans des univers musicaux radicalement différents (The Orb, Air ou RPWL, pour ne citer en vrac que ceux là, ne proposent en effet pas tout à fait la même came).

Concernant cette nouvelle cuvée, autant dire que le talent est bel et bien là et qu’il ne date pas d’hier. Si vous étiez en vacances prolongées sur la face cachée de la lune en 2002, réécoutez en effet à tout prix, pour vous en convaincre, l’indépassable « You All Look The Same To Me » accouché la même année. Indépassable ? Pas pour tout le monde puisque le collectif londonien présente « Axiom » comme son projet le plus ambitieux et abouti à ce jour. Il s’agit là d’un concept album conçu comme la bande originale d’un court métrage hyper-stylisé de quarante minutes (disponible en DVD sur la première édition de l’œuvre mise en vente), sorte de fiction orwellienne sombre et désenchantée qui relate l’histoire d’une citée sous-terraine située sur l’île imaginaire d’Axiom. Le tintement d’une étrange cloche (vous l’entendrez dans le disque !) y scelle le destin de ses habitants dissidents.

A la manière d’un récit allégorique, le propos du film condamne clairement la mécanique folle de notre monde moderne et ses dérives totalitaires, tout en tentant de « magnifier », par l’image et la musique, ce chaos dans lequel s’enlise l’humanité. On peut affirmer sans exagération aucune que la formation a réussi son pari haut la main. Les envolées electro-symphoniques de ce nouveau CD sont de fort belle facture (le très émotionnel titre d’ouverture « Distorded Angels« ) et nous nous retrouvons d’emblée plongés dans un pur voyage cinématique au long cours, avec cette constante alternance de climats lumineux et d’ambiances brumeuses qui n’invitent guère à l’optimisme. De ballades intenses mâtinées de trip hop (« Transmission Data Terminate » et « Baptism« , aux parties vocales écorchées vives quoi qu’un peu répétitives) en nappes de synthés vaporeuses (« The Noise Of Flame Crashing« ), Archive s’y entend à merveille pour tisser des atmosphères mystérieuses et contrastées de toute beauté.

Au-delà de l’extrême diversité des rythmes et des mélodies, il émane de cet opus une mélancolie subtile et contemplative qui place d’emblée cet opus majestueux tout en haut de la discographie du combo. Une bien jolie surprise que ce diamant noir pour le moins inespéré, à écouter en regardant le film (l’alchimie est parfaite !) puis sans images afin de faire de cet « Axiom » le scénario de vos propres méditations.

Bertrand Pourcheron & Philippe Vallin (8,5/10)

http://archiveofficial.com/